Plus l’époque est trouble, plus on a besoin de se recentrer. C’est une évidence, et le futur étant de plus en plus incertain, certaines valeurs fondamentales semblent revenir au centre des débats. L’empathie, la sauvegarde de la planète, le partage, l’abandon de cette surconsommation au profit d’un mode de vie plus responsable, histoire de s’accorder quelques années de sursis. Mais en musique, la théorie vaut aussi, et après les ravages causés par l’hédonisme excessif des années 80, la scène était alors revenue à une inspiration plus sobre, et des thèmes plus cruciaux. En 2021, le tableau est encore moins brillant qu’en 1991, avec entre autres la montée des extrêmes, la disparition des espèces, le réchauffement global, les pandémies qui se succèdent aussi rapidement que les catastrophes naturelles. L’espoir est exsangue, mais le réalisme obligatoire ne doit pas occulter le fait qu’en des temps aussi durs, le fun doit disposer d’un espace conséquent pour nous permettre de nous évader de cette prison de pression et de désespoir.
Chose que les anglais de WAYWARD SONS ont bien compris depuis leurs débuts. Faisant fi des exigences d’un public devenu trop difficile à force de télécharger tout et n’importe quoi à la vitesse de la lumière, le quintet continue son parcours, toujours mené de front par la légende LITTLE ANGELS Toby Jepson. Le parcours multiplatine, les concerts bondés, le travail en tant que producteur très recherché (SAXON, FASTWAY, THE VIRGINMARYS, TOSELAND, entre autres) n’ont pas fait oublier au frontman l’essentiel : son besoin de jouer, de chanter, et de porter le Rock n’Roll aux gémonies d’une histoire commencée il y a maintenant plus de soixante-dix ans.
Troisième album donc pour ce groupe de furieux (Toby Jepson – chant/guitare, Sam Wood – guitare, Nic Wastell – basse, Philip Martini – batterie et Dave Kemp – claviers), deux ans après le célébré The Truth Ain’t What It Used To Be, et des certitudes qui éclatent comme des vérités irréfutables : les WAYWARD SONS sont sans doute les vrais sauveurs du Rock primal, à l’image de leurs collègues de THE STRUTS, ce Rock viscéral que la perfide Albion s’est approprié dans les sixties, transformé en Punk dix ans plus tard, avant de revenir travesti sous la forme d’une NWOBHM à l’orée des années 80. Mais le plus important à savoir à propos d’Even Up the Score est qu’il est l’exutoire parfait à cette morosité ambiante, entre Brexit catastrophique et élections présidentielles à venir dans notre beau pays. Alors, si d’aventure vous en aviez marre de la tronche décoiffée de Boris Johnson, des élucubrations sortant des naseaux de Zemmour, et de l’impasse dans laquelle l’humanité semble se complaire, envoyez-vous cet Even Up the Score, et la joie de vivre illuminera vos oreilles d’un sourire de tympans immaculés.
Pochette superbe en cartoon de l’étrange, qu’on penserait réservée à un groupe de Fusion ou de Ska-Punk, poignée de morceaux qui jouent la concision et la sincérité, rage palpable, ce troisième album fait honneur à son rang d’étape cruciale et pourrait bien incarner le pinacle de la formule Hard-Rock anglaise. On y retrouve tous les éléments qui ont fait du groupe l’un des meneurs de la scène revival, la hargne vocale de Toby, ces riffs stoniens qui giclent en gerbe, mais aussi la quintessence de la Pop anglaise avec ses mélodies multicolores reprises à leur compte par des groupes comme BLUR ou OASIS. Nous sommes pourtant loin de la Brit-Pop, et plus proche d’une version moderne des FACES, avec cet esprit juvénile que l’âge adulte ne parvient pas à enterre sous une épaisse couche de maturité. La maturité est pourtant là, dans cet art de composition qui se borne à l’essentiel, des couplets énergiques et des refrains qui martèlent le crâne, à l’image du premier single « Even up the Score », rebondissant comme une superballe lancée à un chat hystérique.
