J’avais manqué le rendez-vous de 2020, Primeval, après avoir succombé au charme violent d’Animus et Samsara. J’aurais pu m’en vouloir, mais j’ai choisi de raccrocher les wagons à l’occasion de cet Erebos, qui une fois de plus arbore une sublime pochette.
Divinité primordiale et infernale née du Chaos, personnifiant les ténèbres, l'obscurité des Enfers. Il est le frère et époux de Nyx (la Nuit), avec qui il a engendré d'abord Éther (le Ciel supérieur) et Héméra (le Jour) mais aussi Éléos (la Pitié), Épiphron (la Prudence) et Charon.
C’est ainsi que se définit Erebos, divinité ancienne qui a tout à fait sa place dans notre époque de ténèbres, entre peur de l’avenir et recyclage d’un passé peu glorieux. VENOM PRISON n’a pas eu à chercher bien loin son inspiration, puisqu’un simple coup d’œil à la situation du monde actuel suffit à aiguiller sur la bonne piste. Alors que les âmes se déchirent, que les corps s’affrontent et que les idéologies se percutent à grands coups de déclarations choc dans les médias, l’inspiration est évidente, et la lutte n’en devient que plus importante : je dirais vitale d’un certain point de vue.
Et Larissa Stupar s’est toujours sentie très concernée par les problèmes de société, les droits des animaux, des femmes, la parole donnée, les injustices misogynes, la petitesse des esprits, le repli sur soi et l’égoïsme ambiant. Inutile donc de dire qu’en 2022, la vocaliste célébrée dans l’extrême comme la voix la plus influente et importante de sa génération continue son combat d’importance, sur fond d’instrumental chaotique, dans la plus droite lignée de ce que son groupe a pu produire depuis son émergence. Toutefois, il semblerait que VENOM PRISON s’accorde quelques aérations avec ce quatrième album, laissant une place plus importante à la mélodie, comme CARCASS avait pu le faire à une époque charnière de sa carrière. L’amer « Comfort Of Complicity » et sa dénonciation de la lâcheté de pensée laisse place à un final hautement mélodique, sur lequel sa voix prend encore plus d’ampleur. Alors, pas de crainte à avoir cependant, le quintet est toujours aussi véhément, violent, incorruptible et assis sur ses positions fermes.
Passant sur la liste du géant Nuclear Blast, le groupe a encore franchi une étape vers la respectabilité, acquise à la force du poignet et des riffs les plus sombres et violents possibles. Ce glissement n’a pas eu de répercussions notables sur la musique du groupe, et les licks pondus par Ash Gray et Ben Thomas sont toujours aussi efficaces, et métaphoriques de leur époque. Saccades constantes, gravité de ton, pour parfois laisser place à un rai d’espoir, lorsque le calme précède l’énorme tempête. Ainsi, écouter « Pain Of Oizys » permet d’apprécier la facette la plus sensible du combo gallois, ses penchants Ambient, et son envie de ne pas se contenter d’une lapidation en bonne et due forme.
Ainsi, Erebos pourrait être ce que l’on désigne un peu trop facilement comme l’album de la maturité. Sauf que VENOM PRISON est adulte depuis longtemps, même lorsque sa jeunesse dispensait encore des crises de colère d’un adolescent confronté à l’injustice d’un monde qui frappe les faibles et protège les forts. « Judges Of The Underworld » est d’ailleurs une prolongation de cette époque, avec sa double grosse caisse qui turbine non-stop, ses changements de rythme soudains, sa méchanceté à la CARCASS/AT THE GATES, et son humeur atroce et Hardcore.
L’équilibre.
Voici ce qui caractérise à merveille ce quatrième tome qui évite brillamment le piège de la redite trop embarrassante. En variant les climats et les sentiments, en adoptant l’électronique et l’enserrant dans ses bras, le gang a enfin franchi une étape importante que Primeval laissait entrevoir avec beaucoup de pertinence. Musicalement toujours aussi fou et dur, VENOM PRISON n’en a pas pour autant oublié l’impact d’un coup de rein au bon moment, et d’une respiration quand le souffle vient à manquer. « Golden Apples Of The Hesperides » fait le lien entre le Death et le Grind, entre l’avant et l’après, et propose une posture digne des poulains non débourrés de l’écurie Earache.
L’exercice de style est brillant, et la fusion des genres pourra déstabiliser les plus fragiles, mais autant admettre que les gallois ont cette fois-ci parfaitement dosé les ingrédients de leur rage. En s’attaquant à cette mythologie, ils s’attaquent à une société qui s’enfonce dans les traumas et qui cherche à tout prix à désigner des coupables, et si possibles, les autres….
« Gorgon Sisters » pétrifie de sa puissance Heavy et de son groove incroyable qui rappelle certains réflexes du KORN le plus dru, et entre insistance Heavy et cavalcade Grind, les cinq musiciens instaurent un couvre-feu pour que tout le monde y trouve son compte. Mais que les choses soient claires, les passages violents le sont encore plus, mais souvent soulignés d’une harmonie en vasistas (« Veil Of Night »), et les ambitions encore plus épaisses qu’avant.
De fait, Erebos se désignera sans doute comme l’album le plus cohérent d’une discographie impeccable. « Technologies Of Death » s’en assure d’ailleurs de sa longue conclusion qui résume tout ce que le groupe a pu accomplir jusqu’à lors, profitant d’une production incroyablement précise aux graves élastiques.
VENOM PRISON est aujourd’hui une institution. Ceux que ça dérange peuvent se réfugier dans le déni, mais ceux gardant les yeux et les oreilles ouvertes sauront affronter un futur que tout le monde pressent peu enviable.
Titres de l’album:
01. Born From Chaos
02. Judges Of The Underworld
03. Nemesis
04. Comfort Of Complicity
05. Pain Of Oizys
06. Golden Apples Of The Hesperides
07. Castigated In Steel And Concrete
08. Gorgon Sisters
09. Veil Of Night
10. Technologies Of Death
Découvert dans une platlist sur les méchants spotify, agréablement surpris alors que je ne suis pas fan de ce death aux relents hardcore.
Bien d'accord, vraiment pas mal les morceaux en écoute. Et pareil, je ne suis pourtant pas fan de ce genre de "death metal moderne"
J'ai été attiré par la pochette et je suis resté pour la musique.
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15