Conseil beauté : vous contactez de l’au-delà le père Karras, et vous lui demandez d’exorciser le MARDUK de Serpent Sermon, et vous obtiendrez avec un peu de chance la même ambiance que celle proposée par les finlandais de MARRAS sur leur deuxième album, Endtime Sermon. Deux ans après Where Light Comes to Die, le sextet est donc sorti de sa forêt de ténèbres pour nous offrir la primeur d’un Black Metal d’obédience classique, mais suffisamment mélodique et nostalgique pour intéresser les fans d’Ambient, et les amateurs de DSBM light, mais très nerveux. Et après quelques ajustements à l’optique 2021, c’est avec plaisir que nous retrouvons ce line-up performant (H – chant, Obscurus – chant/guitare, Lord M – guitare, Valgrinder – basse/synthés, Rohtnuc - synthés
Et Vilthor – batterie), pour un assaut de trois quarts d’heure, décomposé en plusieurs mouvements, scindés en deux axes : de longs morceaux furieux et de courts interludes harmoniques, structure qui n’est pas sans rappeler le démoniaque Demonoir de 1349, sans évidemment en copier la partition maléfique.
C’est donc une œuvre pleine et complexe que nous proposent les norvégiens, un de ces albums qui prennent du temps à s’installer, mais qui s’apprécient encore pleinement des mois après leur sortie. Bénéficiant d’une gigantesque production aux proportions symphoniques, Endtime Sermon mérite donc pleinement son nom de « sermon de la fin des temps », et ne se contente pas de relire des feuillets déjà largement usés par les pontes du cru. Encore jeune, le groupe fait pourtant montre d’une maîtrise impressionnante de la composition, une maîtrise exposée dès le morceau d’entame « Shadows Upon the Sacred Land » : intro venteuse avec cloche funèbre, temps orageux, avant l’explosion instrumentale et orchestrale, nous entraînant dans un univers classique et emphatique. Chœurs multiples, voix émergeant de la droite, guitare de la gauche, mixage heureux qui ne lèse personne, cris bestiaux, riff simple mais appuyé, mélodie bien glacée, l’ambiance est prenante, et lorsque la rythmique se met enfin en place pour l’accélération fatale, l’ouïe est déjà bien accrochée à la narration musicale. Le mélange des voix, très effectif, nous plonge dans le marasme d’un BM ambitieux, qui a les moyens de ses défis, et le constant assaut sonore ne vous laisse que peu de place pour prendre vos aises, à moins d’attendre ces fameux intermèdes mélodiques.
Avec un véritable travail de fond, les concepteurs se sont donc donné des objectifs nobles, mais difficiles à atteindre. Pourtant, l’album ne donne jamais l’impression de forcer, et tout semble couler de source. Assez symptomatique de la démarche globale, ce premier morceau donne le ton, montre les crocs, et dévoile l’agression dans sa plus pure essence. Peut-être pourra-t-on reprocher aux finlandais d’avoir placé le premier intermède aussi tôt dans l’album, la cassure étant un peu frustrante, mais bénéfique à l’ambiance de l’album.
Délicatesse du piano, entremêlement des voix, avant que le morceau éponyme ne nous replonge dans un BM à la suédoise/norvégienne. Entre mid tempo accrocheur mais malsain, et course de blasts sans limites, « Endtime Sermon » est un monstre de puissance, associant l’IMMORTAL le plus impérial au DIMMU BORGIR le plus orchestral, et on parvient même dans ce déferlement de violence à discerner des harmonies presque Folk, rapidement souillées par ce duo vocal vomitif au possible. Entre ces cris perçants et ces hurlements rauques d’arrière-plan, les textures qui s’empilent comme des squelettes dans une fosse commune, et les mélodies qui aèrent vicieusement le tout, l’air devient vite suffocant, mais la sensation ultime.
Très intelligemment, MARRAS varie le propos pour ne jamais se bloquer sur une brutalité constante, aménage des intros très bien troussées, baisse le son pour soudainement jouir d’une détonation démoniaque, utilise avec modération les effets pour créer un paysage sonore, et nous entraîne dans un cauchemar poétique de premier choix. Entre Heavy maladif et envies d’apocalypse (« From the Last Battleground »), ruades traditionnelles qui nous ramènent au passé de DARKTHRONE et MAYHEM (« Gathered To Rule »), et prophéties inquiétantes (« (2nd Prophecy) Last Judgement », entre CRADLE et KING DIAMOND), Endtime Sermon joue sur la diversité, et incarne un compromis intéressant entre le traditionalisme et une optique contemporaine non opportuniste. Pas de métissage, pas de Fusion, aucune tendance Post ni expérimentale, juste l’envie de raconter une histoire simple, mais de l’interpréter de façon complexe.
Souvent triste, noir et nostalgique, le BM de MARRAS s’offre quelques instants de pure beauté brutale, comme le cadavre d’une jeune femme allongé sur le marbre d’une tombe que personne ne fleurira jamais (« My Cold Grave »), mais aussi des moments de rage assez effrayants (« As Nights Get Darker »), avant d’affronter la fin des temps via le long et évolutif « From The Soot of Goahti ». Vraie déclaration d’intention, ce long épilogue démontre que les six finlandais font aujourd’hui office de sérieux espoirs de la scène, maîtrisant les codes à merveille, et proposant une musique vraiment personnelle, romantique, onirique, blasphématrice et pourtant envoutante. Jouant brillamment avec les codes du Gothique sans trahir les dogmes du Black, MARRAS nous laisse avec un sentiment de libération cathartique, et surtout, avec un arrière-goût de poésie dans les oreilles.
Titres de l’album:
01. Shadows Upon the Sacred Land
02. (1st Prophecy) Anointing of the Sick
03. Endtime Sermon
04. From the Last Battleground
05. Gathered To Rule
06. (2nd Prophecy) Last Judgement
07. My Cold Grave
08. (3rd Prophecy) Pestilence
09. As Nights Get Darker
10. (4th Prophecy) Viaticum
11. From The Soot of Goahti
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