Alors comme ça il y a urgence sur la planète Rock N’Roll ? Je n’avais pas le sentiment que la situation présentait un caractère foncièrement dramatique, mais après réflexion, j’ai noté quelques éléments laissant à penser du contraire…Il est certain qu’on a l’impression en 2018 que pour jouer du « vrai » Rock N’Roll, les groupes ont besoin de singer au tic près les grands anciens, sans forcément chercher à y imprimer leur patte personnelle, ce qui donne lieu à une déferlante de groupes estampillés « vintage », pas foncièrement inintéressants, mais ne faisant pas vraiment avancer les choses. Est-ce pour autant que nous devons attendre fébrilement le nouveau messie qui nous extirpera de ce marasme créatif ? Non, puisqu’il est fort probable qu’il ne sorte jamais de sa caverne, et que cette attente se transforme en illusion nous faisant perdre plus de temps qu’autre chose. L’urgence se situerait plutôt sur un niveau de compréhension…Comprendre en effet qu’il n’est nul besoin de chercher à transcender le Rock pour le faire vivre, mais plutôt de le jouer avec les tripes et l’âme, sans vouloir à tout prix le maintenir à flot dans une époque dominée par le marketing étudié dans des bureaux. On ne changera pas les mœurs, mais comme ils adoucissent la musique, ou bien l’inverse, plutôt se réorienter vers des musiciens sincères, qui tout en assumant l’héritage des figures légendaires du passé, préfèrent jouer des chansons simples, mais personnelles, sans forcément se placer sous une égide particulière. Ce qui est immanquablement le cas des SPICE RIVER, qui ne se prennent pas la tête pour rien, et qui nous offrent via leur premier album une solide dose de décibels, et des chansons qui en sont vraiment.
Nous en venant de la Suisse de Luzern, les SPICE RIVER n’en sont pas pour autant de gentils brouteurs de gazon, mais plutôt une solide association d’instrumentistes aguerris, qui depuis quelques années proposent leur vision d’un Classic-Rock à tendance légèrement Hard et Blues sur les bords. Fondé en 2015, le quintette (FLA, Tobias Maucy, Armin Felber, Pierre Hardy, Alexander Fallegger) a d’abord connu quelques ajustements avant de se lancer dans le grand bain du longue-durée, histoire de roder son répertoire impeccable sur les scènes nationales et européennes. En résulte un premier jet rutilant, qui privilégie la franchise de son et la rudesse de ton, et qui ne cède en aucune manière aux modes actuelles de réactualisation d’une banque de données exploitées jusqu’à la corde, allant jusqu’à imiter genre copycat grossier les techniques de production adaptées. Ici le Rock se joue comme il doit toujours être joué, simplement, mais honnêtement, et en se basant sur le talent individuel d’instrumentistes mettant leur art au service d’un collectif plus grand que leur ego. Alors, pas d’esbroufe, mais quelques démonstrations notables, et surtout, une envie de partager, et pas seulement de démontrer, puisque là n’est pas le propos, ce qui nous donne une grosse poignée d’hymnes qu’on imagine fort bien défendus sur scène avec hargne et implication, mais surtout, dans un unisson avec un public de bar-bands complice dégustant son plaisir jusqu’au fond du calice. Et si le quintette ose placer sur les lignes de sa bio quelques clins d’œil aux sempiternels LED ZEPPELIN ou autres GRAND FUNK RAILROAD, inutile d’exhumer des glorieuses seventies de quoi satisfaire votre curiosité, puisque leur inspiration pioche un peu dans toutes les époques, sans évoquer une balise précisément située. Au carrefour de l’Americana et du Rock grand public à tendance bluesy, Emergency on Planet Rock n’Roll n’est rien de moins qu’une grosse noisette de baume au cœur, qui le réchauffe de ses accords simples mais lucides, et de ses rythmiques solides, soutenant des lignes de chant à dimension humaine. Humaine, le mot est choisi à dessein, et le son dont bénéficie ce premier effort l’est tout autant, clair comme de l’eau de roche, et profond comme une passion avouée à un style éternel qui trouve ici un écho honnête, bien loin des artifices de studio et autres tendances branchées dont se repaissent les magazines spécialisés.
Simple, mais pas simpliste, et loin de l’être. Entre des soli propres mais bourrés de feeling et des mélodies salement entêtantes, cet assemblage de treize morceaux qui ne portent pas malheur est un concentré de bonheur, qui laisse un orgue festif et mutin s’incruster de ses ébènes et ivoires au premier plan, histoire de taquiner des guitares qui partagent l’espace sans ressentiment. On y retrouve toutes les composantes du Rock, celui qui taquine le Blues le plus musclé (« Saw Your Mother Cryin’ » et qui le console de son sex-appeal à la Alannah MYLES), et qui fricote avec la férocité d’un Hard gentiment burné (« Bull’s Eye »), pour ne pas sombrer dans le sentimentalisme ou la nostalgie déplacée. La nostalgie ici n’est pas marquée du sceau typé de la recherche de gloires du passé, mais se concentre plutôt sur une envie de faire bouger sans y penser, et de donner aux fans l’envie de se remuer, pour oublier une dure semaine de labeur à se lever sans autre but que de gagner le peu d’argent nécessaire pour subsister. Archétype dans le sens le plus glorieux du terme du fameux « groupe du samedi soir », SPICE RIVER ne fait pas dans la retape ou le slogan musical racoleur, et préfère aiguiser ses guitares pour les rendre tranchantes à toute heure (« Can't Stand You No More », ou comment décaler les STONES à celle du café), ou les faire se trémousser au rythme d’un boogie endiablé (« Hey Jeannie »). D’ailleurs, ils affichent leur leitmotiv comme un blason royal, en assumant leurs obsessions via un lucide « Rock N’Roll In My Head », qui réconcilie le Hard californien et le Rock qui transpire bien, sans oublier au passage de trousser un refrain à reprendre en chœur en Suisse ou ailleurs. Musique cosmopolite, qui franchit allégrement les frontières européennes et américaines, pour un sit-in improvisé entre les AEROSMITH et les BLACK CROWES (« Get In »), avant de s’arrêter sur la case hommage au GRAND FUNK par l’appropriation de son imputrescible standard/allégeance « We’re An American Band », le voyage est délicieusement dépaysant, et la sensation de bien-être durable.
On le termine même sur un moment d’émotion tangible, grâce au superbe épilogue « Woman », qui tremble de son orgue sensible, et de ses guitares en retenue gracile. Chant presque en rupture, pour une progression qui rassure, et qui nous emmène jusqu’au bout d’une nuit qu’on aimerait presque savoir éternelle. Pour un premier album qui sanctionne quelques années de préparation, Emergency on Planet Rock n’Roll démontre qu’il y avait bien urgence sur la planète Rock N’Roll, celle de se replonger dans les racines du genre pour ne pas oublier qu’il reste l’exutoire idéal d’une époque un peu trop superficielle et triviale.
Titres de l'album:
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