Quand on arrive en retard, il y a deux écoles de conduite. La première, la plus prisée, consiste à faire ses plus plates excuses en invoquant une raison (valable) ou une autre (moins valable), et faire profil bas pendant quelques minutes. La seconde, à l’opposée, est de jouer les sans-gêne impoli en entrant sans s’essuyer les pieds ni offrir de fleurs à la maîtresse de maison, avant de s’affaler dans le canapé et réclamer un alcool quelconque. J’avoue avoir parfois tenté la deuxième approche, la trouvant d’une classe folle et d’une morgue aussi insolente que la taille de mon foie.
Et sans vouloir trop m’avancer, je pense que les suédois de JD MILLER sont faits du même bois.
Après tout, se pointer après cinq ans d’absence la mine haute et le regard fier et défiant, n’est pas chose donnée à tout le monde. Il faut avoir du culot, mais aussi l’assurance des plus frondeurs. 2019, back in time, la Suède fêtait alors la sortie d’Afterglow, chroniqué en ces colonnes, et célébrait la créativité d’un combo qui n’hésitait pas à se proclamer the heaviest AOR act of the world. Une formule qui en vaut dix autres, et qui convenait parfaitement au répertoire du quatuor, capable en live de faire la nique à n’importe quelle tête d’affiche. Avant d’en devenir une lui-même.
2024, cinq ans ont passé, et après quelques singles, JD MILLER remet enfin le couvert, sans donner d’explications quant à son long silence. Ce qui est tout à fait logique à posteriori, puisque la meilleure excuse reste cet album fantastique, à la pochette chamarrée et au propos bigarré. Un quatrième tome, disponible en mai, pour occuper le terrain AOR de nouveau, en lâchant des refrains anthémiques et des couplets féériques.
Empyrean scelle aussi les retrouvailles avec le guitariste Tommy Timonen (ex-STATE OF DRAMA), revenu au bercail pour faire la paire avec Jonny Trobro (HYDRA, FIND ME, ex-FIRST SIGNAL), désormais bassiste à temps plein. Evidemment, Peter Halldén garde le micro fermement tenu en main, et la batterie reste l’affaire d’Emil Eriksson, en sus de la guitare et des claviers. Une formation renouvelée donc, pour un recyclage habile des formules d’antan, à savoir des harmonies soutenues par des riffs très métalliques, le tout emballé Electro-Metal pour sonner plus moderne.
La formule est donc d’usage et éprouvée, à la manière d’un JESUS ON ECSTASY plus bronzé et souriant, et le tracklisting de ce nouveau chapitre se montre impeccable de bout en bout, avec une succession de morceaux efficaces, dansants, entraînants, mélodiques et mordants. Le brio du groupe n’a donc pas pâli de ces cinq années passées dans l’ombre, et les titres sentent bon le soleil suédois, celui qui s’aimerait californien. Le pays a donc de quoi être fier de ses enfants, une fois encore, puisque le quatuor signe un retour en force qui annonce une campagne live atomique.
L’équation est donc toujours aussi limpide, et sans inconnue. Des claviers proéminents qui se montrent aussi puissants que les guitares, une emphase mise sur le côté cinématographique de la musique, une production énorme, pour un résultat qui parfois s’apparente au DREAM THEATER d’Awake, les ambitions techniques en moins (« Awake (We Are the Machines) »). Entre envies populaires et esthétique alternative, Empyrean pousse les expérimentations d’Afterglow encore plus loin, perfectionnant une optique qui se réclamait déjà d’une acuité phénoménale.
Les suédois n’ont donc pas commis de faux pas, et même si les compositions se montrent somme toute assez prévisibles, eu égard au style pratiqué, l’efficacité compense l’absence d’audace, qui toutefois se manifeste sur quelques plans tirant sur le Progressif Pomp des années 80.
A la limite du Power AOR, entre un Heavy mélodique et un Metal moderne et décomplexé, Empyrean essaie de nuancer les ambiances, et de moduler sa différence. Si le potentiel commercial de l’œuvre saute aux oreilles en quelques secondes (« Empyrean » qui va évidemment tout arracher en ouverture des concerts à venir), l’aspect artistique n’en est pas pour autant mis de côté, puisque ce mélange de Hard-Rock actuel et de Metal intemporel est parfaitement dosé, entre agressivité, souplesse, volupté harmonique et fausse douceur.
Maîtres de leur domaine, les JD MILLER sont désormais assis sur le toit de leur propre monde, et regardent l’univers avec des yeux de conquérant. Frisant la perfection en plusieurs occasions, notamment sur le très nerveux et intelligent « Call the Police », qui donnerait presque envie de faire ami-ami avec les uniformes, ce quatrième album est donc impeccable, saturé juste ce qu’il faut, et susceptible d’amadouer un nouveau public amateur de sensations fortes, mais pas trop.
Et en choisissant de boucler le dossier par un « Alive » évolutif et envoutant, le quatuor convainc, persuade sans forcer, et regagne son trône un peu trop longtemps laissé vacant. Avec une guitare à la Gilmour, claire comme un ciel d’azur, et un riff très astucieux, ce dernier morceau laisse un sentiment de travail accompli, et renforce cette idée de Crossover géant, quelque part entre la scène Néo-Progressive de la fin des nineties, et les exploits suédois du siècle suivant.
JD MILLER peut donc se permettre d’entrer sans frapper. Ils ont la force, les arguments, les mélodies et les sentiments, et méritent donc d’être excusés sans autre forme de procès. Qui tournerait à leur avantage de toute façon.
Titres de l’album:
01. Prelude of the Empyrean
02. Empyrean
03. Inside the Night
04. Out of Control
05. I’ll Never Give Up
06. Awake (We Are the Machines)
07. One in a Million
08. Call the Police
09. Enemy
10. Alive
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