Y’a d’la GRRRMBA dans l’air. Le smoking bien d’enfer. Et moi, je vous suis dans cette galère, d’autant que ça n’en est pas vraiment une. Alors, puisque nous parlons de musiques extrêmes, réhabilitons ainsi les possibilités du Sludge de s’extirper de sa condition monolithique pour aller fricoter avec des courants tout aussi dangereux et pesants. Et lorsque le genre s’obscurcit de Doom vraiment maladif, de Death vomitif, et plus généralement, de tonalités discordantes et de soudaines embardées décoiffantes, le résultat peut-être bien plus qu’une somme de blanches accumulées à la caisse claire histoire d’assommer l’auditeur. Litanie de mort, certes, mais aussi enthousiasme pour une forme de musique assez poussée, et pas seulement des répétitions des itérations, des insistances et des longueurs, mais aussi de la créativité dans la méchanceté histoire d’asseoir une réputation, et de creuser un filon. Celui exploité par les hongrois de GRRRMBA vous démontre que votre vie, vous ne pouvez pas la faire, mais seulement en subir les aspects les plus désagréables, vous laissant toutefois une petite échappatoire brutale pour vous en sortir. Plus prosaïquement, ces deux musiciens originaires de Budapest, et ex-GOROMBA agitent l’underground depuis 2016 seulement, mais se montrent assez productifs, puisque cette secousse sismique qu’est Embodiment fait suite à un premier choc éponyme ressenti l’année dernière, et qui lui-même continuait le travail de sape entrepris par deux EP, Imminent en 2016 et Coalecence en 2017. Quatre réalisations dont deux longs en deux ans, on peut dire que les musiciens ont des choses à grogner, et ils ne se gênent pas pour le faire. Au menu de cette nouvelle cargaison d’électrochocs en forme de fin de non-recevoir mélodique, beaucoup de puissance, un minimum de nuances, mais aussi une véritable envie de mélanger les courants pour fabriquer un acide très corrosif, qui ronge les chairs tout en accentuant les réactions épidermiques.
De fait, Szakács Bence (chant/basse/guitare) et Liptai Gergely (batterie/guitare) nous proposent un voyage aux confins de la folie du supportable, et se posent en double jonction d’un Crossover échelle géante, utilisant les codes du Doom pour les assombrir de Black, les recettes du Sludge pour les insérer dans un contexte de Powerviolence light, et ainsi, concocter des morceaux dont l’intensité n’a d’égal que la malséance. Inutile de nier que quelques références pointent le bout de leur nez, dont les plus évidentes restent celles de PRIMITIVE MAN, de VERMIN WOMB, avec une pointe d’ENCOFFINATION sans les excès, et surtout, saupoudré d’un peu de vague Nola bien distillée, histoire d’apporter une touche un peu plus légère à des envolées funèbres que le CATHEDRAL de légende aurait pu faire siennes. En gros, un truc méchamment Heavy, mais aussi terriblement bien pensé, et surtout, un comble pour le créneau, développé pour sonner progressif en ne se contentant pas de répéter les mêmes thématiques ad nauseam. Dotés d’un son à détourner un ouragan, les hongrois passent sur vous et emportent tout de leurs fréquences basses secouantes, profitant d’un son de guitare vraiment énorme à filer des complexes à la vague sous-accordée Nu-Metal, bien timide à côté. Savamment distillé de monochromes que les FULL OF HELL apprécient dans leurs moments les plus dépressifs, les GRRRMBA osent l’excès sans l’exagération, et ne nous font pas passer des vestiges pour des lentes terres, n’utilisant l’oppression que comme moyen et non comme unique but. En gros, on souffre beaucoup à l’écoute de ces sept morceaux, qui malgré leur longueur se paient le luxe d’accumuler les idées, sans toutefois tomber dans une quelconque complexité.
Complexité non, mais complicité, oui. Et entre des riffs à faire trembler sur ses pieds d’argile un PRIMITIVE MAN qui en a vu pourtant d’autres, Embodiment est un concassage en règle, gras comme un cadavre obèse oublié dans un caniveau bouché, et grave comme une sentence de mort tombée à l’improviste. Si les fans de Doom pur et dur en seront pour leur frais, les accros au Sludge le plus maladif et concentré seront aux diables de tendre l’oreille sur des titres aussi larges et compacts que « For a Higher Purpose », érigeant les stridences et dissonances au rang d’art majeur de perturbation, et ralentissant la cadence avec précision pour rendre les débats encore plus claustrophobiques. Passés maîtres dans l’art de faire mal en faisant du bien, les hongrois jouent crânement leur carte, ou plutôt leurs cartes, en assemblant des motifs parfaitement logiques, pour nous mener de vie insipide à trépas rigide, sans pour autant oublier d’illustrer avec pertinence les pires tracas de l’existence. Ainsi, l’ouverture « Agony Through a Lifetime » décrit avec une acuité musicale sans pareille les diverses tortures du quotidien, from the cradle to the grave, en multipliant les cassures, les accélérations injustifiées et subites, sans pour autant perdre de vue le but originel. N’utiliser que les composantes les plus malsaines de chaque style pour en créer un presque nouveau, à cheval entre le nihilisme du BM, la misanthropie du Sludge et la douleur existentielle du Doom, et ainsi aboutir à un résultat vomitif, mais cathartique. Héros d’une vision des choses extrême et sans pitié, les GRRRMBA sonnent parfois plus lourd et emphatique que n’importe quel groupe de Sludge à tendance Core, spécialement sur le traumatique « To Deprive You of 21 Grams », qui appuie encore un peu plus sur le dernier clou du cercueil pour être certain que vous n’allez pas remonter par surprise.
Associant avec une vilénie sans équivalent la crudité d’un Black purement US et la résignation d’un Sludge/Doom à l’Européenne, le duo parvient toujours à rebondir d’une pensée impure à un désir mortifère, ce que démontre sans ambages le long et hypnotique « To Starve for Happiness is an Addiction to Misery », au titre aussi long que son effet n’est intense, alors même que quelques séquences à la lourdeur indéniable sont soudainement striées de hurlements lointains et d’arrangements souterrains. Plongée dans les entrailles de la douleur, ce second album fait honneur à son style de prédilection, sans en respecter les codes à la lettre. Et c’est sans doute pour cette raison, et ce désir d’évasion des préceptes les plus marteau-pilon (quand même suivis de près, soyons honnête), que l’on succombe aux plaisirs les moins charnels, d’autant plus que le tourbillon centrifuge se rétrécit comme un goulot arrivé à la moitié de l’album, pour finir par nous enfermer dans une bouteille, sorte de souvenir humain d’une humanité remise au lendemain (« Swallowed by the Whirl »). Et même si l’histoire se termine par une ultime outro Ambient, Dark mais mélodique (harmonie quand même légèrement psychotique et dérangée, soyons clair), l’ambiance générale dégagée par ce second longue-durée reste oppressante, crument violente, mais suffisamment inventive pour ne pas se présenter comme une impasse figée que le temps à encore oublié dans les limbes. Cruel, violent, asphyxiant même parfois, Embodiment est une déclaration de refus absolu d’un optimisme malvenu, qui ne s’enferme pas dans un carcan obtus, mais qui assume ses positions les plus crues.
Titres de l'album :
1.Agony Through a Lifetime
2.Out of Pure Malice
3.To Starve for Happiness is an Addiction to Misery
4.For a Higher Purpose
5.To Deprive You of 21 Grams
6.Swallowed by the Whirl
7.Embodiment
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