High Roller avait déjà fait une excellente opération en attrapant les MESSIAH dans leurs filets, et ils n’ont pas manqué de flair non plus en remontant les HEXX des abysses. Certes, le retour en force des OS américains avait légèrement déçu sur Wrath of the Reaper, qui revenait plus ou moins aux origines du son du groupe, mais gageons qu’avec cette deuxième réalisation post comeback, le groupe de San Francisco saura remettre les pendules à l’heure de la Bay Area historique. Si vous lisez avec attention mes chroniques, vous avez du remarquer que le nom de HEXX y est souvent employé dans des contextes différents, la plupart du temps par comparaison avec des combos Thrash assez underground mais aussi lorsque la thématique porte sur un Heavy/Power mélodique mais hargneux. Il faut dire que le groupe californien a connu une longue carrière, sinueuse, variée et en plusieurs actes, depuis sa création en 1983. HEXX fait en effet partie de l’arrière-garde métallique américaine, et à l’instar d’un LAAZ ROCKIT, a pratiqué un Metal pluriel qui a évolué avec les années pour se durcir en Thrash en fin de première partie de parcours. J’ai connu le groupe alors qu’Under The Spell heurtait le marché, et si cette musique puissance et mordante avait de quoi séduire, il m’a fallu attendre jusqu’en 1988 pour vraiment craquer, avec la publication d’un EP étrange, Quest for Sanity, qui montrait de sérieux signes de musculation. Pour être honnête, ce cinq titres reste aujourd’hui mon format préféré des américains, avec ses rythmiques linéaires et ses riffs roublards, même si le terminal Morbid Reality avait aussi fait bonne impression dans ma discothèque. Possédant tous les albums du quintet, je n’en reste pas moins fasciné par ce revirement Thrash de la fin des années 80, restant moins convaincus par des débuts trop harmonieux. Mais aujourd’hui, HEXX a trouvé son identité 2K en faisant le compromis le plus malin qui soit, mélangeant son histoire dans un shaker géant pour proposer un crossover de ses diverses époques.
Et autant avouer directement que ça marche, et à plusieurs niveaux. D’abord, parce que les compositions sont bonnes, et ensuite, parce que cette concession entre Power Metal fumeux et Thrash modéré fonctionne à plein régime, grâce à des instrumentistes qui connaissent leur boulot. Si dans les faits, Entangled in Sin ne révolutionne absolument pas la culture du Metal US, il en rapporte du passé ses lettres de noblesse, et se rapproche de quelques héros de notre jeunesse, les METAL CHURCH, LEATHERWOLF, FLOTSAM & JETSAM et autres HEATHEN, avec moins de brio il faut bien l’avouer. Le groupe tourne aujourd’hui autour de deux de ses membres originels, avec toujours Dan Watson à la guitare et John Shafer à la batterie, accompagnés depuis 2015 par Bobbie Wright à la seconde guitare et Eddy Vega au chant, accueillant aussi depuis 2018 le petit nouveau Don Wood à la basse, seul changement notable depuis le précédent LP. Et ce cinquième pourrait bien changer la donne, et extirper les HEXX du marasme d’indifférence dans lequel ils évoluent plus ou moins depuis le début de leur carrière, les fans ayant toujours eu beaucoup de mal à les situer, et à juste titre, et ne citant que de façon éparse leurs deux premiers albums comme des souvenirs anecdotiques d’une adolescence heureuse. Certes, le Metal joyeux et chantant des manifestants de la Bay-Area peut faire sourire en 2020, sonnant comme une redite de l’âge d’or du Heavy ricain, mais en surfant habilement sur la vague nostalgique, sans trahir leurs convictions, Dan et John pourraient bien tirer la queue du Mickey sur le manège de la chance, soutenus par le label le plus old-school disponible sur le marché. C’est sans doute pour cette raison qu’ils ont soigné leurs compos, qui ressemblent parfois à du JUDAS PRIEST américanisé, ou comme du METAL CHURCH légèrement énervé sur les bords, et donc susceptibles de séduire un public avide de sensations franches et true.
Le thrasheur regrettera sincèrement que le quintet n’ait pas gardé l’optique crue de ses deux derniers longue-durée pré-split, mais le metalleux des années 80 se réjouira de ce choix, spécialement lorsque ses vieilles oreilles tomberont sur « Watching me Burn » qui ouvre le bal avec suffisamment d’emphase pour lui rappeler ses sensations de jeunesse. Rythmique compacte, guitares en mode viril, chant suraigu mélangeant Udo et David Wayne, arrangements mélodiques entreprenants, et ambiance générale très Power Metal allemand de la fin des eighties, pour une prise de contact honnête et sans détour. On pense à du JUDAS PRIEST en stage chez les PRIMAL FEAR, mais heureusement, « Entangled in Sin » semble se concentrer sur les contretemps symptomatiques de Quest for Sanity, sans en retrouver la méchanceté suintante. Même lorsque le climat se réchauffe et que les murs transpirent, la mélodie n’est jamais très loin, et l’on sent que le désir du groupe n’est plus de se faire happer dans un vortex Thrash, mais de s’en approcher sans risquer d’y chuter. Il n’en reste pas moins que les titres ont de la superbe, qu’ils évoluent avec fluidité, et que le groupe montre une cohésion sans failles. Les fans du combo risquent de se retrouver le cul entre deux chaises, ne sachant pas très bien comment aborder cette synthèse globale, qui tente de séduire tout le monde tout en risquant de frustrer la fanbase. Mais rien à faire, l’album est convaincant, plus même que les deux premiers, et lorsque le tempo monte dans les tours, on retombe les deux pieds sur cette magie mordante de la première moitié des années 80 (« Vultures Gather Round »).
Pas de réelle surprise pour ceux ayant repris contact avec le groupe via Wrath of the Reaper, si ce n’est ce barreau d’échelle de la qualité grimpé, et HEXX l’a jouée fine en ne proposant que des morceaux assez courts, se permettant quand même quelques prolongations pour imposer quelques mélodies amères sur le très METAL CHURCH « Over but the Bleeding », ou au contraire gardant la concision brutale sous le coude pour nous asséner l’uber-violent « Internal Enemy » qui aurait largement eu sa place sur les LPs les plus Thrash du combo (et qui sonne encore une fois comme un hit de METAL CHURCH plus vrai que nature). La fin d’album permet d’offrir aux fans quelques friandises, et notamment des réactualisations d’anciens morceaux, dont deux nouvelles versions de « Night of Pain », et surtout « Terror », en compagnie du pote John Marshall, qui nous ramènent à l’époque de No Escape, avec un son plus durci, mais une attaque toujours aussi souple. HEXX prouve donc avec Entangled in Sin que son comeback n’avait rien d’un accident, et nous livre une performance très crédible, attachante, et attachée au Metal américain le plus ancré dans sa propre tradition. Sans aller jusqu’à la jubilation, cet album a un effet euphorique sur l’état d’esprit, et nous transporte loin dans le temps sans renier les bienfaits d’une production moderne. Belle réussite.
Titres de l’album:
01. Watching me Burn
02. Entangled in Sin
03. Vultures Gather Round
04. Beautiful Lies
05. Power Mad
06. Internal Enemy
07. Strive the Grave
08. Touch of the Creature
09. Wise To the Ways World
10. Over but the Bleeding
11. Signal 30 I-5 (CD Bonus)
12. Night of Pain (2020 version) (Bonus)
13. Terror (2020 version, feat. John Marshall) (Bonus)
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20