Je ne suis pas certain que comme l’affirment les textes sacrés, Dieu se soit vraiment reposé le septième jour. Galvanisé par ses précédentes créations, il a quand même dû répéter l’opération à moindre échelle ce fameux dimanche qui ne s’appelait pas encore comme ça, et encouragé par cet Adam qu’il fit surgir de la poussière de la terre et par cette Eve née d’une côte du même Adam, l’être suprême a repéré quatre abeilles sympathiques, butinant les fleurs du jardin, et leur confia une mission. Avant de leur exposer leur avenir, il les transforma en quatre sémillants jeunes hommes, puis leur narra leur aventure terrestre qui ne devait commencer que des millions d’années plus tard. Descendre sur cette planète bleue débauchée, et propager le message divin d’amour et de paix, et par la même occasion, refourguer deux ou trois bouquins dispensant des conseils utiles pour entretenir la foi. Mais roublard, le Dieu en question omit de leur préciser qu’il n’avait pas eu le temps de modifier leur apparence, et qu’ils devraient se montrer aux hommes plus ou moins habillés comme avant. Ainsi naquit STRYPER dans les cieux, avant leur apparition aux Etats-Unis dans les années 80, toujours vêtus avec grâce de leur costume d’abeille jaune et noir, mais cette fois-ci, armés d’un répertoire musical à même de faire fondre les âmes les plus pures. Nonobstant cette petite introduction bon enfant, autant admettre que la présence de STRYPER sur nos platines en 2020 tient du miracle, tant on pensait le groupe étendu pour le compte dans les années 90. Mais à l’image de leurs homologues suédois d’EUROPE, les américains ont complètement changé leur approche après leur comeback, laissant tomber le sirupeux pour le musclé, ayant certainement compris qu’un message n’est jamais aussi efficace qu’hurlé au travers d’un haut-parleur Hard-Rock. Je l’affirme bien haut, j’ai toujours adoré ce groupe, même lorsqu’il m’engluait les oreilles dans la mélasse de « Honestly » ou « All of Me », en grande partie à cause de la voix extraordinaire de Michael Sweet, chanteur comme on en connaît un par génération. Et en 2020, STRYPER semble revenir vers ses bases fondamentales, et nous propose un nouvel album qui n’aurait pas fait tâche en tant que successeur d’In God We Trust.
Evacuons immédiatement la question de l’image et des textes. Tout le monde sait depuis longtemps que les STRYPER sont chrétiens, pratiquants, et que leurs textes sont entièrement dévoués au seigneur et aux commandements de la bible, alors inutile d’y revenir. Si le fond ne vous plaît pas et que la forme vous semble trop doucereuse, passez votre chemin. A l’inverse, si leurs psaumes vous parlent, si l’évocation de Dieu ne vous gêne guerre, si les mélodies insérées dans un contexte Heavy vous conviennent, alors jetez-vous immédiatement sur cet Even the Devil Believes qui ne vous décevra pas. Pour plusieurs raisons, la première en étant sa qualité dans la diversité, abandonnant le côté trop rigide des productions antérieures qui se voulaient parfois trop Heavy. Ici, c’est le Hard-Rock qui fait loi, et les harmonies qui font foi. Sans aller jusqu’à dire qu’il s’agit là du meilleur album du groupe, il fait partie des plus nostalgiques depuis le retour du quatuor sur la scène, comme si la bénédiction à la basse du nouveau venu Perry Richardson (ex-FIREHOUSE) avait galvanisé Michael, Oz et Robert. Sans changer véritablement la donne, le bassiste s’est complètement investi dans son interprétation, faisant rouler son instrument comme Sisyphe son rocher, permettant à Robert de frapper comme un beau saint et de retrouver un jeu plus coulé et efficace. La recette du STRYPER des années 2000 n’a pas changé, avec toujours ce mélange de morceaux bien Heavy et d’interventions plus légères, avec toujours en contrepoint, une ou deux chansons plus nuancées, plus douces, mais loin des roucoulades 80’s qui nous donnaient du diabète à travers le missel. J’en veux pour preuve le sensible et très BON JOVI/POISON « This I Pray » et son acoustique fluide, qui nous propose un voyage dans le temps, à l’époque où les ballades Hard trustaient les premières places du Billboard. Mais n’oublions pas que le groupe depuis presque vingt ans a axé son approche sur une attitude plus virile, ce que confirment évidemment la plupart des morceaux présents sur cet Even the Devil Believes.
