Nous sommes tous fatigués non ? Ce que nous avons dû subir ces dernières années n’a pas été de tout repos, entre pandémie et confinement, montée des extrêmes, racisme ambiant, féminicides multipliés par deux ou trois, violences de rue ou domestiques, baisse du pouvoir d’achat, prix de l’essence qui fait le yoyo, météo capricieuse avec crues, canicule, éboulements…Pas étonnant que plus grand-monde n’ait la capacité de s’enthousiasmer pour quoi que ce soit, sans même parler e s’investir pour l’avenir. Et pourquoi faire d’abord ? Dès qu’un embryon de solution est trouvé, on le jette aux toilettes et on tire la chasse. Parce que le profit, parce qu’il est plus facile de continuer à faire ce que nous avons toujours fait plutôt que de changer et de s’offrir des perspectives. J’en connais même qui renoncent et se suicide face au désespoir et au manque total de perspectives. La lumière se tamise de plus en plus, et le chaos occupe une place centrale dans l’évolution de l’humanité. Qui nous réserve sans doute encore quelques surprises bien vilaines.
Désolé de casser l’ambiance, mais quand je vois un animal mort les tripes à l’air, même en dessin, ça n’aiguise pas forcément mon optimisme. De nature misanthropique, asociable, je ne peux que faire un pas de côté lors des thérapies de groupe. Je préfère me confier à la musique qui m’apporte depuis des années plus de soutien que n’importe quel praticien. Prenons par exemple le cas des américains de PYRRHON. Leur formule tout inconfort propose des pirouettes, des écarts faciaux, de la transpiration à gogo, et une obligation formelle de regarder la réalité en face, aussi hideuse soit-elle.
Certes, c’est assez peu engageant, mais ça a le mérite d’être honnête.
Depuis leur émergence sur la scène de Brooklyn, autrefois réputée pour ses réflexes Hardcore, les PYRRHON n’ont guère profité d’un moment de temps libre. Album, on tourne, on compose, un autre album, et ainsi de suite. Jusqu’à ce jour fatidique où tout le monde a été consigné à demeure. Dès lors, la méthode devait changer, non par choix mais par obligation. Un album qui sort en plein marasme de pandémie, une tournée avortée, une reprise de contact avec les clubs en une ou deux occurrence, et l’occasion enfin de garder un peu de temps pour soi et de changer les habitudes. Et de façon radicale. Laquelle ? Une retraite non aux flambeaux mais créative, isolés de tout, perdus dans la pampa avec des instruments et ce désir viscéral de créer.
Nous n’avions jamais fait de retraite créative auparavant, et c’était tellement cool d’écrire des trucs à la volée. Écrire dans la même pièce nous a montré que nous n’avions pas besoin de nous forcer pour composer quelque chose de valable. Il y avait beaucoup de liberté dans le groupe, surtout quand on a fait cet album. Le fait de faire preuve d’énergie dans la même pièce nous a aidés à nous faire davantage confiance
Et ça se sent. Dès le début. Bien que la musique de PYRRHON ait toujours été éminemment chaotique et discordante, Exhaust a poussé le bouchon encore un peu plus loin, comme un chat qui fait glisser un objet random sur une table. Alors, Exhaust d’accord, mais pourquoi ?
Ça traite de l’expérience d’être poussé au-delà de votre capacité à encaisser les choses. Nous avons affronté une pandémie, et maintenant les gens agissent comme si elle n’avait jamais eu lieu. Nous avons connu une tentative d’insurrection fasciste, et maintenant les gens agissent comme si cela n’était pas arrivé. C’est le sentiment de jongler constamment avec les choses et de ne jamais les maîtriser. Ce ressenti occupe une grande part de cet album et des images qui en découlent.
Tout ça fait beaucoup. Et pour retranscrire les émotions d’une pandémie et de ses conséquences, il faut en avoir sous les sabots. Mais les new-yorkais ont l’habitude de composer des morceaux alambiqués, qui génèrent bien des sentiments contraires, ou complémentaires. Ce nouvel album ne déroge à aucune règle, et il est très difficile de savoir qu’il a été composé dans un vieux chalet les yeux dans les yeux. Son professionnalisme évoque les studios les plus modernes, ses impulsions la maturation la plus complète, et sa puissance la concentration la plus absolue. Tout est résumé en dix morceaux, et ces dix morceaux sont des explosions de rage, d’incompréhension, de frustration et animés d’un désir d’annihilation.
D’où ce monstrueux « Concrete Charlie », horrible créature de béton, d’excréments, de règles tacites et de liberté au-delà de l’entendement. Entre Death expérimental et Mathcore gonflé aux anabolisants, le registre est toujours aussi brutal et dissonant, et l’effet sur le moral fluctuant. A la manière d’un faux jumeau de CONVERGE et DILLINGER ESCAPE PLAN passé de l’autre côté de la frontière Death, PYRRHON pulvérise, atomise et s’embarque dans des digressions violentes, chaotiques, parfois cacophoniques, et accouche d’abominations comme « First As Tragedy, Then As Farce » ou « Stress Fractures ».