En parlant de greffier, les WAYWARD SONS ressemblent à ces chats de gouttière adoptés par une famille anglaise généreuse, qui se socialisent au contact de la banlieue, mais qui gardent leur caractère indépendant et frondeur. Personne à ce jour n’a pu apprivoiser le quintet, et la chose est d‘ailleurs impossible, puisque le groupe continue de montrer ce visage séduisant qui interdit toute envie de domination. Aussi à l’aise en terrain purement Rock qu’en égarements Pop, Even Up the Score n’est rien de moins qu’un alignement de planètes, une constellation brillante, et une mine de tubes qu’on se surprendra à siffler sous la douche.
Accumulant les figures de style, nous offrant des enchaînements ahurissants (« Faith In Fools »/« Fake »), maniant le vocable Punk-Rock avec une aisance déconcertante (« Big Day »), les WAYWARD SONS renvoient l’image d’un groupe uni en toutes circonstances, et quand la machine s’emballe sur « Downfall », on imagine le groupe live en studio, heureux de jouer une musique simple aux syncopes légèrement roublardes.
Suffisamment abrasif pour mériter la caution Hard-Rock, mais policé pour que les mélodies ressortent du placard, ce troisième chapitre de la saga anglaise est un antidépresseur naturel, une sorte de panacée universelle qui colore votre environnement pour illuminer la grisaille. Kermesse du Rock, fête de village Pop, un équilibre formidable entre tous les instincts, il est le témoignage d’une passion, celle de musiciens envers l’héritage de leur propre pays. Il s’écoute à fond les ballons, réconcilie AC/DC et les MAID OF ACES, célèbre les WILDHEARTS et THE ALMIGHTY, et nous ramène en arrière, lorsque l’espoir ne s’échangeait pas contre des bitcoins.
Avec moins de quarante minutes au compteur, ce disque est un petit miracle en soi. La basse longiligne et sèche de Nic Wastell sur le raide « Looking For A Reason », le jeu minimaliste mais groovy de Philip Martini sur le sinueux « Land Of The Blind », et le chant plein de passion et de rage à l’écume de Toby Jepson gomment des années de sophistication inutile et de mélodies surfaites. Une façon de se concentrer sur l’essentiel, et de faire la fête sans oublier pour autant les problèmes de notre époque. Qu’on peut quand même occulter l’espace de quelques chansons.
Titres de l’album:
01. Even Up The Score
02. Big Day
03. Sign Of The Times
04. Bloody Typical
05. Faith In Fools
06. Fake
07. Downfall
08. Tip Of My Tongue
09. Looking For A Reason
10. Land Of The Blind
11. They Know
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Bordel !J'étais même pas au jus !!!Bah alors ?! Quèk vous foutez en matière de news les gars ?!
01/02/2025, 06:57
Euh... 30 secondes d'écoute et je me dis "achat obligatoire".Merci Gargan !
31/01/2025, 21:15
Rhââ le dernier album est sorti et il tue : https://heavypsychsoundsrecords.bandcamp.com/album/pentagram-lightning-in-a-bottle
31/01/2025, 15:48
Oui sympa Swansong, mais quand une envie de "death'n roll" me prend c'est Wolverine Blues qui l'emporte par KO!
31/01/2025, 14:27
Je n'avais pas capté le coup des projections, on peut appeler ça un flop. Rien à voir avec le véritable festival vidéo récent des tournées 40 ans de Sepultura, Anthrax ou Mayhem. Carcass s'en approche d'ailleurs.Sinon les morc(...)
31/01/2025, 10:43
Faire du BM en Norvège, le gars avait tout fait pour bien s'intégrer dans le pays en tout cas.Plus sérieusement, l'Iran quel pays de merde.
31/01/2025, 08:54
Oh bordel. Plus old-school que old-school ! Ils ont du se marrer à tourner les clips ! Mais ça bute !
30/01/2025, 22:22
Il faudrait que je redonne une chance à ce disque. Je l'avais trouvé non seulement trop différent mais un peu tiède (le changement d'intensité... comme si on rétrogradait de la cinquième à la troisième vitesse) et n'y s(...)
29/01/2025, 23:16
J'ai déjà entendu Carcass jouer des extraits de "Swansong" en live par le passé. Et moi aussi j'aime bien cet album, sorti pile à la période où je venais de découvrir le groupe et le Metal extrême plus largement. (...)
29/01/2025, 22:29