Le temps des questions est revenu avec le soleil. Alors posons les bases. Est-ce que parce que, que l’on ? Doit-on sans pour autant être ? Même en sachant que, ne pouvons-nous ?
Autant d’interrogations légitimes se posant suite à la parution du dernier album des virginiens de MUNICIPAL WASTE, qui depuis vingt ans nous assènent le même message à base de Thrash crossoveré. Les comparaisons ont toutes déjà été faites, les noms des influences citées, alors on ne va pas recommencer pour le plaisir de gagner quelques lignes. Cinq ans après le déjà miraculeux Slime and Punishment, Ryan Waste (guitare), Tony Foresta (chant), Land Phil (basse), Dave White (batterie) et Nick Poulos (guitare) nous en reviennent avec le sac US chargé de nouvelles bombes à eau à balancer sur les chalands passant sous le mauvais balcon. Nous étions évidemment assoiffés après cette longue attente, même si l’apéro servi par le EP The Last Rager nous avait légèrement humidifiés il y a trois ans, et les cinq brasseurs savaient qu’il fallait frapper un grand coup pour nous rappeler les moments de joie intense que furent The Art of Partying, Hazardous Mutation et Waste ‘Em All.
MUNICIPAL WASTE, l’AOC de compète, ose donc avec son septième album la synthèse parfaite, sans être dupe sur sa position ou bien ses ambitions. Le groupe déclare à qui veut bien le lire qu’il ne composera jamais de ballade pour vendre du disque (mais en serait-il capable ?), et qu’il s’accrochera toujours à cette espèce de hardcorepunkmetal qui reste sa marque de fabrique. Et produit par la référence Arthur Rizk (POWER TRIP, CODE ORANGE) à Philly, Electrified Brain décoiffe évidemment sévère, louche vers le meilleur du crossover, multiplie les clins d’œil aux légendes, et se montre aussi exubérant que ses six frères ainés.
Pochette magique signée James Bousema, son gigantesque, dès les premières secondes, MUNICIPAL WASTE retrouve sa place sur le trône de la déchetterie atomique, et nous explose les esgourdes sans nous fournir de pastille d’iode. Evidemment truffé de riffs mosh, de plans rebondissant, et de phrasé vocal damné et teigneux, ce septième du nom se classe immédiatement dans le clan des meilleures réalisations du quintet. Entre mid malin et fast chafouin, Electrified Brain vous branche les neurones sur la gégène pour vous transformer en zombie Thrash et trash, mais trop heureux d’obéir à une mission essentielle pour l’humanité : propager la bonne parole d’un Crossover de génie, joué par de véritables amoureux du genre.
Comme d’habitude, plein de morceaux, tous courts, certains très, une seule incursion au-delà des trois minutes, pour une gigantesque claque éclair que l’on encaisse avec le sourire. Les idées sont classiques, évidemment, mais les trouvailles sont toujours aussi jouissives. On frise même le génie absolu à l’occasion de l’incroyable « Blood Vessel / Boat Jail », qui renvoie le cher « Last Caress/Green Hell » dans les limbes de la politesse Metal, en fricotant méchamment avec le Thrashcore après avoir aplati un lick totalement addictif. Mais si cette surprise en est une belle, elle n’est pas un cas isolé, et loin de là.
On sent bien sur des odeurs du bandana de Mike Muir sur l’atomique et très Venice « Crank the Heat » et l’introductif et roublard « Electrified Brain », on déniche de ci de là une ou deux mélodies piquées à MAIDEN (« Demoralizer »), mais on baisse vite la garde face à ce débordement d’enthousiasme qui est clairement inscrit dans l’ADN du groupe depuis sa naissance. En jouant très finement avec la vitesse de croisière, le quintet accentue cette sensation de vertige de manège en folie, comme si Castor et Pollux étaient montés sur le bateau pirate après avoir déréglé la cadence de balancement. Du coup, ce grand-huit des sens produit l’effet voulu, et les tours par minute enivrent et décoiffent, via l’incroyable « Ten Cent Beer Night » (qui se permet même de railler les SCORPIONS sur un final très S.O.D), ou le radical mais hilare « Putting on Errors ».
MUNICIPAL WASTE c’est chouette, c’est la fête, ça pète, et on est tous content de retrouver ce groupe si attachant au sommet de sa forme. La voix de belette enragée de Tony Foresta n’a pas pris une ride, les chœurs semblent toujours avoir été fauchés dans les poches d’AGNOSTIC FRONT, les accélérations Noisy rendent leurs lettres de noblesses à toute la génération Thrashcore des CRYPTIC SLAUGHTER, et on termine l’écoute totalement possédé et galvanisé par une décharge de triphasé en plein cœur.
Electrified Brain, bien que produit calibré old-school titillant la corde sensible de la nostalgie la plus pure est une réussite absolue, un booster aux ingrédients naturels, et la visite guidée d’une centrale abandonnée et jonchée de déchets tous plus contaminant les uns que les autres. On marche dans du slime tout vert, on respire des émanations mortelles, sans combinaison, mais on s’en cogne. Même si Philadelphie n’est pas Pripiat, la ville laisse s’envoler des particules fines qui altèrent les sens, et laisse surtout MUNICIPAL WASTE ruiner les esgourdes de ses citoyens en toute impunité.
Alors, oui. Puisque, alors nous aussi.
Titres de l’album :
01. Electrified Brain
02. Demoralizer
03. Last Crawl
04. Grave Dive
05. The Bite
06. High Speed Steel
07. Thermonuclear Protection
08. Blood Vessel / Boat Jail
09. Crank the Heat
10. Restless and Wicked
11. Ten Cent Beer Night
12. Barreled Rage
13. Putting on Errors
14. Paranormal Janitor
Un de leur tout meilleur album.
(Le meilleur ?)
Et effectivement, pochette géniale (qui me fait foutrement penser à un vieux t-shirt de LAST DAYS OF HUMANITY que je possédais il y a une vingtaine d'année...).
Je trouve la pochette horrible.
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