Dans la série « j’ai bien suivi », je me retrouve aujourd’hui à chroniquer le cinquième album d’un groupe espagnol dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à lors. Pourtant fondé en 2006, ce combo originaire de Cordoue aurait dû me piquer les oreilles depuis longtemps, mais c’était sans compter sur la production pléthorique qui vous fait souvent passer à côté de choses intéressantes. Mais cette chronique sera l’occasion de souligner quelques points importants pour les SOLARYS, qui justement avec Endless Clockworks innovent dans deux domaines. Le plus anecdotique étant la signature avec un label d’envergure, Wormholedeath, qui mérite toutefois d’être mentionné ne serait-ce que pour le soutien qu’il apportera aux espagnols, mais en parlant de langue, ce nouveau chapitre de la saga permet aux musiciens de troquer leur castillan natal pour un anglais plus à propos, ce qui n’est jamais une mince affaire dans une carrière. S’exprimant donc dans la langue de Shakespeare, les SOLARYS en ont aussi profité pour donner un coup de jeune à leur style, qu’ils exprimaient avec foi depuis plus de dix ans. Sans représenter une cassure majeure selon les avis glanés sur la toile, Endless Clockworks fait montre d’un assouplissement général, et tranche quelque peu avec Namastë, publié il y a trois ans. Et après un éponyme en 2007, puis Invierno en 2009 et Tabula Rasa en 2013, les ibères gardent donc un rythme de croisière d’un LP tous les 2/4 ans, ce qui en fait l’un des groupes les plus stables de son pays. Stable certes, mais digne d’intérêt ? Oui, car la musique proposée en 2019 est tout à fait d’actualité tout en échappant à une catégorisation trop précise, empruntant quelques chemins passés pour se tailler une route glorieuse vers un avenir qu’on sent plus que clément. En choisissant de ne pas choisir, les espagnols pratiquent donc ce que l’on pourrait définir comme un Metal moderne, modéré, à la lisière du Power Metal, avec quelques nuances progressives, mais aussi Heavy qu’il peut l’être, sans négliger l’apport de mélodies très prononcées. Soit une convergence d’éléments très équilibrée, qui fait plaisir à l’oreille, à défaut de chatouiller l’âme.
Melting-pot donc, mais loin d’être anonyme ou complaisant, et plutôt le résultat d’années d’expérience et de goûts divers et variés. Le quintet (Javier Almagro – guitare, Andrés Mesones – basse, Rafael Navarro – batterie, Salvador Almagro – guitare et Manuel Lobo – chant), constitué de pointures dans leur domaine se permet donc toutes les citations, et évoque au gré des morceaux une version simplifiée de FREEDOM CALL, ANGRA, DREAM THEATER, LORDS OF BLACK, STRATOVARIUS ou SONATA ARCTICA, mais non vulgarisée pour plaire aux masses les moins exigeantes. Une musique de qualité donc, qui expose tous ses éléments dès l’hymne introductif « In a Hideout of a Tear », qu’on aurait pu indifféremment retrouver sur Falling Into Infinity, Freedom Call ou Crystal Empire. Tempi médium, dextérité, lyrisme, harmonies, puissance, tel est donc le cocktail préparé par les espagnols, qui s’il manque parfois de piment, ne manque jamais de saveur, malgré quelques poncifs replacés de ci de là. Empruntant à la vague Heavy/Thrash US ses riffs les plus denses (école METALLICA/JUDAS, testée et approuvée par DREAM THEATER) pour parfois flirter avec un Power Metal raisonné ( « Alter Ego »), tout en chipant à ANGRA/QUEENSRYCHE de quoi alimenter le bestiaire mélodique, SOLARYS prône une sorte de consensualité qui ne gêne personne, faisant tout de même montre d’un certain panache sur les rythmique assurées par le tandem Andrés Mesones/Rafael Navarro, toujours prompt à dégainer des plans percutants et incisifs. C’est ainsi que la basse claquante permet de dynamiser des refrains fédérateurs, brillamment mis en exergue par des inserts instrumentaux progressifs laissant place à des samples, et quelques arrangements plus bruts. C’est dans ces moments-là que le groupe se rapproche le plus du DT historique, avec cette aisance dans le durcissement sans nuire à la musicalité de l’ensemble, rappelant par là même les miraculeux Metropolis 2000 et autres Awake.
Et ce parallèle est loin d’être anodin tant SOLARYS fait tout ce qu’il peut pour s’inspirer de ses mentors, plaçant toujours le bon riff agressif au bon endroit, avant de le nuancer d’une harmonie vocale douce, mais pas sirupeuse pour autant. L’exemple le plus frappant en étant « The Last Door », qui durant ses deux premières minutes semble exhumé d’un recueil de leftovers de Petrucci and co, avant de suggérer une fascination pour le QUEENSRYCHE des années 90 de son refrain convaincant. En concentrant ses morceaux en moins de cinq minutes, le groupe a joué la carte de la sécurité, qui lui évite la redite et lui permet de se concentrer sur ses idées les plus porteuses. Concédons d’ailleurs aux compositeurs un flair incroyable pour emballer les intros dans une atmosphère particulière, chacune d’entre-elles méritant qu’on s’y attarde et évitant le piège de la mise en place un peu facile. L’une des meilleures étant celle du brillant « Faceless God », reposant sur des percussions inventives et un chant tout en retenue. En acceptant les chœurs d’arrière-plan, Manuel Lobo s’autorise un peu de souplesse, lui qui a souvent tendance à un peu trop miser sur le pathos de son interprétation, ce qui ne manquera pas de gêner les moins enclins au dramatisme. Mais peut-on reprocher à un chanteur de s’investir et de vouloir se mettre au diapason d’un excellent instrumental ? Non, et autant accepter le timbre de l’espagnol, légèrement féminin sur les bords, comme une osmose particulière entre André Matos et Pristine.
En 2019, la musique des espagnols est aussi pertinente qu’elle aurait pu l’être au début de leur carrière. Sans vraiment changer leur orientation, mais en acceptant de s’ouvrir au marché international en adoptant l’anglais, Endless Clockworks peut dès lors permettre à SOLARYS de tenter le coup du hit radiophonique avec « Recall », et de réussir son coup, sans sonner trop corrompu ou opportuniste. Le quintet se permet aussi des moments d’émotion plus ouverts, en réussissant le pari de signer une ballade évolutive (plus que progressive) avec « Deepest Dream », sur laquelle la voix veloutée de Manuel épouse merveilleusement bien les courbes de guitares moins tranchantes. Ce fameux côté progressif se note d’ailleurs plus dans la précision technique que dans les ambitions de structure, et « Solarys » de placer très intelligemment quelques plans notables, sans nuire à la cohérence globale. Toujours aussi attachés à la mélodie, les originaires de Cordoue jouent sur plusieurs tableaux mais n’en peignent qu’un seul, coloré, aux lumières éclatantes, mais aux nuances plus sombres indéniables. Sans être une révélation, ce cinquième LP est donc tout à fait recommandable, et se termine par une démonstration Power avec le cavalant « The Missing Mirror », qui reproduit à merveille tous les réflexes des influences citées plus haut. Une belle transition donc pour les SOLARYS qui leur ouvre grand les portes du marché mondial. Souhaitons juste que ces quelques concessions ne soient pas trop appuyées à l’avenir.
Titres de l'album :
01. In a Hideout of a Tear
02. Alter Ego
03. The Last Door
04. Faceless God
05. Recall
06. Deepest Dream
07. Broken Eyes
08. Solarys
09. The Missing Mirror
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