Eaglewing - Eaglewing
Matinée format court, puisqu’ils se multiplient cet été 2024. Et nous ouvrons le bal avec une sympathique formation américaine, originaire de Denver, qui nous propose son premier EP qui ressemble quand même pas mal à un single. Deux titres et puis s’en retournent dans le Colorado, tel est le menu chiche proposé par les EAGLEWING, dont le look et la pochette ne font pas grand mystère de leur passion pour la nostalgie.
Laquelle ?
Celle de la mythique NWOBHM évidemment, mais aussi celle qui a foudroyé des compilations US comme Metal Massacre. Un joli mélange donc, pour une foi sans failles en une rythmique galopante et quelques riffs classiques. En fermant les yeux, et en les ouvrant rapidement sur les photos promo du groupe, on se croirait revenu à l’époque bénie des premiers défricheurs américains, ceux que l’on retrouvait sur la légende Metal Blade avant qu’elle ne devienne une légende.
Deux titres, c’est peu, mais ça suffit à comprendre que Steve Harris a encore fait des émules outre-Atlantique, spécialement en dégustant l’épique « Hellraiser Wild », qui bouge des doigts sur les cordes graves, et qui saccade à outrance pour évoquer la cavalcade d’un cheval en pleine représentation. On aime évidemment cette franchise, ce lyrisme exacerbé, cette violence maîtrisée, et ce chant aigu s’envolant dans le ciel comme un aigle avide de liberté.
Un niveau de qualité largement suffisant pour s’y intéresser, et des allusions à ces délicieuses maquettes qui ont fait l’histoire de cette FWOAHM, lorsque les labels indépendants naissaient sur tout le territoire. Un peu d’Europe pour la bonne bouche, mais une attitude résolument US, pour un premier EP au caractère fougueux, presque Progressif, mais en tout cas très évolutif. Des soli propres, une énergie indéniable, et une foi indiscutable font de cet Eaglewing une mise en bouche très capable, qui va je l’espère découler sur un premier longue-durée aussi passionné.
Titres de l’album:
01. Eaglewing
02. Hellraiser Wild
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Torpedo - U-666/Drowning At Midnight
Un deuxième EP format single, pour un nouveau concept suisse assez corsé. TORPEDO est encore une énigme à ce jour, puisque ni line-up, ni site officiel ou non ne sont prodigués sur les bibles référentielles du Net. Dommage, on aurait aimé en savoir plus sur ce concept détonnant, qui se plaît à traduire l’impulsion d’EXCITER et ABATTOIR dans un langage plus ordurier et moins policé.
TORPEDO est donc le parangon de cette activité underground, ce terrain fertile où poussent les idées les plus viles et noires. Signé sur un label national fasciné par les tumeurs les moins opérables, U-666/Drowning At Midnight est un deux-titres focalisé sur un épisode très précis de la deuxième guerre mondiale, et l’un de ses bâtiments les plus redoutables. Car nulle allusion au diable dans ce « U-666 », qui traite du cas d’un sous-marin allemand, et dont Wikipedia vous en dit plus long à ce sujet :
L'Unterseeboot 666 ou U-666 est un sous-marin allemand (U-Boot) de type VIIC utilisé par la Kriegsmarine pendant la Seconde Guerre mondiale. Le sous-marin fut commandé le 15 août 1940 à Hambourg (Howaldtswerke Hamburg AG), sa quille fut posée le 16 septembre 1941, il fut lancé le 18 juillet 1942 et mis en service le 26 août 1942, sous le commandement de l'Oberleutnant zur See Herbert Engel.
Il fut porté disparu dans l'Atlantique Nord, en février 1944.
Voilà pour la petite histoire, et le reste n’est que conjectures et suppositions. Mais ce qui est bien réel, c’est cette musique sans pitié que l’on affublera de l’étiquette de Speed infernal pour ne heurter aucune sensibilité. C’est joué gras et sauvage, ça se veut assez rapide mais compréhensible, et c’est finalement plutôt agréable, malgré un indéniable conformisme. Mais une production très roots renforçant l’aspect rudimentaire du solfège permet de s’agripper à cette nostalgie fielleuse, qui animera les cauchemars des passionnés d’histoire. La petite faisant la grande, comme il se doit.
