Toujours le même temps, pluvieux, froid et venteux, alors pour booster un peu l’énergie, j’ai mis une bonne dose de Thrash dans mon café. Du Thrash germain évidemment, puisque nos frères d’armes d’outre-Rhin sont quand même des spécialistes en la matière depuis les années 80. Cette fois-ci, l’exportation nous vient de Rostock, ville de Mecklembourg-Poméranie occidentale, et s’appuie sur des enseignements de torréfaction plutôt corsés pour nous enivrer, en cherchant les grains parfaits de l’ivraie made in 88/89, histoire de nous maintenir éveillé. Et Dieu sait si nous en avons besoin…2018 sera donc aussi Thrash que ne l’était 2017, 2016 et même 2015, puisque le mouvement n’a jamais été aussi vivant. Le groupe du jour existe donc sous sa forme actuelle depuis l’année dernière, mais a traîné ses baskets dans le business pendant une bonne dizaine d’années sous le nom d’AMBRACE, se contentant alors de deux démos, Metal From The Seaside I & II, publiées à trois ans d’intervalle. Leur nouveau patronyme d’INFECTED UNION semble leur avoir donné l’impulsion dont ils avaient besoin, puisqu’en l’espace de quelques mois, les allemands ont édité une première démo promo, avant d’enfin se lancer dans le grand bain du LP via cet initial Embrace The Beast, qui en effet, semble vouloir nous inciter à un gros câlin envers le malin, ce tordu cornu adepte des rythmiques franches et massives et des riffs saccadés à outrance. Rien de fondamentalement surprenant évidemment, mais une belle énergie Thrash à mettre en avant, et des qualités instrumentales patentes. Et dans le domaine du staccato servi chaud, c’est tout ce qu’on demande pour passer l’hiver sans y laisser notre peau accrochée au tricot.
INFECTED UNION, c’est un peu le Western Union du Thrash, une façon de toucher du cash sans passer par d’interminables intermédiaires, puisqu’ici, le crédo c’est « du producteur au consommateur », en évitant la case du sous-traitant. Formé autour des personnalités de Christoph (chant/guitare), Basti (basse), Enno (batterie), et Pillipp (guitare), le quatuor ne perd pas de temps à imposer ses vues, et après une courte intro qui met dans le bain, se jette à corps perdu dans la brutalité la plus compressée, histoire d’apporter à son classicisme le vent de fraîcheur dont il a besoin pour s’imposer. En s’appuyant sur une production pleine et suffisamment claire pour que nous puissions en saisir tous les détails de composition, Embrace The Beast est une étreinte diabolique qui nous replonge dans les plus grandes messes noires d’il y a trois décennies, sans pour autant singer les gestes des grands prêtres de la folie. On y trouve de quoi étancher sa soif de violence, mais que les fans de chaos passent leur chemin, ici, l’outrance se cache derrière le nombre d’idées à la minute, et non dans une tendance avouée ou non au bordel à peine organisé. Bien sûr, les influences sont légions, mais comme ce sont toujours les mêmes, il n’est pas très pertinent de les nommer, même si parfois quelques écarts de conduite nous poussent à nous interroger (« Downfall », long, lent, progressif, avec un break central mélodique un peu décalé qui nous éloigne des racines trop piétinées). Alors, du formalisme, mais aussi une adaptation aux standards modernes pour éviter le piège du sempiternel album de Thrash vintage qui pousse comme un champignon sur une tourbière de béton, et aussi pas mal d’harmonies pour contrebalancer des riffs vraiment tassés, parvenant ainsi à un équilibre que les DEATH ANGEL et TESTAMENT n’auraient pas renié (« Rust In War »).
Pas forcément germain dans son traitement des refrains, le Thrash des INFECTED UNION est redoutablement efficace, et se met en avant par ses qualités propres, et non par ses emprunts. Ces mêmes qualités sont notables dès l’intro fatale de « Respect Your Death », qui cavale up tempo d’un riff virevoltant et d’un chant salement véhément, réduisant régulièrement sa vitesse pour nous prendre par surprise en ménageant ses inflexions brutales. Tout est en place et méchamment carré, comme tout massacre organisé par des allemands rodés à l’exercice, qui placent en avant une précision de dément et quelques chœurs volontaires énoncés gravement. En à peine trente-six minutes, le quatuor fait le tour de la question, et nous apporte ses propres réponses, qui s’emballent parfois pour ne pas laisser planer le doute sur leur conviction (« Nightmare », au riff aussi redondant qu’un album entier des MORTAL SIN). Inutile donc de piocher dans vos souvenirs locaux, et exit les DESTRUCTION, KREATOR et autres ASSASSIN, l’approche est plus ricaine qu’européenne, et le tout se pare même d’atours Hardcore dans les arrangements pour nous agresser au plus fort. Pas question de Crossover pour autant, le fond de l’air est chaud mais Metal, et même parfois tribal, se rapprochant de l’ombre d’un MEGADETH plus sournois qu’à l’ordinaire (« One Day In Heaven », qui abandonne vite la subtilité pour mieux nous écraser d’une main de fer VIO-LENCE maîtrisée). Groove contagieux, linéarité de furieux, voix complémentaires et guitares incendiaires, percutant comme un uppercut en plein dans les dents, ce premier longue-durée sait ménager la chèvre puissance et le chou technique pour préparer un ragoût épique, même si parfois, le Speed le plus dru s’invite au banquet de façon impromptue (« Speed-Life »).
Teigneux, revêches, les potes de Rostock savent faire cuire leur steak, qui reste saignant mais ne laisse pas couler l’hémoglobine sur la nappe trop longtemps. On joue propre, mais salement pertinent, et on évite le formatage trop évident en terminant sur une compo aux nuances plus qu’évidentes. « Left Behind » ne laisse pourtant rien traîner derrière lui, et ose un lourd Heavy, pour achever de nous convaincre d’une ouverture d’esprit, qui permet aux INFECTED UNION de s’essayer à toutes les palettes Thrash les plus souillées, sans pour autant passer pour des sagouins démaniérés. Catchy comme un couplet d’ANTHRAX, finement ciselé comme un break d’ANNIHILATOR, méchamment furieux comme une embardée d’EVIL DEAD, et aussi contagieux qu’un virus de DEMOLITION HAMMER, cet Embrace The Beast vos emmène directement en Enfer, mais sans passer par la case purgatoire pour ne pas avoir à en supporter la vacuité. Du Thrash sans concessions mais avec passion, qui entame cette année 2018 avec fougue et raison, même si l’album est disponible depuis septembre 2017. Pas l’épiphanie attendue, à condition qu’elle existe et qu’on l’attende encore, mais un solide ancrage dans la tradition, histoire de glisser de date en douceur. Et de supporter sans heurts ce temps froid, venteux et pluvieux.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09