Du gros Death en provenance de Miami, Floride, ça vous rappelle des souvenirs ? Oui moi aussi, la naissance du genre, ses représentants les plus nobles, et une certaine vision de la violence au soleil des plages et à l’ombre des palmiers. On sait que la branche floridienne du Death Metal est plus qu’une simple institution, et une vraie légende, mais cette légende, loin d’appartenir au passé ressurgit de temps à autres via les cris de nouveaux représentants. Accueillons-donc dans la famille les jeunes HEXORCIST, qui avec leur premier longue-durée se font les garants du patrimoine d’état. Après une courte démo distribuée l’année dernière, ces quatre musiciens aux pseudos cryptiques (Hexorcist I - chant, Hexorcist II - basse, Hexorcist III - guitare et Hexorcist IV - batterie, vous n’en saurez pas plus puisque je n’ai pas photocopié leur permis de conduire) se lancent donc dans le bain, et nous livrent une prestation haute en bestialité la plus crue. En citant POSSESSED et MORBID ANGEL comme références, le groupe ne prend pas de risques, mais tombe pile là où il faut. En effet, Evil Reaping Death ressemble méchamment à un crossover malin entre The Eyes of Horror et Altars of Madness, sans atteindre la technicité du second ni la crudité du premier. Mais on sent que les deux allusions ont été prises très au sérieux, et ce premier longue-durée à de sacrés arguments à mettre en avant pour séduire les puristes au nez bouché.

Distribué par les esthètes espagnols de Memento Mori, jamais avares d’un coup pendable, ce premier album joue la carte de la sécurité, et explore les bas-fonds d’un  Death traditionnel, porté sur la vitesse et la fluidité des plans. En parcourant le court laïus codé en lettrage rouge sur le Bandcamp du groupe, on apprend que certains de ses membres ont fait partie de groupes comme GNOSIS ou DEVASTATOR (qui se voit même gratifié d’une reprise en fin de tracklisting), et qu’ils ne plaisantent pas avec l’histoire. Ils considèrent donc comme des icônes des combos comme MORBID ANGEL, NECROVORE, SARCOFAGO, DEATH, INCUBUS, POSSESSED, VITAL REMAINS, SLAYER et MORTEM, et n’ont pas l’intention de brader leur héritage. Mais on se rend rapidement compte de cette admiration sur l’entame bousculée de « Exulting the Adversary », qui après une longue intro Ambient orchestrale refourgue les soli si chers à Trey, avant d’accélérer les débats façon Thrash/Death sombre, mais efficace.

Sombre et efficace, tels sont les deux qualificatifs applicables à cette réalisation formelle, qui ne bousculera pas l’ordre vintage établi. Mais en bénéficiant d’un mastering soigné par Loïc Fontaine au studio Krucyator, on notera que les américains n’hésitent plus à venir jouer chez nous pour s’offrir le son qu’ils pensent mériter, des années après que nos représentants les plus dignes aient investi les studios Morrisound pour copier les productions floridiennes. Quelle ironie donc, mais une belle, qui prouve que depuis les origines, les tendances ont changé et que le langage Death est devenu universel.

Alors, quel bilan tirer sans hâte de cet Evil Reaping Death ? D’abord, qu’il mérite parfaitement son titre, et qu’il n’est qu’une agression sans pause de trente-cinq minutes. Le Death des américains sonne bestial mais agencé, strié d’interventions en solo totalement hystériques, et constellé de breaks tous aussi casseurs de nuque qu’une prise validée WWE. Le chant d’Hexorcist I méchamment grave et caverneux n’est pas sans évoquer un compromis entre le timbre de David Vincent et celui des chanteurs suédois en vogue dans les nineties, et la froideur apparente de l’ensemble, très rigide, est compensée par une énergie débridée qui adopte le contretemps comme tempo principal.  

Bien évidemment, rien de notable à signaler et encore moins une originalité à louer. Non, les HEXORCIST font dans le classique pur, dans la boucherie clinique, dans la passion avouée, et ce trip rapide et concis permet de se replonger dans la magie des premières années de règne du Death Metal le plus traditionnel. C’est extrêmement bien composé, parfaitement joué, rondement mené, suffisamment court pour ne pas lasser, et tout ça laisse une impression de violence sourde qui plane dans l’air comme une menace permanente. Pas vraiment de quoi choquer mais des arrangements plus prépondérants sur certains moreaux dont le très efficace « Unrighteous Ceremony ». animé de percussions au son sourd, et ce morceau n’est d’ailleurs pas sans évoquer un SUFFOCATION encore plus underground que la moyenne, et un lien éventuel avec les écuries Putrid Cult ou Iron Bonehead.

La reprise finale du « Crucifixion » de DEVASTATOR, petite cerise moisie sur un gâteau bien pourri est attachante, et fait rebondir l’histoire sur le passé des musiciens, qui ont décidément toujours privilégié la même optique. Du Death sourd, bavard, profond, blafard pour les amateurs de racines qui passent sous les cercueils et menacent de les faire exploser.

Titres de l’album:

01. Exulting the Adversary

02. Sentry at the Seven Gates

03. Unblessing the Reverent

04. Proverbs of Pestilence

05. Denouncing the Immaculate

06. Evil Reaping Death

07. Unrighteous Ceremony

08. Accursed Affirmations

09. Praising the Most Foul

10. Crucifixion (DEVASTATOR Cover)

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