Titres de l’album:
01. U-666
02. Drowning at Midnight
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Zepter - Inferno
Passons à quelque chose de plus conséquent niveau durée, avec le premier EP des autrichiens de ZEPTER. Projet assez mystérieux avec très peu de ressources disponibles, ce quatuor impétueux (Tobias Hochwagen - basse, Alex Nemeth - batterie, Lukas Götzenberger - guitare/chant et S. Bolda - guitare) s’épanouit dans un Heavy Metal très passéiste, connoté première moitié des années 80, et comparable à des références comme DIAMOND HEAD, BUDGIE ou même les moins connus QUARTZ.
Du Heavy rapide en bonne et due forme, pour quatre morceaux bien construits, énergiques, puissant et très intelligents.
On se demande même ce qui a empêché les australiens de pousser le bouchon un peu plus loin. ZEPTER avait semble-t-il les moyens de nous offrir un album complet, au lieu de lâcher une tape remplie de la même façon des deux côtés. Quelques morceaux en live eurent été appréciés, mais même en l’état, ce premier format moyen a largement de quoi séduire les fans d’un Heavy Metal pur et sans artifices.
Basé sur un principe d’alternance rythmique, Inferno est tout sauf un enfer pour qui aime son Metal rétrograde mais bien exécuté. Le title-track, judicieusement placé en ouverture permet un démarrage en trombe, en mode NWOBHM explosive et sans retenue. On est immédiatement happé par ce vortex d’énergie qui ne laisse rien traîner sur son passage, et comme les musiciens connaissent leur boulot, le résultat est aussi propre que probant.
Quelques citations THIN LIZZY dans les tierces de guitare, des riffs massifs mais parfois plus ouvragés, le panorama est plaisant, et la chaleur diffuse. « Crushed By The Sword » revient dans le giron d’un mid tempo qui permet quelques audaces d’arrangements, avec en exergue cette voix noyée de réverb’ qui semble venir de la fin des temps, et ces quelques fills de batterie diaboliques et accrocheurs.
Hard n’Heavy quand il le faut (« Precise Radars » qui donne envie de se trémousser), mais old-school jusqu’au bout du médiator et des baguettes, ZEPTER est un nouveau VRP en souvenirs agités, et qui ne se moque pas de nous avec du matériel bon marché. On gardera pour la bonne bouche le final à la early MAIDEN de « Inquisitor », qui dégénère vite en Metal torride, mais toujours mélodique. Une carte de visite qu’on garde précieusement, en attendant des présentations plus officielles.
Titres de l’album:
01. Inferno
02. Crushed By The Sword
03. Precise Radars
04. Inquisitor
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Drowning In Blood - You’ve Won... But At What Cost?
Un titre qui fait penser immédiatement à MEGADETH, une pochette qui a de la gueule, une provenance qui attise la curiosité, pour un premier EP après une démo initiale distribuée il y a trois ans. Les canadiens de DROWNING IN BLOOD ont donc bien préparé leur grand soir, pour qu’il se déroule sans accrocs ni mécontentement. Pour autant, nous noyons-nous dans le sang comme ce baptême semble l’indiquer ? Oui et non, puisque les options choisies par le quatuor sont plutôt raisonnables, et proches des dogmes les plus souples du Thrash américain et canadien.
Christophe Michaud (guitare/chant), Noah Muller (batterie), Mathieu Brunet (basse) et Justin Boisvert (guitare) n’en restent pas pour autant sur le terrain bien balisé du Thrash contrôlé. Si « New World Disorder » pourra être apprécié par les fans les plus modérés, « Resist, Revolt! » change la donne avec son tempo qui s’envole, et sa guitare solo qui se laisse aller à faire chauffer le turbo.
Solide donc, mais aussi un minimum créatif. On reconnaît bien la patte canadienne sur ce coup-là, bien préparé, bien huilé, et parfaitement dosé. On prend acte de ce véritable amour envers un style qui déteste la facilité d’une copie trop fidèle, et en quatre minutes et quelques, You’ve Won... But At What Cost ? justifie son existence avec aisance.