Néanmoins, il n’est pas incongru de voir en ce dernier épitre un survol de la carrière des américains, de leur émergence dans les mid eighties jusqu’à God Damn Evil, publié il y a déjà deux ans. On retrouve en effet tout ce qui a fait la force du groupe depuis ses débuts, de ces burners purement Hard Rock dynamitant la croyance populaire affirmant qu’un groupe de White Metal n’est pas capable de jouer du Metal, à ces morceaux plus nuancés qui nous ramènent à l’époque du diptyque magique To Hell With the Devil/In God we Trust. La trademark du quatuor est présente à tout moment, et l’album sinue entre Heavy léger et Hard burné, et il est impossible de résister à certains hymnes travaillés avec les ailes et immaculés comme une aube, comme ce « How to Fly », plus EUROPE que nature et qui rappelle méchamment « Walk the Earth » des suédois, tout en retrouvant la magie de ces chœurs angéliques hérités des ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA. Evidemment, les plus irritables se montreront chafouin en tombant sur les jeux de mots faciles du groupe, et riront à pleine gorge de ce « Make Love Great Again » qui détourne assez gauchement le leitmotiv de notre bon vieux Donald. Mais si les textes sont emprunts de manichéisme outrancier, la musique parle d’elle-même, et Michael et les siens n’ont pas perdu la main pour composer des morceaux diaboliquement (sic) accrocheurs, avec en exergue le très efficace « Invitation Only » et son refrain pur Frontiers.
STRYPER ose même des choses plutôt décalées, en dehors de son spectre, et presque Post Grunge dans l’esprit, avec « Divider » qui n’aurait pas détonné dans des nineties ravagées par la déprime et le manque de perspectives. Doté d’un son évidemment très bon, Even the Devil Believes se retourne donc vers les racines du quatuor, retrouvant l’allant de Soldiers Under Command, et se souvenant même de la fougue des contemporains de LOUDNESS sur l’ouverture tonitruante de « Blood From Above ». Sorte de faux best-of habilement déguisé en habits de lumière, ce nouvel LP est donc haut en couleurs une fois encore, toujours aussi passionné, et dominé de la voix intemporelle de Sweet qui une fois encore se livre à une démonstration ahurissante de talent. Peut-être que finalement l’homme est vraiment un ange dont la voix est un don de Dieu, ne vieillissant pas, et gardant ce timbre unique intact et inaltéré. Mais c’est encore le guitariste/chanteur qui domine les débats, et qui propulse des classiques comme « For God & Rock ‘N’ Roll » dans les hautes sphères d’un paradis pas si perdu que ça. Les abeilles osent même augmenter la pression en fin d‘effort et faire cavaler les baguettes de Robert sur sa caisse claire avec un déchainé « Middle Finger Messiah » au titre gentiment provocateur. Alors, certes, Dieu, ses disciples, la bonté, l’empathie, la foi en une puissance supérieure. Et alors ? Tant que la musique est bonne, on adopte et on met de côté les griefs les plus dispensables. Après tout, un peu d’espoir ne fait pas de mal de nos jours.
Titres de l’album:
01. Blood From Above
02. Make Love Great Again
03. Let Him In
04. Do Unto Others
05. Even The Devil Believes
06. How To Fly
07. Divider
08. This I Pray
09. Invitation Only
10. For God & Rock ‘N’ Roll
11. Middle Finger Messiah
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