Tranquille.
C’est vraiment le premier mot qui vient à l’esprit quand on pense au parcours des allemands d’APOPHIS, qui depuis leurs débuts en 1990 n’ont daigné sortir que quatre longue-durée. Il faut dire que cette énigme temporelle s’explique assez facilement par le long silence qui a suivi le troisième acte de cette tragédie, I Am Your Blindness. Nous faisant croire à une cécité artistique, les allemands ont fini par devenir aveugles et ne plus voir la lumière au bout du tunnel en tant que groupe, mais personne pourtant ne savait à l’époque qu’il leur faudrait size ans pour écrire le quatrième tome de leur légende. Car Excess n’était plus vraiment attendu sur les bureaux des rédactions, ni dans la discothèque des amateurs de Death franc et mélodique, tout le monde croyant le quintet étendu pour le copte, dont le corps pourrissait certainement dans un coin d’Aalen.
Soyons donc heureux aujourd’hui, puisque APOPHIS a décidé de reprendre ses activités, soutenu par la référence nationale Massacre Records, trop heureuse de compter dans ses rangs une autre légende. Une légende certes modeste, le groupe n’ayant jamais bénéficié d’un rayonnement élargi, mais il est toujours plaisant de retrouver ce Death âpre et costaud aux entournures, qui ne crache pas sur un brin de fantaisie harmonique à la suédoise. Classique de bout en bout, Excess ne fait pas vraiment honneur à son titre qui évoque d’éventuels débordements de puissance, et se place dans la plus droite lignée des trois premiers efforts des allemands.
Articulé autour de ses deux membres originaux, Erik Stegmaier (batterie), et Roger Kirchner (guitare), ses deux autres acteurs plus récents Bernd Kombrink (chant, 2004) et Fabian Guschlbauer (guitare, 2008), et son nouveau-venu Guntram Berger (basse, 2020), APOPHIS a donc repris le cours de son histoire et le chemin des studios, pour nous proposer un effort solide, peaufiné, sauvage, et terriblement traditionnel dans les faits. Mais les allemands n’ont jamais été connus pour leur culot, mais plutôt pour leur capacité à composer des morceaux épais, nuancés, striés de mélodies et reposant sur des variations rythmiques intéressantes.
Excess ne déroge donc pas à la règle, et impose une sorte de consensus autour de la brutalité contrôlée. Enrobé dans un package de riffs concentriques, dominé de la gorge par un vocaliste qui n’a pas oublié de grogner, et propulsé par une rythmique capable sinon inventive, ce quatrième chapitre de la saga est juste assez solide pour supporter de ses épaules le poids de ce long silence à justifier artistiquement. Oh, rien de véritablement transcendant pour qui se tient au courant de l’actualité Death, mais de quoi s’éloigner un instant du formalisme old-school qui nous bouffe les nerfs chaque semaine un peu plus. Ici, pas question de recycler des plans usés jusqu’au linceul, pas question non plus de sombrer dans l’opportunisme du jeunisme, mais de rester fidèle à une recette éprouvée qui fonctionne depuis des années, et qui rassurera les fans les plus accrochés.
Et en exposant son comeback d’un title-track aussi féroce que « Excess », APOPHIS n’a pris aucun risque au moment de s’essuyer les guitares sur le paillasson de la mémoire. Blasts, production clean mais suffisamment rauque pour garder le steak tartare, unité de ton et symbiose de fond, le mélange est parfait, quoi qu’un peu trop convenu. On se replonge donc dans le passé d’un acteur de seconde division, toujours aussi sympathique et féroce, et conscient de ses propres limites. Pas d’expérimentation donc, des breaks qui traînent parfois en longueur en se reposant sur la redondance d’un riff plus rebattu que la terre de Roland-Garros, mais de la confiance, et du soin apporté aux petits détails. Avec une basse qui a refusé de se laisser enterrer dans le mix, et un grogneur qui ne vocifère pas plus qu’il ne faut, APOPHIS renoue le contact avec sa fanbase de la manière la plus honnête qui soit.
Les titres jouent le traditionalisme brutal modéré, à l’image du long et écrasant « Every Single Stab », et si cette modération peut gêner à un moment donné, elle ne gâche pas pour autant le plaisir de retrouvailles inopinées. Avec quatre titres passant la barre des six minutes, le groupe a fait preuve d’ambition, tout en n’ayant pas toujours les moyens de la mettre en place. On déplorera donc des astuces pour étirer les compositions sans leur apporter de plus-value, et on se rabattra sur les titres les plus condensés qui sont aussi les plus efficaces…mais pas les plus limpides non plus.
Gare donc au tour de cou sur le nauséeux « Dust In The Sand », qui use d’arpèges en entame pour mieux nous séduire d’un Death à la ENTOMBED par la suite, ou au tournis provoqué par le riff malin de « The Show Is Over », qui lime les barreaux de la cage.
Un album honnête, qui ne vous enterrera pas vivant, mais qui vous permettra de reprendre contact avec des fossoyeurs sympathiques du Death germain des années 90. De là à dire qu’Excess pardonne facilement l’excès de seize ans de silence, il y a un discours long comme le bras que je n’écrirai pas.
Titres de l’album:
01. Excess
02. The End Of The Path
03. Every Single Stab
04. Metamorphosis
05. Forgive Yourself
06. Dust In The Sand
07. The Show Is Over
08. Temptations
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