Je ne vois plus l’intérêt de chroniquer un nouvel album d’ANAAL NATHRAKH. Attention, ne vous méprenez pas, je n’écris pas cette assertion en voulant signifier que la musique des anglais n’a plus aucune valeur depuis longtemps, mais simplement dans le sens où une chronique du groupe n’apportera pas grand-chose au lectorat. Depuis 2001 et la sortie du monumental The Codex Necro, le duo anglais possède sa fanbase, ses détracteurs, et les deux camps s’affrontent régulièrement lors de joutes verbales, louant d’un côté les qualités intrinsèques et uniques de la formation, et dénonçant d’un autre son absence de prise de risques et son statu quo depuis des années. Et puis sincèrement, après plus de vingt ans de carrière et onze albums, que pourrais-je vous apprendre sur ce concept unique en son genre, qui en son temps a redéfini les règles de l’extrême, en n’acceptant justement aucune règle. Alors, la seule différence entre ce nouvel album et les précédents fut ses conditions d’enregistrement, puisqu’il a été conçu juste avant le confinement global, et qu’il est donc la dernière livraison du groupe dans ce qu’on pourrait appeler « une époque normale ». Mais le groupe le dit lui-même sur cet Endarkenment, « Create Art, Though the World May Perish ». Soit, continuer de pratiquer son art même si la fin du monde est proche. Je ne sais si cette prévision se vérifiera, mais 2020 étant la funeste année symbolisant la mort ou presque de la musique live, il est toujours rassurant de constater que les artistes continuent de produire des œuvres, espérant les défendre live un jour…Et en faisant un petit tour sur les différents webzines nous servant de concurrents, j’ai remarqué que le schisme ANAAL NATHRAKH était encore plus prononcé qu’avant. Nous avons à gauche les colonnes et leurs fidèles pointant du doigt l’attitude stérile du groupe, de l’autre ceux louant ses innombrables qualités orchestrales et sa propension à ne pas ralentir la cadence ni mettre la pédale douce sur la folie.
Certains sont même allé jusqu’à louer les qualités d’Endarkenment qu’ils jugent comme étant le plus accrocheur du combo. Les autres, à contrario, estiment que Mick et Dave s’enfoncent de plus en plus dans la prévisibilité, n’offrant à leurs fans que de simples resucées d’albums déjà moyens. Osons le consensus entre les deux parties, et admettons que ce onzième chapitre de la saga la plus extrême n’apporte rien de neuf à la légende, mais qu’il conserve le niveau de qualité défini dans les jeunes années. On retrouve évidemment toutes les caractéristiques d’un groupe qui a renoncé à la moyenne depuis longtemps, cette propension à dramatiser les parties les plus puissantes, et ces variations qui vous fauchent en plein élan. Dave Hunt aka V.I.T.R.I.O.L. nous éblouit une fois de plus de ses capacités à changer de registre en une seule respiration, et Mick Kenney aka Irrumator lâche tellement de riffs qu’on arrête d’en faire le décompte assez rapidement. A New Kind of Horror avait déçu pas mal de monde, y compris des fans indécrottables, mais il semblerait que sans vraiment dévier de sa trajectoire, ANAAL NATHRAKH a redressé la barre pour éviter les écueils frappés de plein fouet il y a deux ans. Mais en dehors de ce plan de route un peu mieux défini, ce onzième tome des aventures les plus frappées de l’underground ne font que continuer un voyage entrepris il y a déjà longtemps, osant encore une fois mixer le Black, l’Indus, le Grind, le Metalcore pour nous pondre à un ballet de violence qui aurait pu illustrer un mash-up entre The Wicker Man et Midsommar. Plus mélodique sans doute, mais pas moins intense, ce nouveau pamphlet virulent craché à la face de la normalité n’est pas déstabilisant en soi, le duo n’étonnant plus vraiment qui que ce soit avec ses exactions, mais cette livraison de haine résonne comme la seule alternative viable à la normalité ambiante. Cette folie de tous les instants qui ose même fricoter avec les frontières nobles de l’Indus Black Symphonique trouve son pinacle dans les morceaux les plus équilibristes, qui acceptent le formalisme d’une programmation évidemment trop compressée pour être appréciée, et l’album finit par avoir raison de la nôtre, se montrant par trop intense pour être digéré en une seule fois.
Sans montrer de signe de faiblesse, ANAAL NATHRAKH ose quand même le vieux truc du tube imparable, et nous assomme d’un « Libidinous (A Pig with Cocks in Its Eyes) » qui éclate comme la barre de dynamite Metalcore qu’il est. Seul interlude « construit » de l’album, ce morceau ne justifie évidemment pas le concert de louanges que les admirateurs du groupe feront de ce disque, mais il nous permet de reprendre nos esprits pendant quelques minutes, et ainsi de constater que Dave et Mick sont toujours aussi roublards, et qu’ils peuvent faire semblant de céder aux sirènes de la séduction sans perdre de leur amertume. Plus sombre que quelques-unes de leurs réalisations, ce nouvel épitre écrit en l’honneur du Dieu de la démesure ne choquera donc que les néophytes n’ayant jamais lu les livres de la légende, rassurera les fans les plus inquiets quant à la santé mentale chancelante de ses compositeurs, mais apportera de l’eau au moulin à ceux dénonçant la fumisterie ambiante, qui selon les avis, a commencé son travail de sape juste après la sortie d’Eschaton - dernier album potable selon les juges du bon goût - et qui depuis gangrène et transforme le groupe en mort-vivant tout juste bon à balbutier sa faim auprès de ses adorateurs qui continuent bêtement à le nourrir.
Je ne rentrerai pas en conflit avec ces esprits chagrins qui doivent aussi penser que DARKTHRONE est devenu une machine commerciale après son second LP, puisque de toute façon, leur avis est faussé par leur propre prétention. Je n’arguerai pas non plus pour faire plaisir aux hordes de la qualité incroyable d’un album qui finalement, reste dans la moyenne d’excellence définie par le groupe lui-même. ANAAL NATHRAKH est toujours aussi grandiloquent, toujours aussi dingue, et par extension, toujours aussi unique. Alors il est évident que pour écouter cette musique sans tabous (la pochette absolument immonde à du beaucoup les faire rire, et promet pour la collection de T-shirts à venir), il faut s’immerger dans la culture de ce duo de Birmingham qui s’est échappé de l’asile il y a fort longtemps, et qui ne prend même plus la peine de s’introduire avec une intro (« Endarkenment »).
Après, que vous aimiez, que vous préfériez les anciens albums, que vous dénonciez le manqué de créativité, tout le monde s’en branle puisque le groupe continuera quand même. Comme tout le monde se fout de mon avis. Mais moi au moins, j’en suis conscient et je l’accepte, puisque la star des débats sera toujours ANAAL NATHRAKH, qu’on adule ou qu’on abhorre.
Titres de l’album:
01. Endarkenment
02. Thus, Always, to Tyrants
03. The Age of Starlight Ends
04. Libidinous (A Pig with Cocks in Its Eyes)
05. Beyond Words
06. Feeding the Death Machine
07. Create Art, Though the World May Perish
08. Singularity
09. Punish Them
10. Requiem
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