Une pochette qui sent bon la virilité des eighties, une musique qui sonne comme un appel aux armes de la résistance, EMISSARY est l’archétype même du groupe rétrograde qui assume sa passion pour un passé que l’on n’enterrera jamais. On peut trouver cette foi un peu ridicule mais le résultat n’en est pas moins là : on achète, parce qu’on aime rien tant que retrouver une seconde jeunesse, même si les effets se dissipent rapidement.
Nous en venant d’Helsinki en Finlande, EMISSARY est un pur produit de son époque, et plus simplement, un power-trio convaincant dans la veine d’un HEIR APPARENT des débuts, d’un MANILLA ROAD repu ou d’un SAVAGE GRACE ventru. Fondé en 2019, le groupe n’a pas vraiment fait parler de lui au-delà de ce premier EP, accusant deux dates de sortie. La première, en autoproduction l’année dernière, et cette réédition via Dying Victims Productions en 2023.
Dying Victims vous propose donc de redécouvrir cet EP en format 12’’ et CD, histoire de vous permettre de boucher les trous d’une actualité de plus en plus difficile à suivre. On reprochait aux années 80 d’amasser et de répandre la bonne parole avec un peu trop de zèle, les sorties se chevauchant sans réelle possibilité d’une attention soutenue, mais les années 2010/2020 font passer cette antique décennie pour une décade de pauvreté musicale absolue tant les nouveautés fleurissent toutes les semaines. Alors, puisque tel est le but de cette chronique, était-il indispensable de sortir de nouveau ces six morceaux aussi underground qu’une démo de MÖRSURE ? Oui et non, tout dépend du point de vue sous lequel vous observez la chose.
EMISSARY connaît son boulot, c’est indéniable. Les trois musiciens (Joel - batterie, Dimi Pontiac - guitare et Iiro - basse/chant) se sont donc lancés corps et âme dans la conception de cet EP, et autant admettre que leur passion est aussi dévorante que contagieuse. On retrouve dans ces cinq morceaux plus intro la fougue du Power Metal US des mid eighties, mais aussi la curiosité d’un Progressif larvé, consistant principalement en quelques évolutions notables et autres digressions mélodiques.
L’ensemble ne manque pas d’énergie loin de là. Et si l’on peut s’interroger sur ce parti-pris de production qui vire au mimétisme des sorties d’il y a quatre décennies, avec cette batterie crue et ce chant noyé dans les effets, le tout reste cohérent, et fidèle à une éthique : ne pas édulcorer le propos pour garder sa naïveté artistique.
Se décrivant avec beaucoup de malice comme un groupe d’Extracelestial Power Metal, EMISSARY nous ramène aux grandes heures de Phoenix et de Seattle, et évoque une version assez personnelle des dogmes établis par ATTILA, SACRED BLADE, allant parfois jusqu’à provoquer le fantôme timide des CHYLD. Du Metal intelligent dans toute sa noblesse, riche, et même un peu pédant dans son élitisme, mais délicieux à l’écoute. Le trio a réussi la gageure de sonner plus eighties que les eighties elles-mêmes, et Emissary sonne comme ces œuvres oubliées par les labels qui resurgissent à intervalles réguliers, rééditées par des maisons de disques flairant la bonne affaire vintage.
Mais à contrario du gros de la production rétrograde, EMISSARY s’est cassé la tête pour proposer une musique plus élaborée et intrigante qu’une simple copie fidèle à la croche près. On sent les influences, on comprend la démarche, mais on se passionne vite pour ces morceaux flamboyants, comme si le DREAM THEATER de When Dream and Day Unite avait eu le temps de publier un premier format court aux alentours de 1986/1987.
Soli inspirés et volatiles, voix puissante, rythmique instable et évolutive, EMISSARY est une bouée de sauvetage dans les océans nostalgiques des années 2010/2020, et nous offre une belle demi-heure de Power Metal Progressif de premier choix, pur, et non édulcoré ni retraité industriellement pour flatter artificiellement les instincts de la génération 80. Alors oui, cette réédition mérite largement le détour, et permet de placer sous la lumière un groupe compétent et attachant. En extrapolant un peu, on pourrait même dire que le trio de Floride aurait largement eu sa place au panthéon des groupes méritants des années 80, quelque part entre le jeune QUEENSRYCHE et HEIR APPARENT.
Solide, créatif, lyrique, Emissary se déguste comme un vin bonifié par les années, un grand cru en tirage limité réservé aux connaisseurs. Vous pouvez donc délier les cordons de votre bourse, personne ne vous en voudra, bien au contraire.
Titres de l’album:
01. Galactic Overture
02. Rising Order
03. Tales from the Third Age
04. Shattered Illusion
05. Corrupt Champion
06. The Attunement
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