Les one-mand-band se multiplient dans le Thrash, alors même que la configuration en solo était plutôt réservée aux musiciens évoluant dans le Black Metal. Et à l’instar du suédois prolifique Anders Lindberg et son vecteur d’expression GASLARM, c’est aujourd’hui au tour de la Finlande de nous présenter l’un de ses artistes, qui lui aussi a préféré l’optique misanthropique pour donner corps à sa vision artistique. J’ai donc le plaisir de vous présenter Joonas Koto, que certains d’entre vous connaissent bien pour avoir suivi le parcours de TO/DIE/FOR, l’un de ses groupes emblématiques. Guitariste du combo depuis 1999, le musicien a donc largement eu le temps de roder son expérience pour proposer des choses personnelles, mais on le retrouve aussi au casting des MALPRACTICE, ensemble de Metal Progressif, ce qui prouve que ce cher Joonas n’a pas sa guitare dans sa poche ni son éclectisme coincé dans le placard des idées. Et aujourd’hui, c’est sous son propre chef qu’il publie le premier longue-durée de son nouveau concept Thrash KOTOK, qui achève de démontrer l’ouverture d’esprit de cet homme pluridisciplinaire et doué, qui n’hésite pas à s’attaquer en 2021 au patrimoine européen de la violence modérée.
Avouons immédiatement que KOTOK incarne un exutoire sympathique pour le finlandais, qui n’a d’autre prétention que de se faire plaisir, et de NOUS faire plaisir. C’est ainsi qu’il montre une autre facette de son talent via ce médium très influencé par la Bay Area des pionniers, plus que par la violence en vogue outre-Rhin ans les années 80. Excellent guitariste, et compositeur capable, Joonas n’a donc pas cédé à la bestialité, et reste dans une lignée de maîtrise totale de son sujet, même si Euroshima n’apportera pas grand-chose à la cause nostalgique de son formalisme et de sa production légèrement déficiente.
Très conscient des impératifs d’un style qu’il n’a approché que de loin, Joonas a donc joué la sécurité, et propose une digression assez séduisante sur les thèmes autrefois abordés par EXODUS, MEGADETH et autres références intemporelles. Et dès l’entame franche de « Flow Irreversible », les éléments sont tous en place, malgré une intro précise pour le moins originale. Mais qui dit modération de la méchanceté ne dit pas absence de vélocité. Et c’est donc un tempo très rapide qui nous cueille à froid, soutenu par une dissonance de riffs assez appréciable. Le timbre de voix éraillé du maître de cérémonie propose une alternative viable aux modulations de Steve Souza et David Wayne, sans que le chanteur d’occasion ne s’envole dans les aigus. Pour l’occasion, le finlandais a évidemment tout pris en charge, de la composition à l’écriture, en passant par l’interprétation. Outre sa fidèle guitare, Joonas a donc manié la basse, mais aussi la programmation rythmique, en sus des textes et de la musique. C’est donc un travail complet que l’artiste nous offre, et qui souffre évidemment des mêmes travers que nombre d’œuvres proposées par des hommes seuls.
Si les morceaux se montrent solides, si les riffs sont convaincants, si les soli sont évidemment très performants et mélodiques (dans l’optique d’un TESTAMENT), et si le chant est adapté au propos, la programmation souffre d’un son trop synthétique qui confère un aspect un peu plastique à l’ensemble, comme une démo enregistrée en solitaire pour dénicher un contrat de distribution et de production. Mais à travers KOTOK, Joonas fait preuve de sincérité, et de véritable amour d’un genre qu’il respecte au point d’en recycler les codes avec flair. On sent que l‘homme à la culture de son sujet, et qu’il ne se contente pas d’aligner les plans éculés pour faire genre. Il fait partie de la famille, ce qu’on comprend en égrenant le tracklisting, et si le fond est plus conséquent en mid tempo qu’en montant dans les BPM, le tout dégage un parfum de franchise assez agréable.
Ainsi, « Submission » aurait pu en son temps être adopté par LAAZ ROCKIT ou EXODUS, tandis que le rouleau-compresseur de « Hategrown » rappelle le KREATOR des années 2000, le sens de l’expérimentation en moins. Assez prolixe, le musicien n’hésite pas à développer son propos et à proposer des inserts conséquents, qui ne manquent pas d’idées. Ainsi, « Screams » s’étale sur plus de six minutes sans souffrir de baisse de régime, tandis que « The Stance » en appelle au ressenti le plus Metal pour nous persuader de son bien-fondé. Ce qu’on retient, outre l’enthousiasme ambiant, c’est cette facilité qu’a Joonas à pondre des licks très crédibles, et à se fondre dans la peau d’un thrasheur dans avoir besoin d‘un costume jean/basket acheté dans une friperie californienne. Le tout est évidemment aussi léger qu’un plaisir occasionnel, mais fait du bien de ses saccades, et nous retiendrons plus particulièrement les parties de guitare très soignées, qui pourraient en remontrer à bien des ouvriers capés de l’industrie Thrash mondiale actuelle.
Entrainant comme du ANNIHILATOR décomplexé et en week-end (« Justice After All »), complet et dense lorsque vient le moment de tirer sa révérence (« Euroshima »), ce premier et peut-être unique album du concept solitaire KOTOK est donc un plaisir fugace qu’on écoute sans apriori ni attente particulière.
Titres de l’album:
01. Flow Irreversible
02. Submission
03. Hategrown
04. Screams
05. Fuel for War
06. The Stance
07. Justice After All
08. Euroshima
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@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
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