Là pour le coup, votre mémoire visuelle devrait fonctionner à plein régime. Pensez-donc, un diablotin sympathique sur fond de flammes de l’enfer, un patronyme qui ravive des souvenirs, et immanquablement, on se met à penser au séminal maxi Jump in the Fire de METALLICA. Ainsi marche l’association d’idées, mais je peux vous assurer que l’association s’arrêtera dès que vous confierez vos frêles esgourdes à cet album barbare et bestial. Parce que les PHANTOM FIRE ne sont pas du genre à se mettre à la colle avec la première vague Thrash de la Bay-Area, ni à la légendaire NWOBHM dont elle est dérivée.
PHANTOM FIRE, c’est avant tout un duo, entre Kjartan (guitare) et Eld (basse/chant), mais c’est surtout une éthique, un mode de vie, une approche artistique sommaire et violente qui sied admirablement bien au style pratiqué. Car tous les fans de nostalgie bestiale savent que ce genre de crossover ne supporte ni la médiocrité, ni l’engagement partiel. Il faut se plonger corps et âme dans le bain de chaux pour produire la musique la plus sauvage possible, au risque de passer pour de joyeux bourrins au QI de moule.
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Sauf que ces norvégiens sont des malins. Ils savent que la violence la plus froide est née dans leur pays, lorsque les musiciens nationaux ont commencé à se maquiller comme des Tom Warrior volés tout en imitant la Suède de BATHORY. Alors, ils prennent la tangente, et osent le Speed/Black bien vilain, mais aussi terriblement intelligent, parce que catchy, en place, et intelligemment évolutif.
The Bust of Beelzebub nous avait offert des présentations en bonne et due forme il y a deux ans, Eminente Lucifer Libertad serre de nouveau les pognes avec une pression non négligeable. On retrouve cette impulsion primale, ces morceaux qui se gravent dans la tête, cette façon de jouer cru mais pointu, et cet art consommé de travestir un titre totalement paillard en fête Heavy incontournable. En deux mots comme en mille, cher Emile, PHANTOM FIRE n’a pas oublié comment pondre des hymnes que l’on reprendra en chœur à notre prochaine évocation satanique.
Utilisant les méthodes brevetées par VENOM et DARKTHRONE, et en y ajoutant une touche personnelle en transitions étranges, entre Lo-fi, Electro et Ambient, PHANTOM FIRE signe sans aucun doute l’album le plus percutant du genre. Loin de se contenter de saillies immédiates et lubriques pour flatter les plus bas instincts des pervers les plus basiques, Eminente Lucifer Libertad propose une progression bien plus intéressante, qui culmine dans l’opposition entre les titres les plus faciles et évidents, et les autres, plus personnels et hors du créneau. Ainsi, la doublette « Ritual » / « Satanic Messenger » nous offre un joli trip sans acides, mais qui joint les deux bouts, Blackened Speed effréné d’un côté et Electro blasphématoire de l’autre, créant ainsi un décalage passionnant, conférant à ce deuxième longue-durée un parfum très personnel et musqué.
Des passionnés, et de sacrés compositeurs. Si le début d’album laisse à penser que les choses vont être évidentes pendant une demi-heure, la rupture centrale nous entraîne dans une direction totalement différente, entre Heavy teinté de Black rebondissant comme une superballe sur un mur (« De Taptes Dans », tout y passe, les mélodies orientales, le beat élastique et dansant, les blasts inopinés et super réguliers, les fills enchaînés et les éclats de voix enragés), et interlude rapide et harmonieux, mais quand même méchamment salé (« Black Night »).
Les choses sont donc loin d‘être aussi prévisibles, et c’est tant mieux, puisque le Speed/Black avait désespérément besoin d’orfèvres qui ne passent pas leur temps les fesses à l’air dans le donjon d’un enfer lubrique. Indiscutablement brutal, Eminente Lucifer Libertad est aussi finement ouvragé, et témoigne d’un esprit aventureux, qui pourrait redonner foi en cette approche plus traditionnellement bête et méchante.
D’autant que le duo maintient ses efforts jusqu’au bout, au point de nous livrer un épilogue progressif et métallique, grosse basse en avant, mélodie rudimentaire mais efficace, et mid tempo pataud et costaud. « Pentagram » sort donc les colliers et les symboles, avant de nous prendre à rebours d ‘une accélération fumasse, et symptomatique des crises de colère BM des années 90. Arrangements caverneux, voix venues d’outre-tombe, PHANTOM FIRE lâche tout avant la fin, et ne nous laisse pas sur la nôtre. Production ad hoc et grasse, basse qui prend son temps et joue les circonvolutions, chant modulé mais tout de même infect, tous les ingrédients sont là pour faire de ce deuxième chapitre la référence qu’il est déjà.
Alors, oui, plongeons dans le feu de l’enfer, et devisons avec ce diablotin charmant qui nous promet horreurs et sévices. Sévices compris évidemment.
Titres de l’album :
01. Bloodshed
02. Eminente
03. Derive from Ash
04. Ritual
05. Satanic Messenger
06. Lucifer
07. De Taptes Dans
08. Black Night
09. Mara
10. Libertad
11. Pentagram
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