Je parlais récemment de la propension des artistes estampillés « Grind » à se disperser et rechercher à tout prix des activités annexes. J’aurais aussi bien pu associer à ce constat les fondus Indus, les frappés Powerviolence, mais je n’aurais jamais eu l’idée de le compléter avec les instrumentistes Thrash. Mais que voulez-vous, les temps changent, et s’il fut une époque lointaine ou la formation en trio, quatuor ou quintette était indispensable pour se prendre pour SLAYER ou DESTRUCTION, celle-ci est révolue, sans doute grâce aux nouveaux moyens numériques disponibles.
La preuve ?
Vivante, celle d’Anders Lindberg, musicien qui jusqu’à hier m’était parfaitement inconnu. En lisant sa courte bio sur la page Facebook officielle de son projet GASLARM, j’appris que l’homme signait là un side-project, en marge de son implication dans THE PORRIDGEFACE, AGE OF NEFARIOUS, EXCÖRIATOR & HEADQUAKER. Ne connaissant pas non plus les combos en question, je recherchais donc quelques renseignements sur la bible Encyclopedia Metallum, pour finalement découvrir que les dits groupes étaient en fait presque tous des one-man bands, à l’exception d’EXCÖRIATOR, seul quatuor du lot.
Et finalement, je compris rapidement qu’Anders était du genre à tout faire seul dans son coin, au sein de THE PORRIDGEFACE (le seul avec une discographie conséquente depuis 2006, malgré une formation en 1991), ou de GASLARM qui – tenez-vous bien – en est à son troisième album depuis le début de l’année 2017.
Vous avez dit prolifique ? Pléonasme…
En continuant à ce régime, Anders va finir par accumuler une liste de parutions aussi fouillée que les plus productifs maniaques du Grind, à la différence près que le musicien ne se contente pas de torcher une vingtaine d’odes aux blasts par LP. Il prend le temps de composer de vrais morceaux, et à l’écoute de cet Environmental Disaster, on se retrouve légèrement admiratif tant la quantité rime avec qualité.
De Grind il n’est donc pas question, mais bien de Speed, et même de Thrash, avec quelques légères touches de Heavy et une bordée de mélodies mémorisables qui auraient fait un carton il y a trente ans, à l’époque où la Suède préférait envoyer au front ses meilleurs représentants Hard-Rock.
On sent que le guitariste scandinave a du bagage culturel derrière lui, et inutile de dire qu’il assure dans tous les compartiments instrumentaux. Si sa musique se veut simple et directe, elle n’en est pas pour autant simpliste, même s’il n’est pas du genre à tourner autour du pot.
A une exception notable toutefois, celle de l’ouverture « Revenge », qui s’amuse beaucoup de ses onze minutes et trente-trois secondes, pour nous offrir un joli passage en revue des talents du compositeur. Intro médium qui distille de sympathiques harmonies presque Folk, et déroulé à la Speed/Thrash mode en vogue in 1988/89, lorsque les HELLOWEEN étaient encore les rois du monde, que RISK s’amusait beaucoup avec son Ratman, que les SCANNER nous faisaient le coup du tour de l’univers, et que DEATH ANGEL opérait un beau virage à 90° pour réviser et Heavyser son Metal.
Mais loin de se contenter de revisiter les grands classiques, GASLARM/Anders nous propose sa vision des choses, avec un léger décalage temporel qui se ressent jusque dans la production. Cette dernière, bien loin des canons contemporains de «gros son », préfère une approche plus passéiste, et gonfle les médiums tout en gardant une approche sobre dans les graves. Le son des guitares grésille donc comme aux plus grandes heures de gloire de la déferlante allemande des mid eighties, à tel point qu’on a parfois le sentiment de se plonger dans un inédit studio des LIVING DEATH (« Gyroscope »).
Mais Anders n’a pas la voix aussi horripilante que ce cher Thorsten Bergmann, et laisse son gosier coincé dans un registre assez intermédiaire, ni vraiment mélodique, ni complètement rauque. Ce qui convient d’ailleurs parfaitement à ses compositions, qui elles aussi restent dans une moyenne de violence raisonnable, et dont le ratio harmonies/saccades est plutôt neutre.
En parvenant à ce stade de lecture, vous vous dites certainement que cette chronique sent le consensuel à plein nez. Pourtant, elle reste très honnête et à l’image de ce musicien décidément très sympathique qui a décidé de suivre sa route sans se préoccuper des autres. Mais mis à part une certaine propension aux automatismes Speed/Thrash qui l’obligent à revenir sur les mêmes thèmes, je ne vois rien de fondamental à critiquer sur cet Environmental Disaster…
Certes, je n’ai pas eu l’occasion de poser mes oreilles sur Mind Pollution sorti en avril ou Life’s a Bitch publié en mai, et peut-être sont-ils tous deux similaires point par point, mais en tant que sortie indépendante, ce troisième LP tient largement la route, bien mieux même que nombre d’albums officiels de groupes confirmés dont la presse et les fans se font des gorgées chaudes.
Et si « Kill The Beast » fait cruellement penser à un résumé de la carrière « chant aigu » de RAGE, en beaucoup plus agressif, si « Crush The Stars » se plait à tendre un fil entre BLIND GUARDIAN et TESTAMENT, sans vraiment les relier, « 1066 » résonne d’un Folk Thrash assez proche de SKYCLAD, tandis que « You’re The Cause » aurait fait merveille sur un des premiers témoignages vinyliques de la vague Californienne.
Je concède, le tempo est souvent bloqué sur le même nombre de BPM, les riffs sont parfois de la même famille, le son est de temps à autres un peu flottant, et la voix d’Anders ne tombe pas toujours pile, mais ces défauts, en définitive, jouent en faveur de l’artiste, et ajoutent un cachet nostalgique à l’ensemble qui n’en manquait déjà pas à la base.
Alors, quelle posture adopter face à un musicien qui n’a de cesse de produire, et qui ne parle pas pour ne rien dire ? Le remercier, et le féliciter pour ce don inné qu’il partage avec nous au travers de ses productions. Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir enregistrer trois albums en quelques mois et de pouvoir prétendre à une telle qualité dans la profusion, alors ne nous montrons pas hautain, et saluons l’effort pour ce qu’il est.
Pour faire plus simple, admettons qu’Environmental Disaster est un très solide LP de Speed/Thrash, et qu’il mérite largement sa place dans ces colonnes.
Bravo Anders, et…rendez-vous le mois prochain ?
Titres de l'album:
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