Je les ai découverts tout à fait par hasard sur une plateforme quelconque, mais je ne regrette pas la rencontre musicale. Venant de Washington, D.C. les NØ MAN proposent un mix intéressant entre Hardcore et Noisy Rock, quelque part entre FUGAZI, les SEX SNOBS et les CLOSET WITCH, avec cette petite touche de froideur qui caractérise tous les groupes venant de l’état de Washington. Mais la froideur n’implique pas forcément la rigidité, et ce second LP ou EP ne manque pas d’émotion quelque part, même si elle semble glacée au toucher des tympans. Pas énormément de bio à se mettre sous les yeux, puisque le groupe est avare d’informations, mais ces vingt-deux minutes de violence méritent largement qu’on s’y attarde sans en savoir beaucoup plus sur leurs créateurs. Quatuor (Maha Shami, Matthew Michel, Pat Broderick & Kevin Lamiell), drivé par une chanteuse qui vide ses tripes à chaque inflexion, NØ MAN est l’archétype de groupe qui joue cru, dru, direct et sans fioritures. Faisant le lien direct entre la scène Punk/Hardcore des années 80 et les productions plus denses du nouveau siècle, Erase est un concentré de colère découpé en chapitres courts et percutants, usant de riffs sombres qu’on croirait empruntés à la scène suédoise, de dissonances symptomatiques de cette mouvance Noisy, et de breaks lourds comme un ciel chargé de désespoir. Généralement, le groupe refuse de s’éterniser au-delà des deux minutes, mais parfois, les concessions effleurent et nous donnent des moments de sensibilité Post-Hardcore et Ambient, du moins sur quelques secondes, mais qui prouvent que les américains ne sont pas que des brutes pour club enfumé et moisi.
Il n’y a rien de nouveau là-dedans, mais beaucoup d’énergie sous forme de rage, une façon d’envisager le Rock sous son jour le moins lumineux, mais un sens du groove imparable et un phrasé vocal vraiment efficace. Enregistré et mixé par Matthew Michel au Viva Studio, mais surtout masterisé par l’homme qui ne dort jamais, Brad Boatright en son fameux Audiosiege, Erase efface le passé et se concentre sur le présent, confrontant l’abrasivité sans concessions des guitares avec un son plus épais que la moyenne qui nous entraîne parfois sur le chemin d’un Sludge vraiment Hardcore, comme en témoigne le mélancolique et sale « Cut Out ». Et même si l’enrobage est professionnel jusqu’au bout des ongles noircis, on respire à plein poumons l’air vicié d’une vieille salle de répétition, des heures passées dans la sueur à élaborer un répertoire irréprochable qui accepte les modulations plus abordables, mais qui se concentre surtout sur l’immédiateté du message : frapper fort et vite, jouer comme si sa vie en dépendait, rappelant l’école de Kurt Ballou et de MINOR THREAT, les soubresauts de CONVERGE et l’absence d’empathie d’UNSANE, sans plagier aucune de ces références. Mais lorsque la température monte, que le groupe appuie sur le tempo, la haine effleure les haut-parleurs pour les faire trembler d’un Hardcore moderne et vraiment méchant dans les intentions (« Golden Son »).
Rien n’est superflu ici. Les intros sont courtes et importantes, les riffs sont usés, revanchards mais un peu las, et le chant époumoné de Maha Shami permet à l’album d’atteindre des sommets d’acidité, parfaitement en adéquation avec une époque plus que troublée. On imagine parfaitement le groupe à l’aise dans une petite salle, en contact direct avec son public sui pogote tout son saoul en oubliant pour quelques instants les turpitudes d’une vie insupportable. C’est le message que passe l’introductif « Dive », qui propose de plonger dans la fournaise et qui cavale de ses BPM, avant de nous étouffer sous la lave d’un break haché et percuté. Il n’y a pas grand-chose à dire sur un album de cette trempe, si viscéral qu’il se passe de commentaires. Ou juste dire que l’écoute de « SOS » est éprouvante avec ses itérations qui font du mal à l’âme, dire que les quatre musiciens sont en osmose totale, et que le résultat est au-dessus de toute attente concernant un groupe si underground. Ecoutez le disque, tremblez sous la basse ronflante de « Tune In », ralentissez la cadence et regardez votre verre se vider à l’écoulement des stridences et dissonances de « Secret », et mettez-vous à genoux pour la célébration proto-Sludge du final « Pray ». Mais je ne suis pas certain qu’une simple prière vous sorte du bourbier dans lequel l’humanité est plongée. Alors, slammez, gigotez, transposez-vous à DC, et rentrez dans le lard d’un LP qui ne fait pas dans la dentelle, mais qui retranscrit son époque avec une acuité folle.
Pas joli-joli mais cathartique, et sans psy.
Titres de l’album:
01. Dive
02. Sos
03. Tune In
04. Secret
05. Shots Fired
06. Cut Out
07. Golden Son
08. Pray
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