1929. Perdu dans le gigantisme des mégalopoles Américaines, RUFUS BELLEFLEUR, le fantôme du bayou, erre dans les rues grouillantes de vie, écrit son film Hollywoodien intime, tout en composant son troisième album, Electricity for the Coliseum.
La naissante General Electric lui fournit toute l'énergie nécessaire pour assouvir ses fantasmes de rock-star du Krach boursier, préparer l'ascension de monstres géants sur l'Empire State Building, et accompagner le vacarme des chaînes de montage qui émergent de terre. Le son crasseux de la cigar-box guitar rencontre un hip-hop période prohibition, et distille un grunge de contrebande propre à enivrer les gangsters terrés au cœur des bas-fonds, jusqu'aux stars lointaines, cachées sur les collines d'Hollywood. C'est donc en pleine grande dépression que RUFUS BELLEFLEUR et son gang débarquent pour écouler leur StoneR'n'B, cet élixir unique, propre à réveiller les morts, comme à hanter les vivants.
D’ordinaire, je ne reproduis pas les textes promotionnels, d’une parce que ça fait un peu remplissage de feignasse, et de deux, ça sert souvent à masquer un manque de créativité du côté musical. Mais dès lors que cette deuxième option devient caduque, pourquoi se priver, puisqu’en sus, ça me fait gagner quelques lignes ? Et puis, dans ce cas précis, laïus ou pas, les amateurs continueront d’amater, et les fans ne s’arrêteront pas de faner. Oui, nous parlons bien de RUFUS BELLEFLEUR au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, et de ce nouvel album haut en noir et blanc, qui une fois encore, nous plonge dans un univers personnel dont on ne s’extrait que très difficilement. Alors, je ne vais pas faire mon malin, puisque la musique se suffit à elle-même, et je ne tomberai pas dans le panégyrique excessif, en essayant de coller au plus près de ce que je viens d’entendre. Ou de ce que je crois avoir entendu. Parce qu’avec ceux-là, la prose post coïtale n’est jamais facile, tout comme écrire avec le souffle coupé et l’esprit embrumé. Metal addicts, fuyez, ici, c’est l’ouverture qui règne, et surtout, la versatilité, puisque le gang n’a aucunement renoncé à son métissage, et pioche toujours dans n’importe quel style de quoi faire usiner son imagination. Enregistré at home, une fois encore, Electricity For The Coliseum est un moyen métrage pour les oreilles, qui n’auront de cesse de vous remercier pour ce cadeau passionné. En choisissant de financer via KissKiss son nouvel effort, les comédiens/musiciens ont pris le pari de laisser les fans régler une partie de l’ardoise, dans un marché tout sauf de dupes qui leur permet de proposer l’un des LP les plus surprenants de cet automne, sans se situer dans un créneau particulier. Alors parlons-en justement, et pas en mal, forcément.
RUFUS BELLEFLEUR pour les étourdis en villégiature à l’étranger pour cinq années sabbatiques, c’est le projet annexe de deux figures bien connues de la scène du sud. Julien Cassarino (PSYKUP, MANIMAL) et Yuz (FLIGHT CASE, ERBIUM...), désireux de défricher encore plus de terrain en dehors de leurs groupes officiels respectifs ont donc lancé ce concept, vite rejoints par une équipe hétéroclite, composée de Laurent Bechad (ZOMBIE EATERS, Marcellusrex), Bérangere Sentex (FANEL) et Caroline Petriz, qui aujourd’hui atteint un stade de maturité impressionnant, à tel point que les idées bourgeonnent dans la pièce lorsque vous jouez leur disque…Toujours incapable de trancher entre Rock, Pop, Hip-Hop, Metal alternatif et tout ce qui s’ensuit, le gang donne corps à des chansons complètent folles et affranchies de toute contrainte, qui s’inspirent tout autant du Dixieland, que de l’Americana, de la tradition street du Rap, ou de la rigueur d’un Electronic Rock plutôt souple au demeurant, dans une tentative brillante de s’extirper d’un marasme créatif ambiant les collant de trop près à la réalité. Celle des faits, c’est celle de cet Electricity for the Coliseum, qui reprend les choses beaucoup plus loin que Temples, Idols And Broken Bones ne les avaient laissées, et qui se veut prolongement dans la différence, et rencontre improbable entre RUN DMC, FAITH NO MORE, MALEMORT, CARNIVAL IN COAL, les BACKSTREET BOYS, FUN LOVIN CRIMINALS, DEXY’S MIDNIGHT RUNNERS et même SIN pourquoi pas, quand le tempo se mousse pour n’amasser pas rousse. L’affaire sent-elle le roussi et l’assemblage ne tient-il que par un fil d’Ariane un peu trop fin pour lier le tout à son propre destin ? Que nenni, tout semble couler de source, comme celle des alambics qui tournaient à fond lors de la prohibition, et l’alcool musical servi par cette troupe de bars interlopes est du genre plutôt traître, qui coule en bouche mais qui enflamme les sens. Je vous laisserai de vous-même découvrir l’histoire que les troubadours nous ont concoctée, mais elle vaut le détour, et les tours de force et de magie accomplis pour lui donner corps. Sachez simplement que si la pochette est superbe, ce qu’elle cache l’est tout autant.
