Pour faire un bon gros cake de Thrash old-school, épicé comme il faut et rustique comme la vieille mais solide Francine qui fauche encore le blé à l’ancienne, c’est simple. Vous prenez des ingrédients venant d’Allemagne, vous les mélangez avec amour de la haine, et vous préparez le tout à la colombienne, histoire de relever un peu le goût et le rendre plus personnel. C’est une méthode d’usage, et en tout cas, celle utilisée par les WITCHTRAP depuis le début de leur carrière de cuistots de l’extrême, et vous pouvez leur faire confiance, leur dosage est le plus fiable sur le marché. Et pour cause, puisque leur cuisine est en activité depuis le début des années 90, et qu’ils ont déjà publié quatre livres de recettes devenus depuis des best-sellers de l’underground sud-américain. Leur tarte aux rognons est désormais un classique des tables réputées de Medellin, et les guides Micheline de l’underground n’ont de cesse de vanter leurs mérites, mettant en avant leurs préparations comme étant les plus goulues du marché. D’ailleurs, les plus grandes références se battent pour les avoir dans leur catalogue, et leur cinquième tome, paru plus tôt sur leur propre label se voit aujourd’hui gratifié d’une réédition en trois formules par les esthètes de Hells Headbangers, qui n’ont pas hésité à jouer le grand jeu. Ainsi, publié en mars 2020 par leurs propres moyens, Evil Strikes Again se voit honoré d’une nouvelle sortie en CD, vinyle et cassette, ce qui en dit long sur sa qualité et l’admiration que porte cette maison de disques aux chefs colombiens. Fondé en 1992 par les frères Carlos et Hugo Uribe, aka Burning Axe Ripper et Witchhammer, WITCHTRAP est en quelque sorte la quintessence d’un Thrash à l’ancienne, et à l’allemande, revu et corrigé par la bestialité en vogue dans les années 80 au Brésil. Alors évidemment, en cinq albums, le trio n’a pas vraiment révolutionné les choses, mais a imprimé son empreinte dans le patrimoine national au point de devenir une légende locale.
Et avec le soutien de Hells Headbangers, ils vont pouvoir propager leur bonne parole bien au-delà de leurs frontières, en s’appuyant sur leur œuvre la plus solide et féroce à ce jour. Cinq ans après Trap the Witch, qui ne déviait en rien de la trajectoire initiale, les trois disciples du malin (Witchhammer - batterie, Burning Axe Ripper - chant/guitare, et Enforcer - basse, depuis 2003) continuent donc leurs messes noires en l’honneur du prince des ténèbres, invoquant les esprits de quelques groupes des années 80 qui procédaient peu ou prou de la même façon. Se basant sur des fondations solides à la DESTRUCTION, pour construire des étages à la RAZOR, les WITCHTRAP jouent classique, fiable, mais riffent comme des diablotins, et vocalisent comme de pauvres chrétiens possédés par Lucifer. Avec des pseudos pareils, il n’y a évidemment pas de place pour l’hésitation, et si le tout est à peu près aussi original qu’un Schmier reprenant pour la millième fois « Mad Butcher » en concert, ce nouvel album dégage une bonne humeur paillarde très contagieuse qui nous replonge dans les affres d’eighties à l’extrême naissant. Guitare circulaire à outrance, basse qui suit religieusement les mêmes lignes mélodiques, batterie stable qui évite les fills trop risqués, chant écorché mais pas trop et honorant l’influence éternelle de Mille Petrozza, Evil Strikes Again reste une solide affaire de tradition, et complète l’œuvre des colombiens sans faire tâche. Avec des titres de morceaux qui en disent long sur les convictions second degré, des dégaines de greasers en mal de virée en enfer, et une foi sans borne en une forme très légèrement blackisée de Thrash Metal original, les trois compères continuent donc leur chemin sans dévier d’un iota de leur philosophie primale. Bien sûr, avec les années, le groupe a gagné en concision et en précision, et il ne serait pas incongru de voir en ce cinquième jet la traduction 2020 d’Endless Pain, le classique de toujours qui semble gagner des fans avec les années.
Le principal grief à formuler à l’encontre d’une telle réalisation est évidemment sa linéarité, avec des titres qui se suivent et se ressemblent, cavalant toujours sur le même tempo, et variant très légèrement les riffs pour ne pas sonner trop photocopié. Mais pas de doute à avoir, en neuf chansons plus une intro, les colombiens jouent le jeu de l’uniformité, accentuant parfois la pression grâce à des percussions plus marquées (« Death to False Metal »), mais gardant le même cap pendant quarante minutes. On s’amusera beaucoup de tous les clichés utilisés, de l’intro gentiment occulte et grouillant de zombies ruminant leur dalle, jusqu’au cri en début de titre qui se souvient de DESTRUCTION jusque dans la tombe, mais heureusement, ce cinquième n’est pas un jeu de dupes, et son caractère franc et joyeux nous permet de fermer les yeux sur les nombreuses facilités. Il est d’ailleurs impossible de ne pas craquer face à la fougue du hit d’entame « Midnight Rites », l’un des plus relevés du lot, et celui qui accepte le plus grand nombre de BPM. Alors, classique certes, mais joué avec conviction, et le meilleur Crossover entre KREATOR, DESTRUCTION, LIVING DEATH, et RAZOR disponible sur le marché actuellement. Mais avec bientôt trente ans de carrière, les WITCHTRAP connaissent leur boulot, et aménagent des breaks finauds, mélodiques comme il faut, avant de relancer la machine pour que le climat soit encore plus chaud. Quatre minutes par saillie est peut-être un peu trop ambitieux, spécialement lorsqu’on n’a qu’une idée ou deux pour les meubler, mais avec une poignée de mid-tempi (« Return to Hell » très VENOM qui mange proprement avec une fourchette), des aveux sympathiques de vente de son âme au diable (« Dealing with Satan ») et une attitude générale franche et sympathique, le trio colombien s’en sort avec plus que les horreurs, et propose à son public de dévoyés son meilleur LP à ce jour.
Inutile de tailler une croix renversée dans une branche de chêne, elle est fournie avec l’album, tout comme les clous et le patch KREATOR. Et sans être fondamental, Evil Strikes Again est assez symptomatique de la scène sud-américaine qui continue de faire revivre l’esprit des eighties avec force sortilèges et riffs de la mort.
Titres de l’album:
01. Fatal Litanies
02. Midnight Rites
03. Evil Strikes Again
04. Return to Hell
05. The Devil's on the Loose
06. Dealing with Satan
07. Madness and Poison
08. Death to False Metal
09. Born to Kill
10. Rhyme of the Insane
Sympathique, mais beaucoup trop convenu pour ne pas se noyer dans la masse.
La voix est moyenne , dommage .
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