Quelque part entre Dave Mustaine, Gary Holt et Robert Gonnella, DROWNING IN BLOOD se sent comme un poison dans l’eau, et s’infuse dans notre organisme pour en prendre le contrôle. Cette science exacte du beat qui louvoie est l’apanage des plus grands, et on sent que le quatuor va devenir une référence sur la scène old-school internationale. Et c’est le très bien balancé « Liberation » qui nous le prouve avec son mid tempo hargneux et ses syncopes à a MEGADETH des jours rouquin teigneux.
Ne manquait qu’un hymne pour parfaire le tableau, et c’est évidemment « You’ve Won… But At What Cost? » qui endosse le costume, avec une fois encore des variations pertinentes et des virages négociés avec prudence. Beau travail messieurs, et continuez de composer dans cette lignée. Vous devriez accoucher d’un premier album très prisé.
Titres de l’album:
01. Redemption
02. New World Disorder
03. Resist, Revolt!
04. Liberation
05. You’ve Won… But At What Cost? (Intro)
06. You’ve Won… But At What Cost?
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Hell Winter - Painting in Black
Il le dit lui-même, cet EP est composé de quatre morceaux de pur holocauste Black Metal. C’est un peu péremptoire, surtout lorsqu’on n’est pas très connu, mais ça a le mérite d’être clair…et vrai. Celui qui se surnomme très humblement The King s’appelle en réalité Federico Romano, et se révèle très photogénique si j’en crois la pochette de cet EP digital. Mais loin des canons de beauté, Federico est surtout un musicien omnipotent, puisqu’il endosse toutes les responsabilités instrumentales.
Soit un one-man-band de plus.
De trop ? Non, car si le BM de notre ami transalpin est très classique, il n’en est pas pour autant dénué d’intérêt, loin de là. Dans un registre traditionnel norvégien retapé européen, Painting in Black se montre très convaincant, et suffisamment performant pour mériter votre intérêt. Loin de la purge en blasts de grumeaux, cet EP cherche à séduire les amateurs d’extrême, peu importe leurs horizons, ce que souligne avec beaucoup d’à-propos le hit morbide « Damnation » qui n’est pas sans évoquer du vieux CELTIC FROST repris par un SATYRICON plus bridé qu’à l’ordinaire.
Quatre titres qui ont tous leur humeur et leur couleur, voilà qui est rassurant. Les ambitions affichées par The King auraient même pu s’étendre sur longue durée tant ses chansons ont de quoi attirer, mais puisque le format moyen a été choisi, le produit n’en est que plus concis.
« Shadows of the Fjord » propose d’ailleurs un joli panel d’émotions, passant avec de belles transitions d’une attaque rude et figée à un intermède mélodique lancinant et nostalgique. Le son clair permet d’apprécier la finesse de création et d’exécution, et on se prend même à rêver d’une belle carrière, objectif amplement mérité.
A l’aise dans tous les sous-genres du Black classique, HELL WINTER convainc, se permet quelques arrangements ludiques, mais finit au cordeau et en tête. Sans vraiment rechercher la petite bête qu’on ne trouve jamais, Romano se présente avec les formes et la manière, et signe une entrée en matière très probante et séduisante. Et maintenant, on se remet au boulot pour accoucher d’un vrai et long brûlot.
Titres de l’album:
01. Frozen Abyss
02. Damnation
03. Shadows of the Fjord
04. Eternal Frostbite
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Tarfania - Stille Nacht
Je triche un peu sur ce coup-là, puisque Stille Nacht est loin d’être la première œuvre de TARFANIA. De très loin même, puisqu’en seulement deux ans, le concept allemand a déjà mis sur le marché un nombre conséquent de formats, allant du single au longue-durée. Mais ce nouvel EP est le premier produit en 2024, alors que la fanbase attend patiemment un troisième album logiquement mérité.
L’énigmatique Astaroth, déjà aux commandes d’un projet du même nom et géniteur d’au moins six ou sept autres engeances, nous propose donc une petite vingtaine de minutes en sa compagnie, rude, misanthrope, et plutôt formelle. En gros, du BM à la nordique, mais rigidifié pour épouser les contours de la brutalité germaine, l’une des plus âpres du monde.