Je l’avoue, j’ai toujours été salement admiratif de ces artistes capables d’enregistrer de tels albums juste pour le fun. C’est très révélateur de qualités indéniables, mais aussi d’une générosité qui les pousse à partager leurs meilleures idées avec nous, sans tenter de nous refourguer des b-sides que même Michael Kiske refuserait avec mépris. Et si le potentiel de Julien et Yuz a déjà été largement entrevu lors de démonstrations antérieures, il atteint ici un point de maturation incroyable, qui laisse pantois, au fur et à mesure de ce déroulé qui nous entraîne sur la piste de personnages pas si imaginaires que ça…La folie s’impose, mais ne dénature pas des compositions solides, qui s’écoutent et s’apprécient en tant que telles, à l’image de « Iron Snake », qu’on aurait pu dénicher sur une collaboration cachée entre MARILYN MANSON et MORPHINE, avec cette distorsion grasse comme un jambon, et ce phrasé malicieux et presque enterré dans le mix. L’apport des voix féminines, bien loin de remplir le rôle de simple caution de charme, apporte une note de fraîcheur à l’ensemble, même si Caroline et Bérangère ne se font pas prier pour jouer de la moue harmonisée. Alors, on suit les pérégrinations de RUFUS dans les dédales d’une ville d’imagination, lui qui se heurte à des percussions sauvages et électriques, forcément (« Great Is My Depression »), ou à des rencontres fortuites avec des légendes à honorer de suite et de fuite (« The Exorcism of Danny De Vito », sorte de Ragga Indus Electro sans complexe). Parfois, l’ambiance prime et les dérives s’impriment, autour d’un tract Electro-Pop lâché sur le trottoir (« Wrong Direction », si les RED HOT étaient moins vieux et moins cons), et de temps à autres, c’est l’action qui déprime et qui se lance dans une valse sans hésitation entre Rap, Hardcore et Rock qui met tout le monde d’accord (« Ghost Criminal », les URBAN DANCE SQUAD et CONSOLIDATED taillent le bout de gras pour savoir qui a le plus de cicatrices sur les bras).
Final euphorique en usine à lumière qui turbine dans la nuit («In Between Two Wars »), pour un seul constat qui se pose sur la table et impose le résultat, Electricity For The Coliseum est un gigantesque chaudron dans lequel des magiciens ont versé des potions pour doser un filtre d’amour qui vous fera succomber chacun votre tour. Un album en séduction libre majeure, qui ne propose que le meilleur, pour vous extirper du pire d’une normalité qui fait fuir. Aucun respect pour les codes, et la cravate de travers, RUFUS BELLEFLEUR se repointe la bouche en cœur pour nous vendre ses salades, qu’on assaisonne d’une bonne rasade de grosse humeur, ou l’inverse, et qui nous fouette de ses accents libérateurs. Auriez-vous préféré une situation plus claire ?
Il ne fallait pas faire confiance à une équipe de monte-en-l’air de l’inspiration qui ne cherchent que le hold-up parfait de vos aspirations…
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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