A l’heure où j’écris cette chronique, la plupart d’entre vous s’affairent dans leur cuisine ou dans la maison pour y disposer les ornements d’usage et autres guirlandes électriques de bon aloi. Beaucoup sont encore au travail et attendront le dernier moment pour décorer la chaumière. Mais une question se pose, et même lorsqu’on est concentré sur le moindre détail : la playlist de la soirée. Certains l’auront soigneusement préparée sur les plateformes d’écoute en ligne, d’autres auront ressorti les vieux CD, et certains disposeront même des partitions sur leur pupitre pour reprendre des cantiques ou chanter en canon. Mais avouez-le, tout ça manque un peu d’originalité. Les tubes à la mode, les chansons dans l’esprit de Noël, les classiques, les psaumes, Tino Rossi, tout ça manque de piquant et d’ironie. Et pour vous sortir de ce marasme de conventions éculées jusqu’au slip du Père Noël, je vous propose le nouvel album des comiques allemands de PLASMA, qui nous offrent avec leur cinquième longue-durée la bande-son absolument pas idéale de cette période de fête. En effet, quoi de moins familial que du Goregrind et du Death Metal, mais là justement est le point essentiel : ne rien faire comme tout le monde, et célébrer la nativité avec force tripailles et autres histoires de viol de cadavre et de dissection. Sauf que les allemands, depuis leur second LP Creeping! Crushing! Crawling! ont changé leur obsession de créneau. Plus question ici de vagin purulent, de prurit contagieux, et de viscères à moitié pourries, mais bien de science-fiction des années 50, ce qui a le mérite dans le domaine de faire preuve d’un peu d’originalité.
Les PLASMA écument donc l’underground depuis plus de vingt-cinq ans, et ont largement eu le temps de roder leur recette de ragoût. Un maximum de splits, cinq longue-durée, une fascination pour le Gore vocal le plus immonde, et un flair certain pour trousser des ambiances. Ainsi, en 2020, le trio (Smoke - guitare/vomi, Schnaps - batterie et Ulfinator - basse/rots de bidet) nous offre donc ce plutôt pas frais Engulfed in Terror, qui ne présente aucun caractère inédit eu égard aux impératifs du Death à tendance Grind et Gore. Nous avons donc droit un an seulement après Ethical Waste à un nouveau festival de riffs sombres et d’atmosphères gentiment décadentes, et surtout, à un gargouillis vocal non-stop qui ressemble à s’y méprendre à tonton Jacques en train de rendre ses coquilles dans des toilettes abondamment bouchées par le caca de papy Maurice. Tel est le leitmotiv de cette musique unique qui depuis les années 90 a décidé de remplacer toute forme d’expression intelligible par un amas de borborygmes inhumains et autant accepter la règle, puisqu’elle est immuable depuis les premiers CARCASS.
Rien de nouveau sous le soleil germain donc, et encore une fois, une belle collection de samples en intro, tous tirés de films sci-fi estampillés fifties, avant que les instruments ne débarquent et n’écrasent les cafards géants de leur puissance. Sauf que cette fois-ci, le trio a mis le paquet, et a décidé d’honorer ses fans morts d’une heure de musique non-stop, histoire qu’ils ne se lèvent pas pour changer de face sur leur mange-disques. Soixante-deux minutes de Death à tendance Goregrind, vous savez ce que ça veut dire et ce que ça implique, d’autant que les morceaux ne font pas grand-chose pour se différencier les uns des autres. Le principe est toujours le même, sample, entame, bordel, régurgitation, et on passe au suivant. Le Death des allemands étant plutôt mid et raisonnable, on apprécie d’autant plus les rares incursions dans le Grind qui se montrent salement minoritaires et nous empêchent donc de nous éclater comme il se doit. Je le concède et je l’avoue sans honte, j’ai plus d’une fois cliqué sur la touche « next » de mon lecteur virtuel pour passer d’une tranche d’agonie à l’autre, ne pouvant admettre une heure complète de ce traitement de canalisation obstruée par des cheveux et autres cire de peau humaine en décomposition.
Je n’ai rien contre la reconstitution de la fouille des tuyaux chez Dennis Nielsen, mais une heure et deux minutes d’agonie mélodique me paraissent un peu excessives pour un style aussi extrême et répétitif que le Death/Goregrind, plus habitué la plupart du temps à saluer l’auditeur au bout d’une demi-heure. Certes, les trois acolytes connaissent leur métier, et leur nouvelle régurgitation dispose d’un son tout à fait correct, mais elle manque sérieusement de folie instrumentale, et fait preuve de trop de mesure. Quelques accélérations viennent nous extirper de notre torpeur, mais une fois parvenu jusqu’à « Rampaging Master-Beast », on a parfaitement compris le principe, et nul besoin de creuser plus en profondeur pour découvrir des trésors d’inspiration qui n’existent pas. L’amateur appréciera quelques passages bien écrasants en mid-tempo, comme le lick accrocheur de « Thundering Sea Giant », mais le chant rebutera évidemment la plupart des auditeurs potentiels, qui n’ont rien contre une bonne gerbe, mais qui la supportent difficilement aussi longtemps.
Une BO assez marrante pour un soir de réveillon, qui risque d’éloigner les convives les plus indésirables, mais qui fera beaucoup rire les enfants fans des premiers films de Peter Jackson. Et un, et deux, et trois, dégueule ton foie gras !
Titres de l’album:
01. Blotching Protoplasma
02. Raid of the Undead
03. Human Extermination
04. Martian Massinvasion
05. Crawling Giant
06. Unearthly Warfare
07. The Horrifying Horde
08. Eight legged Terror
09. Rampaging Master-Beast
10. Afflicted Zombification
11. Shattering Swarm
12. Test Tube Terror
13. Deadly Menace
14. Thundering Sea Giant
15. Atoms Gone Wild
16. Tremendous Terror-Beast
17. Hungering for Human Pray
18. Prehistoric Abomination
19. From Laboratory Into War
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