Et la sensation est loin d’être désagréable. Si Stille Nacht sent l’amuse-gueule à plein nez, il n’en est pas moins hypnotisant de son agencement tout sauf classique. Et avec un morceau d’intro aussi martial que grandiose comme « Nebelmoor », qui rappelle l’architecture allemande écrasante de l’entre-deux guerres, l’auditeur est immédiatement pris au col et impressionné par les proportions.
« Gefrorene Seele » prend la suite avec une belle énergie, et développe des croquis traditionnels, mais précis. « Krieg meiner Selbst » à l’inverse joue la complexité et la densité, et survole l’héritage Black de ces quarante dernières années avec beaucoup de panache. En trois morceaux, le leader prouve sa valeur, et en confère à son œuvre qui devient de plus en plus pléthorique.
Sans aller débusquer les hordes avant-gardistes, TARFANIA reste bien congelé dans sa couverture old-school, mais ne rechigne pas à se lever pour aller chercher un café. Ainsi, « Ende Einer Ära » suggère une gestuelle hachée et rapide, et un plongeon pour rejoindre la nuit éternelle. De fait, « Es Verblasst » est un baiser nocturne qu’on pose sur un front froid, un soir de décembre.
2024 devrait encore entendre parler de TARFANIA, qui a pris l’habitude d’un longue-durée par an. Je l’attends de pied ferme.
Titres de l’album:
01. Nebelmoor
02. Gefrorene Seele
03. Krieg meiner Selbst
04. Ende Einer Ära
05. Es Verblasst
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Put Me Out - Tales Of Torture
Je ne pouvais décemment pas refermer ce dossier sans aller faire un petit tour en Suède. Et le grand gagnant de la loterie nordique est donc PUT ME OUT, jeune combo très agressif, et passablement énervé. Ces quatre musiciens originaires de Vänersborg (Andreas Fäldt - basse, Tobias Haarala - batterie, Eric Junged - guitare et Mattias Bolinder - guitare/chant) nous proposent donc une petite dose de Death/Thrash plutôt enragé et complètement allumé. D’ailleurs, c’est déjà le deuxième EP de la formation en 2024, et cette constance méritait d’être soulignée.
Mais alors, que contient ce Tales Of Torture, qui nous promet sévices sur services ? Trois titres, dont un lapidaire et lunaire, et beaucoup de cruauté, un son très épais, une réelle volonté de revisiter les canons, pour tirer à boulets rouges sur la vague nostalgique thrashy.
J’ai beaucoup aimé ce petit intermède. Ces trois chansons sont tellement possédées qu’on se demande à quel moment Lucifer va sortir du casque, mais en même temps, très étudiés et peaufinés pour bénéficier d’une aura personnelle. Ainsi, le plus tétanisant du lot, « Collector » dépeint avec beaucoup d’acuité les activités d’un fétichiste morbide contemplant sa collection de crânes humains. On peut presque sentir la vieille cave, et entendre les cris d’une victime promise à un sort peu enviable. D’autant que le fétichiste en question se présente en entonnant un monstrueux « Original Nightstalker », qui fait office de CV très fourni et documenté.
Et j’enrage d’avoir dû laisser la troupe s’en aller après une petite dizaine de minutes. Son Death/Thrash est si intense qu’un premier album devient nécessaire, si tant est qu’il parvient à reproduire l’essence même de ce format court. Car « Obsession of the Flesh », teigneux et limite cannibale est certainement l’une des expériences les plus sauvages que vous pourrez tenter cette année. Des chœurs ignobles qui imitent les bruits de la savane, des riffs prétexte qui galopent comme des gazelles, une rythmique affolée et affolante, pour un chanteur qui ne fait pas semblant de grogner.
PUT ME OUT veut sortir de sa cachette pour envahir le monde et le réduire en poussière. On ne peut qu’être d’accord avec un tel projet.
Titres de l’album:
01. Original Nightstalker
02. Obsession of the Flesh
03. Collector
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