Concentré comme un bachelier en plein travail sur les sorties les plus extrêmes, j’ai laissé couler les semaines sans essayer de me changer les idées. Il était donc temps de remplacer le noir et blanc par la couleur, et la tristesse par un minimum d’allant. Et ne voilà-t-il pas qu’une pochette colorée attire mon œil comme un aimant, me forçant à m’intéresser au cas d’un musicien allemand très sympathique, et surtout, très capable.
En tombant sur le premier album de NEMO, j’ai ouvert la boîte de Pandore Nemanja Stojanovic, qui depuis plus de vingt ans s’affaire dans le métier au point d’être devenu une référence. NEMO n’a rien à voir avec ce mignon poisson qui part en quête, mais se montre aussi attractif, visuellement et musicalement. Cette superbe pochette à l’infirmière gironde, entre Margot Robbie et un mannequin ukrainien, est un indicateur précieux du contenu de cet Emotional Metastasis. Elle est la femme sandwich d’un Hard-Rock survolté, légèrement doré par des U.V Glam des années 80, le tout recouvert d’un joli nappage make-up contemporain.
Métastases émotionnelles ?
Le terme est plutôt étrangement choisi, et ne correspond pas vraiment au contenu qu’il cache. Vous ne risquez certainement pas un quelconque cancer de l’âme ou de l’enthousiasme en découvrant ces huit morceaux chargés en électricité, et balançant les joules par paquets de trois-cents avec une motivation exemplaire. Cet album aurait-il la capacité de sauver des vies ? Oui, en les extirpant d‘un marasme déprimant pour les catapulter dans un univers fluo où la joie de vivre est l’unique monnaie.
Nemanja Stojanovic, maître es-guitare qui couine et qui sublime, ne s’est pas lancé seul dans l’aventure. On retrouve à ses côtés Danko Stojanovic à la basse, Lorenzo Vicenzo au chant, Glenn Welmann à la batterie, Neemias Teixeira au piano et claviers, et IB Delight en guest au sax. Opération globale pour unité collective, Emotional Metastasis n’a pas fait les choses à moitié, et nous déroule le tapis rouge de la nostalgie pour réveiller notre conscience au Hard-Rock tendu et nerveux des eighties. On pense donc à deux ou trois trucs en passant, TNT, VINNIE VINCENT INVASION, TIGERTAILZ, la clique des WIG WAM et des POODLES, et à quelques poulains des écuries AOR Heaven. Du beau monde pour des parallèles évidents, et ce, dès l’entrée en lice de « The Way I Do ». Refusant les facilités Hard-Pop des productions old-school modernes, NEMO tient absolument à conserver son indépendance et sa singularité en mettant l’accent sur l’agressivité au détriment de la séduction sucrée.
Et cette attitude paie, forcément. En écoutant « Light In The Dark », on ne peut que constater la puissance Heavy d’un riff redondant et performant, dans la plus droite lignée des références PRETTY MAIDS et PINK CREAM 69.
Inutile de passer votre tour après les fêtes pour cause de sucre déjà trop abondant dans votre sang. Le diabète reste la tête baissée, et ne peut que constater à quel point le menu est épicé, et tenu à bonne distance d’une douceur fort peu à propos. En misant sur une production crue et rêche, Nemanja Stojanovic assume sa différence sur le marché, et nous emballe de sa sincérité, allant même jusqu’à afficher fièrement ses intentions via le saignant et rétrograde « Hard Enough ».
Emotional Metastasis est-il assez dur ? Est-il assez distordu ? Mais est-il aussi mélodique que ses intentions sont crues ? Oui, oui et oui, et l’enregistrement pourrait même aiguiller sur la piste d’une œuvre unique pondue par un groupe obscur de Los Angeles qui n’a jamais dépassé le stade de l’excellente démo. L’ambiance y est, l’attitude aussi, le talent, incontestablement, et NEMO se glisse dans les pochettes surprises garçon/fille qu’on trouvait encore il y a quelques années dans les librairies et bars-tabacs.
Pour autant, ce premier long n’est en rien plastique ou industriel. Non, le produit a été peaufiné et Nemanja Stojanovic nous donne un large aperçu de ses capacités techniques, en adoptant différentes approches de son instrument. Le guitariste connaît son boulot, et prend plaisir à le faire, même lorsque l’atmosphère rappelle les QUARTERFLASH sur le sexy et velouté de sax « Anywhere Anytime ».
« Lady » accélère même les débats pour faire monter la tension, laissant Lorenzo Vicenzo partir dans les notes exagérément aigues à la manière d’un Tony Harnell ou d’un Kim Hooker.
Parfait pour préparer les agapes de fin d’année, entre l’ultime fournée de toasts au foie gras et la douzaine d’huitres achetées à prix bas, Emotional Metastasis a de quoi soigner la gueule de bois et la souffrance d’une solitude qu’on ne choisit pas. Belle démonstration de mimétisme personnel, ce premier album est aussi noble qu’il n’est accessible, et nous berce de sa narration nostalgique.
L’annonce d’une année encore chargée en souvenirs bon marché ? C’est inévitable depuis deux dizaines d’années.
Titres de l’album:
01. The Way I Do
02. Body Heat
03. Love Reaction
04. Light In The Dark
05. Hard Enough
06. Anywhere Anytime
07. Lady
08. Russian Eyes
Pour moi, par ordre décroissant préférentiel, ce sera :Massacra - Enjoy the ViolenceMercyless - Abject OfferingsLoudblast - Disincarnate
23/04/2025, 12:56
Allez, mon top 3 français des années 90: Massacra - Signs of the Decline Mercyless - Abject OfferingsLoudblast - Sublime Dementia
23/04/2025, 08:42
Je rajoute une couche avec l'album d'Anialator sorti en fin d'année dernière. Je l'ai beaucoup écouté et l'écoute encore avec plaisir.
22/04/2025, 19:35
Plus fan de Massacra que de Loudblast perso, même si je possède les deux premiers albums du groupe.
22/04/2025, 19:34
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
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@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
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21/04/2025, 11:45
Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
19/04/2025, 08:38