« La mort se tenait au-dessus de moi
Chuchotant je ne sais quoi dans mon oreille
Et de cette langue étrange, tout ce que je sais
C’est qu’elle ne prononçait pas un seul mot de peur »
Avec cette entame de Walter Savage Landor et une dédicace à tous ceux qu’ils ont perdus en cours de route, les HERON ne visent pas le petit patapon, mais bien la lancinance pesante des remords et regrets passés. Les amateurs de Doom/Sludge abrasif connaissent depuis longtemps ce quatuor canadien qui leur a déjà offert deux albums longue-durée. Deux albums qui non seulement préparaient le terrain pour un enterrement de troisième classe, mais qui permettaient au groupe de se faire une bonne place au cœur froid des fans de lenteur, de pesanteur et de longues digressions en hiver terne.
Construit sur une alternance de séquences Post-Metal et de longues contemplations Doom et Sludge, Empires of Ash décrit un monde d’isolation et de perdition en cendres, et nous laisse seuls juges de la vacuité de notre existence. Depuis 2014, les natifs de Vancouver repoussent les limites qui séparent le Doom du Stoner, le Sludge du Post-Hardcore, et proposent un panaché déprimant de toutes les influences les plus mornes, se reposant sur des structures construites au temps des MELVINS et de NEUROSIS.
Empires of Ash ne fait guère exception à cette règle, et évoque même un NOLA maladif, exilé de ses propres terres pour s’installer dans un Vancouver froid, aux lumières blafardes et à l’avenir incertain. Entre ces riffs résignés, cette voix hurlée et cette rythmique monolithique se dessinent des images sombres et inquiétantes, telles des silhouettes indiscernables qui déambulent comme des fantômes du passé dans un présent morbide.
Toutefois, tout n’est pas que désolation et résignation sur cet album. Les rares harmonies fonctionnent certes sur deux ou trois notes, comme le cahier des charges l’exige, mais il se dégage une faible lumière de ces longues progressions qui ne sont pas sans évoquer la scène Post américaine des années 90, impression renforcée par « The Middle Distance », entre NEUROSIS et MY DYING BRIDE, avec une touche d’ALICE IN CHAINS des jours contemplatifs.
De la variété donc, et non un assommage en règle pendant une demi-heure de tristesse créative. Il faut évidemment faire partie du panel représentatif de ce genre de réalisation, mais même les néophytes en la matière et les réfractaires pourront trouver des idées les concernant et les intéressant, notamment lorsque la machine s’emballe salement sur l’énergique et colérique « Hungry Ghosts ».
Jamie (chant), Ross (guitare), Scott (guitare) et Bina (batterie) ne se contentent pas du minimum syndical, même si l’album - eu égard au(x) style(s) - n’atteint même pas la barre symbolique des quarante minutes. On trouve bien sur beaucoup de feedback, arme indispensable à toute agression sonore Sludge qui se respecte, mais aussi des silences, des plages rythmiques mid tempo, et plus généralement, une volonté de ne pas s’engoncer dans un carcan restrictif et trop respectueux des codes Doom.
Il est d’ailleurs trop cliché de classer cet album sur les étagères Heavy du statisme aigu. On pourrait même en extrapolant un peu trouver une base Hardcore manifeste qui aurait dégénéré en Metal sous les coups de boutoir de deux guitares acides mais épaisses. « With Dead Eyes », au parfum de barbelé rouillé nous dépeint une triste réalité, en deuil d’espoirs aujourd’hui obsolètes, et souligne la cécité humaine d’une population mondiale qui refuse de voir plus loin que le bout de son propre orgueil.
Pas gai, mais pas non plus morbide et oppressant, Empires of Ash est un après-monde qui balaie devant sa propre porte les pertes subies par le consumérisme et le capitalisme. Clairement scindé en deux parties, comme deux facettes d’une unique histoire, il développe en avant-plan des théories progressives et maladives, souvent jaunies par le temps, puis ose une poussée d’adrénaline comme dernier moteur d’une machine qui s’est grippée depuis longtemps.
C’est donc à une œuvre pensée et agencée que nous faisons face, et si d’aventure, la mort venait frapper à votre porte pour vous chuchoter des mots que vous ne comprenez pas, invitez-là à écouter HERON, qui parle un langage plus clair, et totalement en phase avec son époque et son cortège de catastrophes, de deuil, de souffrance et d’absence totale d’échappatoire.
Titres de l’album :
01. Rust And Rot
02. The Middle Distance
03. Hauntology
04. Hungry Ghosts
05. With Dead Eyes
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