Oui, j’en suis conscient, ne vous inquiétez pas. Célébrer un weekend Pascal en chroniquant le second longue durée d’un groupe de BM Canadien porté sur la haine et l’isolement, n’est certainement pas le meilleur moyen de fêter la résurrection de Jésus, mais en même temps, le pied de nez pourra séduire les plus subversifs d’entre vous.
Qui d’ailleurs devez déjà connaître le parcours du projet THE PROJECTIONIST, puisque cet Exalted Solitude n’est pas vraiment leur coup d’essai.
Pour placer le contexte, précisons que cette entité est née de l’esprit dérangé de Lord Matzigkeitus (ex-IDOLATRY), qui s’est vite vu rejoindre par d’autres musiciens du cru (membres de VILE INSIGNIA, UNREST, OV ENOCHIAN, BELCHIOR). Le line-up a bien sûr évolué avec les années et les sorties, et le groupe peut s’enorgueillir de deux précédentes publications sous forme de EP/LP avec Poisonous Disengagement et The Gallowforest Eulogy , qui trouvent donc une suite en 2017 via les échos nauséeux d’Exalted Solitude, qui sans chambouler l’échiquier du BM Canadien, en présente un visage aux traits un peu différents. Loin de l’extrémisme de la scène Cold-Black locale, centrée sur une violence froide et palpable, THE PROJECTIONIST s’inspire autant de sa propre culture que de celle de la seconde vague BM Européenne, en proposant une musique hautement abrasive mais modérée, toutefois striée d’accès de rage et de violence pure.
Et sous une magnifique pochette aux ambitions artistiques indéniables (signée de la main de Sang Ho Moon), se cache donc un disque pluriforme, non exempt de défauts et de baisses de régime notables, mais qui a au moins le mérite d’aller fouiller un peu plus profondément que le charnier Black de base en déterrant d’autres cadavres, à la putréfaction moins avancée.
Inutile donc de sortir le carbone 14 pour dater l’inspiration de Lord Matzigkeitus, qui par moments dévie salement de sa ligne de conduite pour explorer les confins du BM le plus nihiliste, n’hésitant d’ailleurs pas à verser dans le Noise un peu cru.
En témoigne cet abominable « Ineffable Inner World », à la production fluctuante et sèche comme un coup de trique, qui laisse des guitares rachitiques se noyer dans un torrent de bile vocale schizophrénique. Un titre résolument atypique, qui fait fi de toute construction logique et qui se rapproche des méfaits les plus nauséabonds des 1349 sur Demonoir. Mais un solide défouloir qui donne la tonalité d’un LP décidément pas comme les autres.
La puissance est omniprésente, mais traitée selon plusieurs prismes déformants. Il est assez rare que THE PROJECTIONIST privilégie l’attaque de front, et n’abuse que très rarement des blasts, préférant une atmosphère assez putride, et parfois impressionnante, spécialement au niveau des arrangements de chant. Ainsi, « Oubliette Threnodies » frise parfois la vilénie d’un GNAW THEIR TONGUES, sans tomber dans l’exagération Noisy, mais en laissant quand même les idées déambuler dans les couloirs d’un Post Black Indus assez tétanisant.
Si les morceaux sont plutôt longs et truffés d’idées toutes plus bruitistes les unes que les autres, l’accalmie acoustique pointe parfois le bout de ses arpèges, à l’occasion d’un apaisant « If Erased, So Fertile Ought », aux harmonies toutefois souillées par quelques murmures aux propos pas forcément rassurants.
Mais c’est visiblement le format long qui sied le mieux au projet Canadien, puisque les pistes dépassent volontiers les cinq minutes, avec une grosse exception finale incarnée par un « Harpy Whispers Malice (The Regent's Downfall) » de près de dix minutes.
Reconnaissons que Lord Matzigkeitus a soigné sa sortie en laissant sa créativité divaguer le long d’une longue intro distillant une ambiance mortifère, avant de permettre à des guitares apocalyptiques de souffler le vent de la discorde. Avec un chant qui semble plonger en pleine introspection diabolique et une rythmique évolutive qui n’hésite pas à en rajouter, ce morceau est un peu l’épitomé de l’art décalé des Canadiens pour trousser des atmosphères délétères et nous envouter plutôt que nous rebuter ou violenter sans but.
C’est assurément le point fort de la formation, qui a très bien compris qu’une overdose de violence ne fait pas loi, et se montre bien moins efficace qu’un tableau sombre peint d’humeurs vénéneuses, au risque de s’aliéner une bonne partie du public BM, pas forcément portée sur la nuance.
Pourtant, sans vraiment se placer aux avant-postes de la révolution BM en marche, THE PROJECTIONIST est un concept assez intéressant en soi, comme le démontrent des compositions aussi malsaines et denses telles que ce « Draw Away », véritable combat d’entités démoniaques en live, qui propose un chant absolument infâme, au croisement des piaillements de Varg Vikerness et Legion, et des arrangements assourdissants en arrière-plan (qui évoquent d’ailleurs une sacré bataille rangée entre démons antagonistes), ou « Chapel of Astaroth », qui sans rappeler le séminal « Chapel Of Ghouls » de MORBID ANGEL joue une nouvelle fois la carte de l’outrance dissonante, en misant tout son mal être sur des nappes vocales de plus en plus désincarnées, s’accordant parfaitement de parties de guitare anémiées et de changements de rythme multiples.
La force et le talon d’Achille de la formation résiderait donc dans cette dualité entre une importance énorme accordée au chant, parfois au détriment d’un instrumental qui peine à se faire une place. Mais lorsque le décalage fonctionne, le BM des Canadiens est terriblement atypique, ce que confirment les dernières compositions de ce second LP.
Toutefois, et accordons leur ceci, ils sont parfois capables de se montrer plus classiques, sur l’entame « 11 Strikes to Incite Incurable Silences » au doux parfum CRADLE OF FILTH version crédible et moins Grand-Guignol ou lors de « Zarathustra », l’un des segments les plus lapidaires de l’ensemble, qui ose enfin des blasts plus francs.
« Sleepless Witching Curse » semble même bénéficier d’un regain de puissance, mais reste sous l’emprise de délires vocaux absolument atroces, que l’on apprécie pourtant tout particulièrement. Breaks à l’avenant, constructions défiant toute logique, et évolution plus que progression, tels sont les moteurs de l’inspiration d’Exalted Solitude, qui laisse en effet les THE PROJECTIONIST un peu isolés sur leur montagne de nihilisme musical et de misanthropie vocale.
Un album qui ne saura séduire tout le monde, mais qui a le mérite de tenter des choses différentes pour rendre la solitude un peu plus attirante.
Titres de l'album:
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