Certains artistes sont là depuis si longtemps qu’on en oublie qu’ils sont encore là pour un bout de temps. Il faut dire que l’histoire des TAMBOURS DU BRONX a débuté dans les années 80, avant de traverser le monde par la Chine, le Brésil, New-York, l’Egypte, de partager la scène avec LES GARCONS BOUCHERS ou SEPULTURA, frappant sur ces fameux Monocorps 225 litres à grands coups de maillets, pour en sortir une symphonie de percussions à rendre totalement sourd la seconde moitié de Beethoven. Si l’essentiel de leur aventure est restée placée sous le signe des bidons manipulés comme des…tambours, depuis quelques années, le collectif a opéré une transition assez remarquable, en changeant de grade certains des siens.
C’est ainsi que Ben, Dom et Sid ont pris les guitares et la basse, pour une nouvelle approche plus en phase avec le Metal moderne. Soutenus par une sacrée clique de pointures de la scène, avec pas moins de trois chanteurs (Renato Di Folco, Reuno et Stef Buriez), un batteur (Franky Costanza), LES TAMBOURS DU BRONX ont élargi leur champ d’action dès 2018 avec un premier album purement Metal (Weapons Of Mass Percussion), qui évidemment exigeait une suite pour ne pas être qu’un one-shot certes délicieux, mais isolé.
La troupe bidonnée est donc de retour en 2023, pour un nouvel album publié par la structure même du groupe, et distribuée par Bloodblast Distribution. Evilution permet donc de faire le lien avec 2018, et de constater les progrès accomplis en cinq ans. Et si ces mêmes progrès restent discrets, ce nouvel album n’en cogne pas moins fort sur les tympans et le cœur, avec une fois encore, des percussions qui se tapent la bourre avec les guitares et la batterie de Franky, la valeur sure des toms.
Notons aussi la participation avantageuse de ce cher Andreas Kisser sur un titre très connoté SEPULTURA post-Max, et l’implication aux claviers d’Arco Trauma, et le casting est complet. Alors, cette nouvelle mouture gasoil/Metal, flambe-t-elle aussi bien que le dernier feu de joie sur parking servi bouillant ? Oui, et on soulignera même un surplus de hargne et de méchanceté de la part de nos percussionnistes, qui de temps à autres, se permettent de défier les SLIPKNOT sur leur propre terrain, tout en rappelant quelques références brutales françaises, dont LOFOFORA évidemment, mais aussi un poil de CLEARCUT, le projet éphémère de Stef Buriez.
Reuno s’offre d’ailleurs l’un des deux morceaux chantés en français, l’ouverture « Le Début de la Fin », qui de sa niaque explose les compteurs alors même que les ouvriers sont à peine arrivés sur le chantier. Et en parlant de chantier, celui développé par Evilution est du genre maousse, dans un style à la Godzilla lâché sur un projet Bouygues. Si les coups sont toujours aussi forts et généreux, si l’assise rythmique est toujours aussi importante et prépondérante, LES TAMBOURS DU BRONX ont une fois de plus trouvé le bon équilibre entre leur particularité et le côté plus généraliste d’un disque de Metal, pour une symphonie assourdissante mêlant bruits blancs permanents et riffs de guitare certes standards, mais efficaces.
On se replonge donc dans l’ambiance de la fin des nineties, lorsque le Néo-Metal commençait à muter pour ne plus garder que ses plus dignes représentants, lâchant les opportunistes sur le bord de la route. Avec un son surchauffé au chalumeau, de la sueur qui coule des tonneaux et des incartades assez proches de l’Indus le plus souple (« Child Of Sin », un truc que NEUROSIS et KILLING JOKE auraient pu produire sur scène), cette nouvelle vague nous heurte de plein fouet, et n’admet aucune baisse de régime. Aucun mal à imaginer ce barouf on stage, sur les plus grandes scènes des festivals, là où ces titres prendront toute leur ampleur, dégageant des amplis une très forte chaleur (« Chaos », qui porte bien son nom).
Constants dans l’effort, les musiciens maintiennent la pression, mais acceptent aussi quelques mélodies qui allègent quelque peu le propos. Ainsi, « U Lost » commence comme un inédit de STONE SOUR, avant de s’aplatir de rage pour alimenter en charbon la locomotive. Les lignes de chant partagées sont une fois de plus très efficaces et pertinentes, et on sent que les participants ont pris beaucoup de plaisir à jouer ensemble.
Mais alors, LES TAMBOURS DU BRONX, un vrai groupe de Metal ou un simple gimmick passager ? Je ne saurais dire si cette formule perdurera au-delà de ces deux albums, mais l’important n’est pas là. En tant que nouvelle étape, Evilution domine les nouveautés du marché sans chercher midi à quatorze heures, et en tant que mue, il indique que les percussionnistes croient toujours en cette fusion qui leur permet de colorer leur bidon d’un rouge sang un peu rouillé.
Un Néo-Metal de premier choix, puisque rehaussé par des professionnels de la frappe. Loin des astuces faciles de production, LES TAMBOURS DU BRONX se sont une fois encore totalement investis, tenant la distance sans aucun problème (on s’écoute ça une bonne dizaine de fois sans effort ou inconfort), pour ne pas finir en queue de poisson pour quelques croches frappées à l’unisson.
Non, ce disque est hautement recommandable, au moins autant que n’importe quelle production internationale entre nouvel/ancien Metal et tribal inoxydable. Heavy comme une enclume lâchée sur un tas d’acier (« Denials »), furieux comme un alliage en fusion (« The Power »), pour incarner un nouveau visage, renfrogné, mais cachant un cœur généreux et très partageur dans la violence.
Après, LES TAMBOURS DU KORN, ou les SEPULTURA DU BRONX, peu importe. L’essentiel est d’y croire, et de se laisser aller à cette histoire si bien racontée.
Titres de l'album :
01. Le Début de la Fin
02. Ghosts
03. Chaos
04. Razorback
05. Lion's Share
06. Double Devils
07. Child Of Sin
08. U Lost
09. True Hate
10. Mortel Ami
11. Denials
12. The Power
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@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
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