Voilà un disque qui me ramène dans le passé. En septembre dernier pour être plus précis, lorsque j’avais assisté, impuissant, à la performance méchante et puissante des groupes présents au Spread of Rage. J’avais ce jour-là encaissé l’équivalent d’un tremblement de terre échelle 7, et mon organisme a mis des semaines à s’en remettre. Douleurs cervicales, lombaires, acouphènes persistants, et pourtant, le plaisir du souvenir n’a jamais cédé face à la pression de la douleur ressentie. C’est ça le petit miracle du Hardcore, qui vous redonne de l’énergie même quand votre réservoir est vide.
Et quel meilleur représentant du style que nos frenchies d’EXPLICIT SILENCE. Amusant de baptiser son groupe d’un tel nom lorsqu’on vante les mérites d’un barouf pareil, mais après tout, le silence peut lui aussi être assourdissant. Ces quatre musiciens (Rudy - batterie, Bruce - guitares, Aurélien - chant et Ben - basse) ne sont pas vraiment des bleus, puisqu’ils trainent leur violence depuis deux décennies, avec cinq longue-durée dans le buffet, dont ce petit dernier Embers of an Undying Flame. Largement de quoi s’intéresser à eux, et de leur consacrer ces lignes pour célébrer le retour en fanfare d’un de nos fils prodigues sur la scène européenne.
Comme un pitbull tournant dans sa cage, attendant d’être libéré pour croquer (vous, le facteur, la voisine, le chat), EXPLICIT SILENCE passe en revue tout ce qui fait le charme viscéral de ce Hardcore fortement métallisé, qui emprunte ses tics à de nombreux sous-genres pas encore totalement usés. On trouve des éléments de Death Metal, de Grind dans ces morceaux teigneux à souhait, mais la violence, aussi pure soit-elle, n’est rien sans une bonne part d’intelligence. Et ces mecs n’en manquent pas.
Pour être plus précis, une intelligence de construction. Le tort majeur que l’on peut pointer du doigt chez la majorité des orchestres du cru, est qu’ils se contentent souvent de chauffer les mêmes riffs à blanc, laissant leur chanteur expulser ses poumons sur le col du studio. Ici, la bestialité est calibrée, mesurée, et le quatuor a parfois de faux-airs d’un SLAYER Hardcore (« Disruption » et son riff typique de la paire King/Hanneman). Des arguments plus que positifs donc, pour un cinquième album court, juste au-dessus de la barre des trente minutes, mais d’une intensité rare.
Ce qui l’est encore plus, c’est cette façon d’éviter le ventre mou en rentrant les abdos à mi-parcours. Avec une bombe aussi efficace que « Lies of Ignorance », nos amis du jour admirent leurs muscles musicaux avec une fierté non feinte et totalement justifiée, en s’appuyant sur la persuasion d’un batteur fou qui multiplie les fills comme AGNOSTIC FRONT les pains dans la tronche.
Violence, harangues, finesse, et absence de maladresse. On croirait parfois écouter un groupe new-yorkais en villégiature lilloise, profitant du changement de décor pour convertir de nouveaux fidèles, prêts à le suivre jusqu’en enfer.
Epaissi d’une production bien crémeuse et pourtant pauvre en lipides, Embers of an Undying Flame a saisi le steak bleu d’un côté, et grillé de l’autre. Le meilleur des deux mondes, pour un presque Thrashcore enflammé et déchaîné, qui accepte les emballements de tempo et même quelques blasts quand il fait très chaud. « A Life to Suffer », « Die », « New Reborn » triplette magique d’une entame tragique se met au diapason des évènements mondiaux, et déclare la guerre à la passivité et la complaisance.
Evidemment, le côté breakdown est assez prévisible, mais ce dosage entre street Core et Metal fort est si parfait qu’on se laisse balayer par la tempête. Une tempête qui ne s’excusera pas de ses dégâts, et qui ne fera pas profil bas une fois les habitations réduites en poussière (« No Repentance »). Quelques allusions au Crust le plus anglophone (« Fake »), des glissements thrashy qui corsent comme du pili-pili (« Social Enslavement »), et un final encore plus Metal que la calvitie de Cronos (« Revenge »), le bilan est lourd, mais les victimes heureuses.
Une guerre menée contre la facilité, et une puissance assourdissante qu’on pressent déjà meurtrière en concert. Les EXPLICIT SILENCE tapent un grand coup sur la table, et refusent toute négociation. C’est comme ça et pas autrement, et celui qui ment se retrouve en enfer. Qui est déjà sur terre, ce qui règle tous les problèmes. On peut jouer le Hardcore, ou le vivre. Ces mecs-là le portent en eux depuis la naissance, et en incarnent la quintessence.
N’y a-t-il que la guerre pour tuer le silence ?
Titres de l’album:
01. A Life to Suffer
02. Die
03. New Reborn
04. Edge
05. Disruption
06. Lies of Ignorance
07. No Repentance
08. Fake
09. Social Enslavement
10. Revenge
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41