Avec SULPUR, nous tenons entre nos mains le parangon de ce halo de mystère qui entoure certains projets de Black Metal. Mais cette fois-ci, les concepts d’ignorance et d’anonymat sont poussés à leur paroxysme. Nul ne sait qui se cache derrière ce projet, ni son nom, si son pays d’origine, et cette absence d’informations n’est pas pour me déplaire. En tout cas, le label allemand Amor Fati semble se satisfaire pleinement de ce trou noir, et en fait même un argument promotionnel. Tablant sur le fait que nul ne semble pouvoir percer les mystères de son poulain, la maison de disque vend le concept comme un état d’esprit particulier, évitant les modes de poseurs de la génération Instagram et des collectionneurs de vinyle, pour s’adresser à un public farouchement attaché au nihilisme du genre. Et sous cet aspect-là, le public cible risque d’être méchamment servi.
Après un premier 7’’ servi chaud l’année dernière et sans intitulé, SULPUR revient donc par la petite porte pour nous présenter son premier longue-durée qui en effet atteint le timing respectable de quarante-deux minutes pour cinq longs morceaux. Prônant donc des valeurs fondamentales du BM nordique et scandinave des années 90, le projet se contente d’une relecture assez sauvage des canons de misanthropie musicale des années de gloire, et ne s’embarrasse pas d’arrangements inutiles ou de construction trop élaborées. Le BM est ici joué avec les tripes, se veut aussi cryptique qu’une messe noire organisée à la sauvette, mais profite quand même d’une instrumentation précise et d’un goût certain pour la bestialité la plus conséquente.
Sec comme un hiver rude, violent comme une tempête s’abattant sur des toits de bois, mélodique comme une extrême onction donnée sur fond d’IMMORTAL des débuts, Embracing Hatred and Beckoning Darkness embrasse effectivement la haine pour accepter les ténèbres, et nous plonge dans les affres d’une brutalité musicale conséquente, mais effective. Loin d’un BM lo-fi mort-né (sic), Embracing Hatred proposerait plutôt un Black vraiment âpre, mais épais dans le fond, tout en conservant les buts du dogme initial en refusant une production trop profonde et tape à l’œil. Sans savoir combien de musiciens se sont investis sur ce projet (un seul figure sur les photos promo, encapuchonné et profanant une pauvre tombe qui n’avait rien demandé), on peut résolument affirmer que les chansons tiennent la route même si elles ont été composées et interprétées par un seul homme.
L’ambiance est prenante, presque religieuse, et les morceaux les plus longs contiennent assez d’idées pour maintenir l’attention. Il vous faudra par contre supporter le son aigrelet des cymbales, et le sous-mixage du chant, mais les habitués ne seront guère surpris de ces recommandations qui vaudront gage de qualité. Alors, finalement, le tout s’écoute avec plaisir, reprenant les grandes lignes des nineties pour les conserver telles quelles, et le final « As Stars Line The Path To Glory » propose même une conclusion assez ambitieuse, avec ses dix minutes d’attaque ininterrompue. On aime ces riffs glaciaux, cette grosse caisse qui sonne comme un baril de lessive, cette basse complètement droppée dans le mix, et cette option unidirectionnelle qui refuse les détours et les concessions. Nimbé d’une aura particulière, ce premier album incarne une vision sans compromission de l’underground BM mondial et incarne la relève de flambeau avec une persuasion assez prenante et convaincante. Rien de novateur évidemment, mais tel n’était pas le but, répétitif comme le Raw Black sait l’être en permanence, mais une magie indéniable, et une séduction vénéneuse assez fascinante. Loin de l’argumentation d’un label qui aimerait faire passer son produit pour le plus evil du marché, SULPUR n’est donc qu’un représentant BM de plus, capable, performant, mais loin des exactions les plus diaboliques du genre.
Alors évidemment, tout cela rentre en contradiction avec le gimmick choisi par Amor Fati pour vendre son produit :
SULPUR is not for you.
Si, et tout autant que n’importe quel autre groupe conférant une structure à sa misanthropie harmonique.
Titres de l’album:
01. Intro/Embracing Hatred and and Beckoning Darkness
02. Blessed By Foul Magick
03. Through The Triumph Of Blood
04. A Temple Draped In Shadow
05. As Stars Line The Path To Glory
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