Endarkenment

Anaal Nathrakh

02/10/2020

Nuclear Blast

Je ne vois plus l’intérêt de chroniquer un nouvel album d’ANAAL NATHRAKH. Attention, ne vous méprenez pas, je n’écris pas cette assertion en voulant signifier que la musique des anglais n’a plus aucune valeur depuis longtemps, mais simplement dans le sens où une chronique du groupe n’apportera pas grand-chose au lectorat. Depuis 2001 et la sortie du monumental The Codex Necro, le duo anglais possède sa fanbase, ses détracteurs, et les deux camps s’affrontent régulièrement lors de joutes verbales, louant d’un côté les qualités intrinsèques et uniques de la formation, et dénonçant d’un autre son absence de prise de risques et son statu quo depuis des années. Et puis sincèrement, après plus de vingt ans de carrière et onze albums, que pourrais-je vous apprendre sur ce concept unique en son genre, qui en son temps a redéfini les règles de l’extrême, en n’acceptant justement aucune règle. Alors, la seule différence entre ce nouvel album et les précédents fut ses conditions d’enregistrement, puisqu’il a été conçu juste avant le confinement global, et qu’il est donc la dernière livraison du groupe dans ce qu’on pourrait appeler « une époque normale ». Mais le groupe le dit lui-même sur cet Endarkenment, « Create Art, Though the World May Perish ». Soit, continuer de pratiquer son art même si la fin du monde est proche. Je ne sais si cette prévision se vérifiera, mais 2020 étant la funeste année symbolisant la mort ou presque de la musique live, il est toujours rassurant de constater que les artistes continuent de produire des œuvres, espérant les défendre live un jour…Et en faisant un petit tour sur les différents webzines nous servant de concurrents, j’ai remarqué que le schisme ANAAL NATHRAKH était encore plus prononcé qu’avant. Nous avons à gauche les colonnes et leurs fidèles pointant du doigt l’attitude stérile du groupe, de l’autre ceux louant ses innombrables qualités orchestrales et sa propension à ne pas ralentir la cadence ni mettre la pédale douce sur la folie.

Certains sont même allé jusqu’à louer les qualités d’Endarkenment  qu’ils jugent comme étant le plus accrocheur du combo. Les autres, à contrario, estiment que Mick et Dave s’enfoncent de plus en plus dans la prévisibilité, n’offrant à leurs fans que de simples resucées d’albums déjà moyens. Osons le consensus entre les deux parties, et admettons que ce onzième chapitre de la saga la plus extrême n’apporte rien de neuf à la légende, mais qu’il conserve le niveau de qualité défini dans les jeunes années. On retrouve évidemment toutes les caractéristiques d’un groupe qui a renoncé à la moyenne depuis longtemps, cette propension à dramatiser les parties les plus puissantes, et ces variations qui vous fauchent en plein élan. Dave Hunt aka V.I.T.R.I.O.L. nous éblouit une fois de plus de ses capacités à changer de registre en une seule respiration, et Mick Kenney aka Irrumator lâche tellement de riffs qu’on arrête d’en faire le décompte assez rapidement. A New Kind of Horror avait déçu pas mal de monde, y compris des fans indécrottables, mais il semblerait que sans vraiment dévier de sa trajectoire, ANAAL NATHRAKH a redressé la barre pour éviter les écueils frappés de plein fouet il y a deux ans. Mais en dehors de ce plan de route un peu mieux défini, ce onzième tome des aventures les plus frappées de l’underground ne font que continuer un voyage entrepris il y a déjà longtemps, osant encore une fois mixer le Black, l’Indus, le Grind, le Metalcore pour nous pondre à un ballet de violence qui aurait pu illustrer un mash-up entre The Wicker Man et Midsommar. Plus mélodique sans doute, mais pas moins intense, ce nouveau pamphlet virulent craché à la face de la normalité n’est pas déstabilisant en soi, le duo n’étonnant plus vraiment qui que ce soit avec ses exactions, mais cette livraison de haine résonne comme la seule alternative viable à la normalité ambiante. Cette folie de tous les instants qui ose même fricoter avec les frontières nobles de l’Indus Black Symphonique trouve son pinacle dans les morceaux les plus équilibristes, qui acceptent le formalisme d’une programmation évidemment trop compressée pour être appréciée, et l’album finit par avoir raison de la nôtre, se montrant par trop intense pour être digéré en une seule fois.

