Avec sa pochette flanquée du tableau Pluto And Charon de l’artiste David A. Hardy, DARKTHRONE fait un gros clin d’œil à son passé et à son histoire, celle d’un des groupes les plus importants et influents de la scène Black Metal de Norvège. En admettant que le duo célèbre n’a jamais vraiment déçu, mais qu’il n’a jamais vraiment su renouveler son patrimoine, il n’y avait pas grand-chose de neuf à attendre de ce dix-neuvième album studio. Mais on n’attend pas quelque chose de neuf de la part des norvégiens, on attend quelque chose de consistant, de true, de fidèle à l’éthique, de lent, de glauque, de lourd, des références aux épisodes les plus malsains de la légende, et en ce sens, Eternal Hails...... et ses multiples points de suspension touche le cœur de la cible, et celui plus noir des fans. Pour l’occasion, les amis Nocturno Culto et Fenriz ont dérogé à leur sempiternelle habitude d’enregistrer avec leur fidèle Necrohell II, ce huit-pistes un peu fatigué qui avait pris la suite de Necrohell, mort d’avoir trop plaqué de riffs morbides sur ses bandes. Cette fois-ci, ils ont investi un studio pro, le Chaka Khan Studio d’Oslo, mais le résultat n’est guère différent de ce qu’ils auraient pu nous proposer en restant dans leur abri.
Composé une fois encore de cinq longs morceaux, dans la même veine qu’Old Star, leur dernier effort, Eternal Hails...... privilégie une fois de plus les riffs lancinants, les mélodies un peu rachitiques, et les longs développements qui replongent Fenriz dans son adolescence, lorsqu’il achetait chez le disquaire le premier CANDLEMASS, sans savoir quelle musique l’attendait, mais en se fiant à la longueur des morceaux. Alors, il n’est guère étonnant qu’en 2021 le duo n’ait enregistré son propre Epicus Doomicus Metallicus…à sa manière.
Les parallèles entre les deux albums sont évidemment dressés par le faible nombre de pistes et cette atmosphère confinée renvoyant aux meilleures heures de BLACK SABBATH, revu et corrigé par la haine BM des nineties. Après tout, DARKTHRONE n’a pas enregistré des chefs d’œuvre sombres comme Panzerfaust ou Transilvanian Hunger pour retourner sa veste et se la jouer champêtre. Alors, assumons le trait d’union dessiné entre son propre passé et celui du Doom des suédois, mais aussi du Metal poisseux et gauche d’HELLHAMMER, l’autre immense influence avec BATHORY, les précurseurs damnés. En mélangeant le tout, on obtient ce dix-neuvième chapitre, lourd, empesé, fidèle, qui nous réjouit au plus haut point en cette époque de standardisation du son et du nivellement par la perfection.
Malgré son investissement dans des studios propres, DARKTHRONE n’a pas abandonné sa sale créativité pour la remettre aux mains d’une console high-tech. Les nouveaux morceaux sonnent gras, parfois comme du Doom joué par des stoner-men complètement à côté de la plaque, et « Wake Of The Awakened » de s’aventurer en terrain Heavy Metal très prononcé, et à peine entaché de cette voix immonde, vomie aux avant-postes cette fois-ci, et pas plus engageante de fait.
Factuellement, rien sous la barre des six minutes, puisque les deux hommes n’ont pas envie ces dernières années de verser dans la facilité brève. Ils aiment les longs morceaux, qu’ils soient basés sur un lick unique qui se répète à l’envi, ou qu’ils accumulent les thèmes pour nous emporter vers les Hadès décrits par Quorthon et ses délires wagnériens les plus emphatiques. D’ailleurs, en poussant un peu les limites de l’imagination, il est possible de concevoir cet Eternal Hails...... comme du CANDLEMASS des eighties repris à son compte par un BATHORY moins majestueux qu’au temps de Hammerheart, mais aussi vénéneux qu’à l’époque d’Under the Sign of the Black Mark.
La voix de son maître comme le souligne le groupe, avec un « His Master's Voice » qui nous replonge dans la grande époque des cauchemars les plus norvégiens, des rythmiques les plus primaires héritées du Hardcore, et cette linéarité de fond qui nous oblige à nous laisser hypnotiser par les grandes forêts du nord, celles où l’on se perd sans vraiment vouloir retrouver son chemin. Guitare mélodique, inserts harmonieux dans la mesure du possible, décalage entre l’instrumental souple et cette voix rigidifiée par le temps, l’ambiance est à la révérence, et au constat le plus évident qui soit : DARKTHRONE n’a plus rien à prouver depuis longtemps et se contente de se faire plaisir au présent, sans songer à un avenir hypothétique ou à un passé trop révolu. Tout le monde connaît Fenriz via les réseaux sociaux, et tout le monde connait la simplicité d’un musicien qui ne s’est jamais considéré comme une légende, trop humble pour ça. Entre ses lettres à poster et son rôle municipal, l’homme ne s’est jamais trahi, et accompagné de Nocturno Culto, il se contente de continuer à jouer, ce que les deux hommes savent faire de mieux : du rudimentaire amélioré, du lent supportable, de l’étouffant aéré.
Très orienté Doom, ce nouvel épisode de la saga DARKTHRONE propose sa vision du style, et lâche avec « Voyage To A North Pole Adrift » un petit bijou d’efficacité, qui se passe très bien de graves, et qui cavale encore assez rapidement pour échapper au temps. Relativement simple dans sa construction, Eternal Hails...... ne sera pas une entrée majeure du catalogue des norvégiens, mais un souvenir solide, qui restera dans les mémoires suffisamment longtemps pour attendre la narration suivante.
C’est tout ce qu’on attend de Nocturno et Fenriz aujourd’hui. Qu’ils se rappellent à notre bon souvenir de temps en temps pour relancer la machine.
Titres de l’album:
01. His Master's Voice
02. Hate Cloak
03. Wake Of The Awakened
04. Voyage To A North Pole Adrift
05. Lost Arcane City Of Uppakra
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