Vous aimez votre Hard-Rock basique, simple, sauvage, sans lettrines de six pouces de haut ni angelots, sans concept ni gimmick autre que le talent pur ? Vous n’aimez pas les astuces marketing, les masques, les ambitions en plastique censées révolutionner le monde de la musique, et plus simplement, une musique qui sort des tripes, jouée par des musiciens chevronnés et passionnés, qui ont compris depuis longtemps que tout a été dit en matière de Rock n’Roll depuis les RAMONES ?
Alors, soyez heureux disciples de l’Australie, des Etats-Unis et de l’Angleterre, les danois de JUNKYARD DRIVE reviennent avec un nouvel album qui sort ses griffes, et déchire le rideau de fumée de l’esbroufe stérile.
Depuis Sin & Tonic, les JUNKYARD DRIVE n’ont qu’un seul crédo : jouer fort, bien, et laisser une trace d’euphorie persistante dans les mémoires. Aujourd’hui rodés à l’exercice de la distorsion cathartique, les quatre marsouins connaissent parfaitement le sens du mot « professionnalisme », mais n’en ont pas pour autant laissé leur énergie juvénile au placard. Après tout, on ne chante pas un truc aussi nerveux que « Mr. Rock N’ Roll » sans y croire comme au Père Noël. Sauf que le Mr Rock n’Roll en question existe bel et bien, puisqu’il est le parrain de cette formation depuis ses débuts.
Mighty Music est donc très fier de présenter ses poulains à la masse hardante internationale, et on comprend évidement le pourquoi de cette fierté en quatre mesures seulement. Celles qui introduisent le burner cramé « Let It Burn », binaire comme on en fait que trop rarement, obsédé par AC/DC, D.A.D, THE CULT, ROSE TATOO, et tous les fondus du bulbe qui un jour ont vendu leur âme au diable pour pondre le riff qui tue. Enregistré aux mythiques Medley Studios, produit par Soren Andersen (GLENN HUGHES, JESPER BINZER, ELECTRIC GUITARS), mixé et masterisé par Erik Martensson (ECLIPSE), Electric Love est un concentré pur jus d’électricité, les amplis bloqués sur onze et l’attitude dégoulinant de sueur.
Electric Love, ça rappelle méchamment deux albums du CULT, Electric et Love, mais ça rappelle aussi le savoir-faire danois en matière de Rock puissant et racé. Dix morceaux pour quarante-et-une minutes de musique, le timing est parfait, d’autant que l’œuvre déborde de hits comme seuls les musiciens du froid savent encore en composer. Et loin des délires synthétiques - voire Pop - de leurs contemporains suédois/danois, les JUNKYARD DRIVE nous entraînent loin des déchetteries du Rock, encombrées de carcasses de voiture trop tunées pour être honnêtes.
Cette casse elle, est remplie de ferraille, de guitares usées jusqu’à la corde de mi aigu, de jeans élimés, et de tas de passion pour le Hard le plus direct et honnête qui soit. Un Hard fasciné par son propre rythme binaire et ses refrains anthémiques, qui sait rester campé sur des positions creusées par les frangins Young dans les seventies (« Electric Love »). Kris (chant), Oliver Hartmann (guitare), Sjus (basse) et Claus (batterie) se connaissent assez bien maintenant pour savoir ce qu’ils veulent, et cette façon de recréer les années major de D.A.D dégage un mimétisme certes assez flagrant, mais touchant.
Alors, le Rock, on le joue stable et solide, mais aussi boogie et torride. Et lorsque le riff concentrique de « Home » résonne, lorsque les percussions tonnent, on se sent effectivement comme à la maison, ce bordel rempli de sons à fond, de whiskey de contrebande, et de mecs attifés comme l’as de pique qui cherchent dans une chambre au parfum enivrant de tabac froid la Gibson SG de leurs rêves. Les JUNKYARD DRIVE nous montrent donc le faste de la scène, mais aussi la réalité des backstages, abandonnés par les groupies depuis longtemps. Le béton, l’essence, la fatigue, mais aussi l’envie, l’adrénaline des concerts, et ce rêve futile de ne pas vieillir plus qu’on ne le devrait.
Mais qui dit Rock ne dit pas forcément bourrins qui ne connaissent qu’un seul quatrain. A la manière des peuplades musicales du Nord, les JUNKYARD DRIVE savent aussi nuancer pour séduire un public moins porté sur les Marshall à fond, et des morceaux comme « Let Me Love You » et ses effluves Country, ou le sublime et évolutif en crescendo « The Wonderland Of Temptations » démontrent que la chair est faible, et que les sentiments percent le cuir.
Il est toujours difficile de composer un album de pur Hard Rock sans tomber dans la paraphrase gênante ou céder à la faiblesse du pilotage automatique. Mais les danois évitent tous les pièges en se servant de tous les dogmes de leur religion, se rappelant même des astuces de la Californie laquée des années 80 sur le torride « Mind Eraser ».
Sans aller jusqu’à parler de perfection, mais en y faisant allusion, Electric Love n’est rien de moins que la traduction musicale de son propre titre. Un amour infini pour l’électricité, qu’elle soit triphasée par les pompages sudistes (« Mama »), ou alourdie à la mode ZEP (« Free Your Mind »).
On pourrait résumer cette expérience par une simple expression : le panard. Car tout commence et finit par ça, prendre son pied sans se poser de questions, mais sans passer pour un con. Car si les JUNKYARD DRIVE flattent nos instincts les plus basiques, ils ne nous prennent pas pour des demeurés avec une musique facile et téléphonée. Le feeling est là, la passion, et roule ma poule, sur l’autoroute de l’enfer.
Titres de l’album :
01. Let It Burn
02. Electric Love
03. Mr. Rock N’ Roll
04. Home
05. Let Me Love You
06. Tomorrow I Will Be Gone
07. Mind Eraser
08. The Wonderland Of Temptations
09. Mama
10. Free Your Mind
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