Sans montrer de signe de faiblesse, ANAAL NATHRAKH ose quand même le vieux truc du tube imparable, et nous assomme d’un « Libidinous (A Pig with Cocks in Its Eyes) » qui éclate comme la barre de dynamite Metalcore qu’il est. Seul interlude « construit » de l’album, ce morceau ne justifie évidemment  pas le concert de louanges que les admirateurs du groupe feront de ce disque, mais il nous permet de reprendre nos esprits pendant quelques minutes, et ainsi de constater que Dave et Mick sont toujours aussi roublards, et qu’ils peuvent faire semblant de céder aux sirènes de la séduction sans perdre de leur amertume. Plus sombre que quelques-unes de leurs réalisations, ce nouvel épitre écrit en l’honneur du Dieu de la démesure ne choquera donc que les néophytes n’ayant jamais lu les livres de la légende, rassurera les fans les plus inquiets quant à la santé mentale chancelante de ses compositeurs, mais apportera de l’eau au moulin à ceux dénonçant la fumisterie ambiante, qui selon les avis, a commencé son travail de sape juste après la sortie d’Eschaton - dernier album potable selon les juges du bon goût - et qui depuis gangrène et transforme le groupe en mort-vivant tout juste bon à balbutier sa faim auprès de ses adorateurs qui continuent bêtement à le nourrir.

Je ne rentrerai pas en conflit avec ces esprits chagrins qui doivent aussi penser que DARKTHRONE est devenu une machine commerciale après son second LP, puisque de toute façon, leur avis est faussé par leur propre prétention. Je n’arguerai pas non plus pour faire plaisir aux hordes de la qualité incroyable d’un album qui finalement, reste dans la moyenne d’excellence définie par le groupe lui-même. ANAAL NATHRAKH est toujours aussi grandiloquent, toujours aussi dingue, et par extension, toujours aussi unique. Alors il est évident que pour écouter cette musique sans tabous (la pochette absolument immonde à du beaucoup les faire rire, et promet pour la collection de T-shirts à venir), il faut s’immerger dans la culture de ce duo de Birmingham qui s’est échappé de l’asile il y a fort longtemps, et qui ne prend même plus la peine de s’introduire avec une intro (« Endarkenment »).

Après, que vous aimiez, que vous préfériez les anciens albums, que vous dénonciez le manqué de créativité, tout le monde s’en branle puisque le groupe continuera quand même. Comme tout le monde se fout de mon avis. Mais moi au moins, j’en suis conscient et je l’accepte, puisque la star des débats sera toujours ANAAL NATHRAKH, qu’on adule ou qu’on abhorre.                       

                                                                                                                     

Titres de l’album:

01. Endarkenment

02. Thus, Always, to Tyrants

03. The Age of Starlight Ends

04. Libidinous (A Pig with Cocks in Its Eyes)

05. Beyond Words

06. Feeding the Death Machine

07. Create Art, Though the World May Perish

08. Singularity

09. Punish Them

10. Requiem


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 16/11/2020 à 15:18
80 %    1111
Derniers articles

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Gargan

Y’en a qui viennent ? (Dans la Vienne

02/05/2025, 21:44

Sleeping Church Records

Merci pour cette magnifique chronique !

02/05/2025, 08:30

DPD

Pourquoi, cher Caca, tu as des soucis toi avec les subventions ?

02/05/2025, 07:34

Caca

on en crève des subventions...

02/05/2025, 06:12

DPD

Reste Peste Noire qui chante en français.

01/05/2025, 23:53

DPD

Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)

01/05/2025, 23:51

Jus de cadavre

Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"

01/05/2025, 22:41

RBD

Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)

01/05/2025, 21:22

DPD

Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)

01/05/2025, 19:06

totoro

Le nouveau line-up est top ! Mais le morceau ne me fait pas grimper au rideau... Finalement j'aime Suicidal quand c'est plus Metal que Punk, avec les solis magiques de Rocky George. Bref, je suis un nostalgique, et même si je serai intéressé pour revoir le groupe sur(...)

01/05/2025, 17:54

Bl00db4th

Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle

01/05/2025, 16:57

Simony

Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)

01/05/2025, 09:15

Simony

Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...

01/05/2025, 09:11

fecal prout

@LeMoustre : ok boomer

01/05/2025, 06:58

LeMoustre

C'est a chier l'affiche

30/04/2025, 18:41

Whiskey

C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !

29/04/2025, 13:37

Humungus

Hâte ! Hâte !

29/04/2025, 11:03

Buck Dancer

Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad

29/04/2025, 08:26

DPD

Bordel on l'avait tellement bien,on s'est pas remdi compte.

29/04/2025, 02:34

DPD

Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.

29/04/2025, 02:27