On connaît depuis longtemps l’importance de la scène brésilienne des années 80, et l’influence qu’elle a pu avoir sur le courant BM nordique de la décennie suivante. Il y a plus de trente ans, les musiciens nationaux n’en avaient que pour le Thrash allemand, qu’ils accommodaient à leur sauce pour le rendre encore plus bestial. De fait, le spécialiste n’aura aucun mal à savoir où les SEPULCHRAL VOICE ont déniché leur nom. Car malgré ce premier album sorti en 2020, l’existence du groupe ne remonte pas vraiment aux années 2010, mais plutôt à la fin des eighties, alors que le Thrash amorçait l’un de ses derniers virages populaires. Originaires comme leurs compatriotes célèbres de SEPULTURA de Belo Horizonte, les SEPULCHRAL VOICE ont publié leur première démo In Storm en 1988, et pensaient alors leur carrière lancée pour de bon. Mais après quatre démos supplémentaires publiées entre 1988 et 1991, leur production stoppa net son avancée pour laisser place au silence. Ainsi, le groupe n’eut jamais l’occasion à l’époque de prouver sa valeur sur LP, et semblait condamné à l’oubli dans les limbes de l’underground du Net. Mais profitant évidemment du regain d’intérêt du nouveau siècle pour les héros anciens, nos sympathiques musiciens ont remis le couvert, en s’assurant cette fois-ci de laisser une trace un peu plus profonde dans l’histoire. C’est ainsi que trente-trois ans après leur naissance, ces barbares nous offrent le fruit pourri de leurs réflexions malsaines, sous la forme d’un premier longue-durée qui joue la raison plutôt que l’opulence. Moins de trente minutes pour trois décennies de carrière, c’est court, mais suffisant pour se rendre compte que les brésiliens n’ont pas changé d’optique. Ils perpétuent ainsi en 2020 l’esprit bestial de la mouvance sud-américaine, et se satisfont très bien d’un Thrash aux relents Death enregistré comme à l’époque.
On retrouve d’ailleurs à la production d’Evil Never Rests un héros national, puisque le LP a été enregistré par André Cabelo de CHAKAL dans son propre Estúdio Engenho. Et avec une pochette typique et champêtre signée Marcelo Bessoni, l’illusion est totale, et on a le sentiment de se retrouver catapulté des années en arrière. Il est donc clair que la philosophie des brésiliens n’est pas de s’adapter à l’air du temps, si ce n’est en considérant la vague nostalgique actuelle. Sauf que dans leur cas, la nostalgie est tout à fait pertinente, puisque ce premier LP aurait dû être enregistré il y a quelques lunes. Respectant l’optique de leurs nombreuses démos, les cinq musiciens (Harley Senra - chant, Luiz Sepulchral & Ronaldo Ron Seth - guitares, Pepê Salomão - basse et Lélio Gustavo - batterie) foncent donc dans le tas et se proposent de résumer l’approche de leur pays dans les années 80, avec ce pas très subtil mélange de Thrash et de Death, qu’on osait alors nommer « Black Metal » sans vraiment savoir de quoi on parlait. Le son diffus et très amateur garantit à l’ensemble une patine très authentique, et ces dix hymnes à la brutalité donnent le sentiment d’avoir été captés sur un quatre pistes dans les couloirs du temps. La sensation, loin d’être désagréable est similaire à la découverte d’une œuvre inédite perdue dans les caisses d’un label un peu étourdi, et la brièveté de l’effort lui confère une aura spéciale et légèrement diabolique sur les bords. En optant pour un rythme de croisière assez linéaire, les musiciens s’en remettent à la foi des amateurs de violence d’époque, et ce parfum très brésilien fait du bien aux oreilles. Et dès « Existence in the Void », le bain est coulé, d’acide évidemment, même si ce morceau d’intro ne révèle pas toutes les facettes d’un groupe casher.
Sorti en 85/86, Evil Never Rests aurait eu fière allure sur les étagères de Cogumelo Records, avec ses riffs barbares, ses rythmiques basiques et ses hurlements rauques. Aujourd’hui, il reste un témoignage essentiel de la vitalité brésilienne sur la production underground des années 80. On reconnaît la patte dégoulinante de luxure grossière des groupes nationaux, les SARCOFAGO, SEPULTURA, CHAKAL, VULCANO, et cette propension naturelle à aller à l’essentiel de la violence. Toutefois, les musiciens ne crachent pas sur un brin de finesse, notamment lors de breaks bien agencés qui proposent un mid tempo accrocheur et diabolique (« Infernal Pain »). On peut même entrevoir dans le répertoire en flashback des réminiscences du mouvement Death à venir en Scandinavie à l’orée des nineties, lorsque l’ambiance se veut plus froide et putride. Mais c’est néanmoins le Thrash bestial qui se taille la part du lion, avec des décélérations efficaces et des motifs hautement mémorisables. Ainsi, « Fallen Spirit » joue le calme pendant la tempête, et nous rappelle les meilleurs moments d’un extrême de l’époque. En passant rarement la barre des trois minutes, les morceaux restent raisonnables, usent d’intros simples mais efficaces, et glissent même parfois des arrangements plus soignés sur fond d’arpèges en son clair (« In the Storm »). Tout est bien sûr très prévisible, mais jouissif, spécialement lorsque le tempo s’emballe pour se rapprocher d’un Thrashcore à forts relents Black (« Conjuration of Zumbies »). Efficace à défaut d’être novateur, ce premier album lâché sur le tard permet au groupe de se replacer dans l’histoire, et de s’affirmer comme l’un des acteurs mineurs d’un temps reculé, mais pas oublié. Quelques prétentions plus élaborées (« Blood Sacrifice »), une osmose globale convaincante, et un esprit d’équipe probant font de cette réalisation un produit très compétitif, et plus noble que bon nombre de sous-productions old-school balbutiantes de maladresse.
Efficace, franc et massif, enrobé dans un emballage vintage, Evil Never Rests prouve qu’en effet, le diable ne se repose jamais, et qu’il ressort de temps à autre montrer sa grosse queue fourchue.
Titres de l’album :
01. Existence in the Void
02. Evil Never Sleeps
03. Killer Instinct
04. Infernal Pain
05. Fallen Spirit
06. In the Storm
07. Conjuration of Zumbies
08. Blood Sacrifice
09. Unreal World10. Cold War
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