Après vous avoir concocté un dossier Thrash pour célébrer la nouvelle année, je me replonge dans l’actualité du même style pour en exhumer les représentants les plus valables. C’est ainsi que la production m’a entraîné sur les traces d’un jeune groupe, formé en 2015 à St Petersburg, qui n’avait jusqu’à présent publié qu’une poignée de démos, qu’il a ensuite compilées en 2021. Mais décembre 2022 a été l’occasion d’enfin se frotter à un format plus officiel, et c’est donc avec une certaine fierté que les COMBAT SHOCK nous enfilent d’un rageur Everything Goes Wrong, dont le titre colle parfaitement à l’actualité mondiale.
J’avais évoqué la Russie lors du second tome de ce fameux dossier, en précisant que le pays s’était réveillé dans les années 90 pour produire certains des albums les plus intéressants de cette décennie. COMBAT SHOCK arrive fort à propos pour souligner que d’autres auront aussi leur place dans un futur recensement rédigé dans les années 2030/2040, puisque son premier album est impeccable, concis, fort, puissant et inspiré dans la nostalgie.
C’est d’abord le magnifique artwork de Pavel « Pal » Shulyak qui attire l’œil, dans un registre comico-horrifique à message, mais si l’emballage est séduisant, son contenu l’est encore plus. Dans un registre simple de Thrash agressif à la lisière d’un crossover sombre, COMBAT SHOCK nous gâte l’audition d’une fureur digne des meilleurs POWER TRIP ou d’un CRO-MAGS métallique et actualisé, une musique assez proche des radicaux ENFORCED utilisant les ficelles rudes d’un Hardcore sec et méchant.
De fait, ce premier album autoproduit se hisse sur les premières marches du podium de cette nouvelle année, à peine entamée. Avec tout juste vingt-cinq minutes au compteur, Everything Goes Wrong exploite tous les pistes, souligne les travers, désigne les impasses, et hurle son mécontentement comme Dave Mustaine l’injustice de son éviction de METALLICA.
Bien évidemment, je ne vous survends pas un produit classique. Les titres de ce premier album sont prévisibles, mais animés d’une telle colère qu’on en excuse la formalité. Le traditionalisme a parfois du bon, et une rouste comme « Crusade (Against This World) » remet les idées en place plus efficacement qu’un calembour de Bigard.
COMBAT SHOCK joue donc avec ses armes et fait des dégâts considérables. Entre EXCEL, DBC, POWER TRIP, EXILE, LEEWAY, sans pour autant se laisser piéger par un mosh trop facile et vulgaire, le quatuor (Ivan - batterie, Oscar et Michail - guitares, et Sergey - basse/chant) se souvient des attaques les plus puissantes et dévastatrices des années 80, et sonne comme le groupe russe le plus américain du moment. On n’a en effet aucun mal à déceler les ingrédients utilisés par Venice et Boston dans cette franchise de ton, et l’album passe à une vitesse incroyable, exigeant d’être remis à son début dès le dernier sillon passé.
Hardcore, Metal, Thrash, ténèbres, éclairs de violence, mélodies souillées, tout y passe, et avec brio. Mieux qu’une soirée au Dandy’s, plus viril qu’un pain de Charles Bronson, COMBAT SHOCK sonne comme une guérilla de rue, de celles qui finissent mal pour tout le monde et qui déclenchent le chaos. Rien à jeter, un plaisir d’agresser évident, et surtout, des riffs solides, et un chant hurlé dans la plus grande tradition NYHC.
Je ne vais pas le cacher, tout ça m’a donné le sourire. Tout en reconnaissant que ce Thrash est sous influences notables et remarquables, je concède à COMBAT SHOCK une facilité déconcertante à jouer avec le classicisme, et à détourner des plans historiques à des fins de destruction de masse. Bande-son idéale d’un monde à la dérive, Everything Goes Wrong récupère quelques restes encore fameux de SLAYER pour les confronter au radicalisme en vogue à a fin des années 80, lorsque le Thrash et le Hardcore se mettaient souvent à la colle.
Encore plus bref que Reign in Blood, mais tout aussi intense, Everything Goes Wrong est un constat objectif de la destruction annoncée d’un monde exsangue qui attend le dernier coup de machette pour lâcher son dernier souffle. Pas forcément joli, mais honnête et sincère. De quoi ouvrir les yeux en saignant des oreilles.
Titres de l’album :
01. Power Abuse
02. Enemy
03. Digital Warfare
04. Crusade (Against This World)
05. Warlord Of The Wasteland
06. The First Hour
07. Death Sentence
08. Everything Goes Wrong
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30