Cette matinée ne sera donc pas de tout repos. Ainsi en ont décidé les Dieux du hasard, piochant dans la production de quoi faire sauter mes fusibles, en me plaçant sur le chemin de violents petits malins qui il y quelques années m’avaient déjà défié de leur brutalité. Car oui, j’ai déjà croisé la route des brésiliens de FACES OF DEATH, lorsqu’ils avaient sorti Usurper of Souls, leur deuxième longue-durée. Et si j’avais alors pensé que leur nom n’atteignait pas les sommets d’ignominie de la série de mockumentaries cultes que tout le monde connaît, je leur avais accordé le bénéfice des croutes en me grattant furieusement le crane.
FACES OF DEATH, pour les néophytes, est une anthologie de scènes morbides, fictives ou réelles, qui a secoué les eighties comme un cocotier capitaliste qui méritait d’être remis à sa place. On y trouvait un peu de tout, des exécutions, des noyades, des morts accidentelles, des fusillades, mais aussi des scènes actées comme cette dégustation de cervelle de singe encore vivant, ou cette chaise électrique décidément peu crédible. Mais depuis l’orée des années 90, FACES OF DEATH est devenu le patronyme d’un des acteurs les plus vilains de l’underground brésilien, actif pendant sept ans avant de rendre son tablier, pour mieux revenir en 2017 alors que plus personne ne l’attendait.
Depuis, deux albums, forts en violence, en riffs classiques, et en lignes vocales graveleuses. Depuis 2020, le quatuor ne s’est pas calmé et Laurence Miranda (guitare/chant), Luiz Amadeus (guitare), Niko Teixeira (batterie) et Sylvio Miranda (basse) continuent donc leur périple à travers la jungle des cannibales Death/Thrash pour nous balader dans les recoins d’un monde primitif, sauvage et sans concessions envers la civilisation.
Sans pouvoir prétendre à une première division qu’ils n’ont jamais visée, les originaires de la région de São Paulo font le job, avec application, un peu de folie, en utilisant quelques beaux restes de leur époque de gloire. Epoque qui finalement, se résume à une unique démo, lâchée en 1991 et qui n’avait connu aucune suite.
Injustice maintenant réparée depuis longtemps. Mais si FACES OF DEATH se montre toujours aussi solide et fiable, il assume d’un autre côté son traditionalisme que rien en vient contredire. Evil n’est donc pas forcément le grand cornu lui-même, mais un de ses lieutenants, trop heureux d’obliger et de mettre cette terre à feu et à sang. Mais par « terre », comprenez « vos tympans », puisque le choc est soniquement rude et rythmiquement pas vraiment prude.
Ceci étant dit, les quatre brésiliens ne sont pas que des brutes épaisses comme une tranche de quatre-quarts. Si le début d’album semble indiquer une frénésie totale, le reste du nouveau répertorie module quelque peu pour ne pas s’embourber dans les sables mouvants d’un Death/Thrash bestial, mais sans cervelle. Alors, oui, « Evil », placé en ouverture pour décoiffer les amateurs de laque épaisse nous englue dans un tapis de blasts compressés et triggés, rappelant la méchanceté crasse d’un DEICIDE passé au missel CANNIBAL CORPSE, mais dès « Bloody Cross », FACES OF DEATH se souvient gaiment de son passé plus foncièrement Thrash pour nous caresser de quelques riffs bien sentis et d’un up tempo accrocheur comme un calendrier de club d’escalade.
C’est carré, propre, bien fait, joué avec énergie et envie, mais c’est aussi d’un formalisme indéniable. Inutile donc de vous attendre à un miracle de créativité, les brésiliens sont là pour nous rappeler à quel point le Thrash matiné d’une grosse louche de Death peut se montrer efficace et convaincant, et rien de plus. Mais rien de moins non plus. Et sans avoir prononcé la moindre promesse en amont, le quatuor les tient quand même d’une solidité à toute épreuve.
Deux guitaristes volubiles et habiles, une section rythmique épaisse et rude, des compositions nettes et puissantes, voilà ce que propose ce diable qui vient une fois de plus acheter votre âme déjà vendue depuis des décennies. Mais qu’à cela ne tienne, le marché de l’occasion sera toujours preneur de cette petite masse gluante de noirceur, que Evil rachète à bon prix, avant de la refourguer sur Le Bon Coin dans ta gueule.
Et dans un registre de Thrash durci d’une voix caverneuse et éraillée, cet album est un modèle du genre. MASSACRA, SEPULTURA, VULCANO, et quelques autres références lusophones ou pas, les influences se dégagent rapidement, mais n’effacent pas quelques fautes de gout certes pardonnables, mais un peu ennuyeuses. Ainsi, « When Calls The Death » s’obstine à reproduire les recettes de notre cher Max Cavalera, hors SEPULTURA et au sein de SOULFLY (le plus méchant de ces dernières années s’entend), alors que « Hanging Out With The Devil » se traine sur un down tempo balourd et trop insistant pour être oppressant.
Le classicisme a donc ses limites, et FACES OF DEATH aussi. Malgré une bonne entame et de sacrées tapes dans le dos, Evil finit sur les rotules, et se laisse aller sur son dernier tiers à des facilités peu excusables. Il n’en reste pas moins un disque recommandable, direct, avec juste ce qu’il faut de finesse (spécialement au niveau des soli, très mélodiques et travaillés), qui vous fera passer un agréable moment.
Si tant est que votre conception d’un « bon moment » soit l’équivalent d’une bonne rouste donnée par des malabars soucieux de leur virilité.
Titres de l’album:
01. Evil
02. Bloody Cross
03. Stronger Than You
04. A Monster In The Park
05. It's Calling Me Out...Suicide!
06. Lemmy Said One Day...
07. Kiss Of Death
08. When Calls The Death
09. Hanging Out With The Devil
10. Bleeding to Death
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