A partir du moment où vous vous revendiquez d’un style particulier, deux possibilités s’offrent à vous. En respecter les codes à la lettre, et publier des albums solides mais manquant désespérément d’originalité, ou traverser le Styx et intégrer à votre schéma des données extérieures pour essayer de vous démarquer de la masse. Le Death progressif et technique étant un sous-genre très cloisonné et peu réceptif aux influences extérieures, la seconde possibilité devient une gageure que peu savent relever avec panache (une poignée d’artistes, que tout le monde connaît déjà, point.), alors autant se fixer sur la première et essayer d’y insuffler une touche personnelle, une pression constante pour en atteindre l’excellence. C’est cette voie que les américains de NUCLEUS ont choisie, sachant pertinemment que révolutionner l’optique n’était pas forcément dans leurs moyens. Pourtant, en écoutant ce second long, on se dit que ces musiciens ont la capacité d’aller un peu plus loin que les figures du genre, puisqu’ils se montrent tout à fait capables de sublimer les gimmicks pour les transformer en accroches terriblement addictives. Fondé en 2012 à Chicago, Illinois, ce quatuor (Dave Muntean - chant/guitare, Dan Ozcanli - chant/guitare, Ryan Reynolds - basse et Pat O'Hara - batterie) a patiemment élaboré son répertoire pour ne pas griller les étapes, et c’est avec un mélange de satisfaction dans la confirmation et de plaisir de la découverte que nous accueillons donc le nouveau chapitre de leur histoire. En commençant leur carrière à pas feutrés, par le biais de démos et de EP’s (The Colony en 2013 et Hegemony en 2015), les quatre musiciens ont donc peaufiné leur optique, avant de se lâcher sur un premier LP (Sentient en 2016) qui faisait déjà montre à l’époque d’une aisance dans la brutalité intelligente, qualité qu’Entity confirme aujourd’hui par le biais le plus franc et direct.
Comment se targuer de jouer un Death technique et évolutif, sans se contenter d’accumuler les riffs et les prouesses, et ainsi se montrer roboratif et légèrement imbu ? Simple, en soignant ses compositions, et en proposant de véritables morceaux, et pas de simples assemblages en équilibre instable. C’est une leçon que les NUCLEUS ont parfaitement compris, et qu’ils mettent en pratique sur ces huit nouveaux titres. Se réclamant d’un chaperonnage d’importance (ATHEIST, CONVULSE, DEMIGOD, DEMILICH, TIMEGHOUL, INCANTATION, ADRAMELECH, ASPHYX, BOLT THROWER), les originaires de l’Illinois n’ont pas choisi la facilité, se plaçant sous l’égide d’icônes que le petit monde de l’underground brutal admire depuis longtemps. Si la pochette de ce second long évoque avec beaucoup de franchise les univers de VOÏVOD, NOCTURNUS et VEKTOR, la musique qui s’y cache est beaucoup moins prévisible. En se rattachant à la tendance sci-fi du mouvement, les NUCLEUS excentrent leur préoccupations, mais se placent d’eux-mêmes dans un petit créneau restrictif qui ne supporte ni les clichés, ni la facilité, mais en optant pour une superposition permanente de thèmes et de mélodies, les américains osent l’outrance et la démesure, et jouent pleinement le jeu, sans nous saouler de démonstration tapageuses et autres prouesses personnelles vaines et pénibles. On remarque bien évidemment l’importance qu’a pu avoir un groupe comme DEMILICH sur leur créativité, mais dès « Arrival » évaporé dans la stratosphère, on comprend aisément qu’on a affaire à des artistes compétents et farouchement indépendants, les guitares abattant un travail phénoménal dans la complémentarité, et la rythmique leur offrant l’assise nécessaire à leurs explorations.
Mais aucun doute. Ce sont bien Dave Muntean et Dan Ozcanli qui assurent le gros du show, se renvoyant constamment la balle entre abus de vibrato et mélodies amères, riffs énormes et crises de bending aigues. L’association des deux hommes fonctionne donc à plein régime, et offre à Entity cette homogénéité dans l’originalité dont il avait clairement besoin pour se mettre en avant. Légèrement toxiques, les harmonies se frayent un chemin entre les mailles d’un tapis de riffs tous plus efficaces et mémorisables les uns que les autres, classiques dans le fond, mais beaucoup moins dans la forme. Proposant un voyage aux confins de la galaxie Techno-Death, les quatre instrumentistes savent rester groupés et ne pas s’éparpiller dans de longues introspections stériles, profitant d’une production compacte et diffuse, mais à l’écho incroyablement puissant pour propager leur message. En six minutes, le combo étale ses qualités et les fait fructifier sur la table de l’agression et de la violence, rappelant parfois la froideur de la scène scandinave tout comme le psychédélisme déviant des VOÏVOD, pour une virée dans l’hyper-espace brutal en leur compagnie, et celle d’un MORBID ANGEL particulièrement bestial (« Entity », une leçon de brutalité effective qui va en laisser plus d’un dériver dans l’atmosphère…). Tellement graves et grondant qu’ils frisent la limite du Gore, avec ces vocaux semblant se faire l’écho d’une sonde perdue dans la galaxie et diffusant sa balise avec véhémence, NUCLEUS reste toujours dans les limites de la compréhension, même si les blasts, les accélérations, les bends hystériques et torture de vibrato font partie de leur vocable naturel. Du grand art ? C’est envisageable, mais surtout, beaucoup de flair dans l’agencement des morceaux qui leur évite la paraphrase bête et pas si méchante que ça. « Uplift » continue son travail de sape en respectant la trajectoire, mais « Mobilization » se permet justement un petit à côté, en plaquant des riffs ultra catchy qui le confinent presque au Thrash Death, signe que le groupe est prêt à certaines concessions pour rester pertinent.
Et en restant raisonnables (trois titres seulement au-delà des cinq minutes, et pas sans raison), Entity marque donc les esprits, d’autant que ses atmosphères sont plurielles (la lenteur oppressante de « Approach », qui suggère une fusion entre le PARADISE LOST des débuts et le MORBID ANGEL le plus lourd). On passe donc un excellent moment en compagnie de NUCLEUS, qui n’hésite jamais à brouiller les pistes (« Outpost » à la fois mélodiquement ludique et monstrueusement violent), et qui permet au Death progressif de ne pas marquer le pas, sans vraiment faire avancer la cause. Une sorte d’aller-retour dans le temps et l’espace qui ne peut laisser indifférent.
Titres de l’album :
1. Arrival
2. Entity
3. Uplift
4. Mobilization
5. Approach
6. Outpost
7. Dominion
8. Timechasm
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