Ronnie James hululait « Holy Diver », mais je ne suis pas certain qu’il parlait le Canadien, ni qu’il connaissait les groupes du cru.
De toute façon, il n’aurait jamais pu connaître le trio HOLY GRINDER, puisque trop d’années les séparaient en fait, et finalement, c’est aussi bien pour lui, et pour sa mémoire.
Il ne s’en serait jamais remis, puisqu’il ne comprenait déjà pas le barouf des NAPALM que son jeune guitariste Rowan Robertson trouvait « rythmiquement intéressant ». Le pauvre, s’il avait pu se douter que tout ça serait allé encore plus loin, vite, fort, et n’importe quoi…
Mais là est tout le côté fun de la chose Grind qui n’hésite jamais à pousser le bouchon trop loin, au point parfois de se repentir de gargouillis Gore enregistrés avec un micro au-dessus d’une casserole de tripes bouillantes. Sauf qu’ici, il n’est pas question de Gore, mais bien de Noise, ce qui au demeurant n’est pas plus rassurant.
Sinon, plus prosaïquement, les HOLY GRINDER sont trois selon leurs photos promo, viennent de Toronto, et ont déjà pas mal de valises explosives sous leurs bras, disséminées un peu partout dans le monde pour propager la bonne parole du Grind bourru, touffu, et complétement bordélique dans le rendu. Nous parlons bien sûr de Noisegrind, donc nous savons plus ou moins à quoi nous avons affaire, mais admettons que ce trio Canadien s’y connaît encore mieux que les autres dans son affaire.
Relayé en tape via les services de copie du label local Why Gang Records (des rois du DIY à bande), ce Ep/LP/7’’ publié en fin d’année dernière connaît donc un second souffle putride en cassette, ce qui vous permettra (ou pas, puisque je pense l’objet déjà épuisé) de découvrir une nouvelle force en présence dans le petit monde sclérosé du Grind à tendance foutraque, qui ose le mélange entre l’Anarcho-core des débuts de Birmingham, de l’Indus de la même période et situation géographique, de l’Ambient sadique et du Grind horrifique, le tout traité à la sauce abrasive genre MERZBOW en ballade avec les FULL OF HELL pour une bordée de hurlements stridents supplémentaires.
Tout ça fait assurément mal aux oreilles, très, et n’ose pas aller plus loin que la poignée de minutes de torture. Enregistré à Londres (quand je vous parlais des origines géographiques…), cet Eradicate All Scum se propose en effet de nous débarrasser de la vermine globale via un médium fort en décibels et stridences, qui ose même parfois le son de batterie de Mick Harris début de carrière sur fond de tripatouillage intense digne d’un HEAD OF DAVID schizophrène en urgence («Eradicate All Scum », Doom, glauque, Indus, lancinant, répétitif, et finalement, assez cathartique).
Mais pour être honnête, précisions d’emblée que les trois malfaisants aux commandes de la bête ne sont pas des débutants, et qu’ils viennent d’horizons divers mais similaires, faisant partie d’entités aussi indispensables que néfastes, comme les GOTH GIRL, WAR BALM et THE BLIND SURGEONS OPERATION, aussi distribués sous le manteau par Why Gang Records.
De la bouteille donc, et un désir commun de rester malsain, en malmenant une énorme basse qui fait planer les fréquences et trembler le béton, pendant que le chant se veut cri de furie bien grognon, enregistré façon Raw Black à la maison.
Et au final, un résultat assez proche d’un mix entre le ND de From Enslavement et du BOLT THROWER d’In Battle, revu et corrigé par l’armada Noisy Japonaise qui ne tolère aucune limite dans l’expression bruitiste.
Tout ça passe très vite et paradoxalement fait durer le malaise, avec une grosse poignée de morceaux lapidaires et quelques séances un peu plus étirées, histoire de vous faire encore plus mal.
Ça flirte parfois avec le Drone, mais c’est le plus souvent caverneux et sec, comme un écho qui se répercute dans votre tête pour vous coller la plus salée des céphalées (« Flesh Prison », « Deconstruction », un diptyque d’intro aux transitions bien sadiques et stridentes), c’est Grind et bref comme c’est Death Noise et vilain (« Mind Control », dans le genre démo 88 de NAPALM enregistrée dans le métro), mais ça a le mérite d’être franc et de ne pas trembler devant les arguments déviants annoncés (« Noise I » en effet, pas de tromperie sur la marchandise dans le style « sons irritants répétés sur fond de hurlements de dément »).
Sauf que même quand ça mule, ça reste accrocheur et surboosté par une basse qui pousse les murs sans les faire tomber (« Dead Cop », ou comment faire cohabiter dans deux mètres carrés les SWANS et SORE THROAT) et qu’en plus ça finit sur un hymne repoussant, qui réussit le pari d’unir dans un même élan Black vraiment dégoutant et Grind/Noise repoussant (« Holy Grinder », c’est vraiment, mais vraiment pas beau tout ça).
Non, sérieusement, c’est pas sain. Je sais bien que les Canadiens sont gentils dans le fond, mais propager des trucs pareils hors de leurs frontières, ça ne va pas aider à l’union des peuples frères. Mais c’est ainsi, et si le bruit, la fureur, les cris et le malheur traités façon Grind compacté et concassé de vices Indus et Noisy Ambient vous permet d’exorciser des années de frustration alors emparez-vous d’Eradicate All Scum
C’est plus efficace qu’une thérapie qui vous coutera bonbon.
Titres de l'album:
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30