Embers of an Undying Flame

Explicit Silence

04/10/2024

Autoproduction

Voilà un disque qui me ramène dans le passé. En septembre dernier pour être plus précis, lorsque j’avais assisté, impuissant, à la performance méchante et puissante des groupes présents au Spread of Rage. J’avais ce jour-là encaissé l’équivalent d’un tremblement de terre échelle 7, et mon organisme a mis des semaines à s’en remettre. Douleurs cervicales, lombaires, acouphènes persistants, et pourtant, le plaisir du souvenir n’a jamais cédé face à la pression de la douleur ressentie. C’est ça le petit miracle du Hardcore, qui vous redonne de l’énergie même quand votre réservoir est vide.

Et quel meilleur représentant du style que nos frenchies d’EXPLICIT SILENCE. Amusant de baptiser son groupe d’un tel nom lorsqu’on vante les mérites d’un barouf pareil, mais après tout, le silence peut lui aussi être assourdissant. Ces quatre musiciens (Rudy - batterie, Bruce - guitares, Aurélien - chant et Ben - basse) ne sont pas vraiment des bleus, puisqu’ils trainent leur violence depuis deux décennies, avec cinq longue-durée dans le buffet, dont ce petit dernier Embers of an Undying Flame. Largement de quoi s’intéresser à eux, et de leur consacrer ces lignes pour célébrer le retour en fanfare d’un de nos fils prodigues sur la scène européenne.

Comme un pitbull tournant dans sa cage, attendant d’être libéré pour croquer (vous, le facteur, la voisine, le chat), EXPLICIT SILENCE passe en revue tout ce qui fait le charme viscéral de ce Hardcore fortement métallisé, qui emprunte ses tics à de nombreux sous-genres pas encore totalement usés. On trouve des éléments de Death Metal, de Grind dans ces morceaux teigneux à souhait, mais la violence, aussi pure soit-elle, n’est rien sans une bonne part d’intelligence. Et ces mecs n’en manquent pas.

Pour être plus précis, une intelligence de construction. Le tort majeur que l’on peut pointer du doigt chez la majorité des orchestres du cru, est qu’ils se contentent souvent de chauffer les mêmes riffs à blanc, laissant leur chanteur expulser ses poumons sur le col du studio. Ici, la bestialité est calibrée, mesurée, et le quatuor a parfois de faux-airs d’un SLAYER Hardcore (« Disruption » et son riff typique de la paire King/Hanneman). Des arguments plus que positifs donc, pour un cinquième album court, juste au-dessus de la barre des trente minutes, mais d’une intensité rare.

Ce qui l’est encore plus, c’est cette façon d’éviter le ventre mou en rentrant les abdos à mi-parcours. Avec une bombe aussi efficace que « Lies of Ignorance », nos amis du jour admirent leurs muscles musicaux avec une fierté non feinte et totalement justifiée, en s’appuyant sur la persuasion d’un batteur fou qui multiplie les fills comme AGNOSTIC FRONT les pains dans la tronche.

Violence, harangues, finesse, et absence de maladresse. On croirait parfois écouter un groupe new-yorkais en villégiature lilloise, profitant du changement de décor pour convertir de nouveaux fidèles, prêts à le suivre jusqu’en enfer.  

Epaissi d’une production bien crémeuse et pourtant pauvre en lipides, Embers of an Undying Flame a saisi le steak bleu d’un côté, et grillé de l’autre. Le meilleur des deux mondes, pour un presque Thrashcore enflammé et déchaîné, qui accepte les emballements de tempo et même quelques blasts quand il fait très chaud. « A Life to Suffer », « Die », « New Reborn » triplette magique d’une entame tragique se met au diapason des évènements mondiaux, et déclare la guerre à la passivité et la complaisance.

Evidemment, le côté breakdown est assez prévisible, mais ce dosage entre street Core et Metal fort est si parfait qu’on se laisse balayer par la tempête. Une tempête qui ne s’excusera pas de ses dégâts, et qui ne fera pas profil bas une fois les habitations réduites en poussière (« No Repentance »). Quelques allusions au Crust le plus anglophone (« Fake »), des glissements thrashy qui corsent comme du pili-pili (« Social Enslavement »), et un final encore plus Metal que la calvitie de Cronos (« Revenge »), le bilan est lourd, mais les victimes heureuses.

Une guerre menée contre la facilité, et une puissance assourdissante qu’on pressent déjà meurtrière en concert. Les EXPLICIT SILENCE tapent un grand coup sur la table, et refusent toute négociation. C’est comme ça et pas autrement, et celui qui ment se retrouve en enfer. Qui est déjà sur terre, ce qui règle tous les problèmes. On peut jouer le Hardcore, ou le vivre. Ces mecs-là le portent en eux depuis la naissance, et en incarnent la quintessence.

N’y a-t-il que la guerre pour tuer le silence ?                                                                                                                                                                                                      

Titres de l’album:

01. A Life to Suffer

02. Die

03. New Reborn

04. Edge

05. Disruption

06. Lies of Ignorance

07. No Repentance

08. Fake

09. Social Enslavement

10. Revenge


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par mortne2001 le 20/11/2024 à 12:30
82 %    422

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Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête. 

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