On se dit même qu’un ATHEIST perdu sur le chemin de la vie, et en pleine psychose aurait pu accoucher d’un album pareil. Ces variations, cette technique prédominante, cette envie de lâcher tout ce qu’on a sur le cœur correspondent assez bien aux réflexes nineties, lorsque le Death Metal s’appuyait un peu plus sur le solfège sans renoncer à son instinct bestial.
Un album éprouvant, voire même exténuant. Pas étonnant que les new-yorkais l’aient baptisé ainsi, nous vendant uniquement ce qu’ils ont à offrir. Le tempo irrégulier et haché, cette guitare qui ne semble pas accepter la notion de riff clair et précis, et ce chant ignoble caractéristique des plus acharnés Hardcore, tout contribue à vous mettre mal à l’aise, et surtout, à forcer sur votre résistance morale et physique. « Last Gasp » a même ce petit sadisme de Portland dans ses discordances, ce qui ne fait que renforcer l’aspect « torture » de l’expérience.
J’étais fatigué, je suis épuisé. Flapi, étalé pour le compte. J’ai eu ma dose, à vous de vous injecter la vôtre. Attention aux effets secondaire toutefois. Car une fois la pilule avalée, la vie vous paraitra encore plus insupportable et bordélique.
Titres de l’album:
01. Not Going To Mars
02. First As Tragedy, Then As Farce
03. The Greatest City On Earth
04. Strange Pains
05. Out Of Gas
06. Luck Of The Draw
07. Concrete Charlie
08. Stress Fractures
09. Last Gasp
10. Hell Medicine
J'y vais perso, sans doute pour la dernière fois, mais ma liste de concerts d'ici le festival me donne clairement beaucoup plus envie de ce line-up décevant.
11/12/2024, 19:49
Quand on voit la photo, va falloir qu'on lui achète un peu de matos pour remplacer l'ami Nicko.
11/12/2024, 19:47
Bon, ben, maintenant, on sait (voir sa dernière vidéo sur YouTube), Kevin n'est pas dans ARCHSPIRE mais à France Tabasse (ou plutôt Tadrum) !
11/12/2024, 19:19
C'est quoi le Hellfest (ha ha) ? Comme si c'était le seul festival de France. Certes, c'est le plus important mais bon, il n'y a pas que ça, merde. Et encore un livre de plus sur le sujet. Et dire que déjà à une certaine époque, je tro(...)
11/12/2024, 19:10
Honnêtement il y a de quoi faire pour un gros metalleux n'empêche Exodus, Dream Theater, Savatage, Judas Priest, Jerry Cantrell, Abbath, Epica Mais pas pour 300 euros le billet mdr
11/12/2024, 17:13
Quelques mots éclairants de Bruce : https://www.facebook.com/reel/1073351141139243?mibextid=rS40aB7S9Ucbxw6v
11/12/2024, 15:43
J'm'étais dit que pour une fois je posterai pas sur cette news du HELLFEST...Perdu.Comme quoi ce fest est tout de même LE sujet qui nous fait encore tous réagir bordel...Indécrottables.
11/12/2024, 11:33
1) "S'ils ne vous aiment pas ne les aimer pas non plus"Belle réf... ... ...2) "Au moins Jerem pourra revoir FALLING IN REVERSE"Coup sous la ceinture.3) "Sinon question cible du Hellfest j'étais dans une des premiè(...)
11/12/2024, 11:29
@ DPD : oh bah quand même : Samaïn Fest, Muscadeath, Pyrenean Warriors, Xtreme fest, Courts of Chaos, Superbowl of Harcore, Lezard’os, Winter Rising Fest, Obscene Extreme, Anthems of Steel, Party San, Mosh Fest, Les Lunatiques, British Steel, etc...On parle et / ou r(...)
11/12/2024, 11:05
Il n'y a aucune info sur son recrutement dans Archspire ... Juste les auditions effectuées. Alors, breaking news ou susceptibilité ?
11/12/2024, 07:31
Sinon c'est bien gentil mais vous ne signalez même pas les annonces de petits festivals spécialisés. Vous parlez du Forest Fest, ce genre de trucs ? j'ai jamais vu d'annonce ici.
10/12/2024, 19:38
Sinon question cible du hellfest j'étais dans une des premières éditions et j'en suis embarrassé vu la chiasse que c'est devenu, j'y ai contribué, j'y ai cru, j'ai financé ce monstre en devenir.. Miserere.
10/12/2024, 19:32
Absolument pas lol, tu as des groupes de ricains qui font directement référence à la scène black norvégienne des 90's aujourd'hui, c'est pas mon truc mais ils sont là et fonctionnent bien. Et à titre personnel je n'ai jamais app(...)
10/12/2024, 19:27
Cypress Hill est le groupe le plus Metal du Hip Hop, l'album Skull & Bones en est un exemple criant et le plus immédiat, mais surtout, l'ambiance de leurs albums est ultra sombre, j'aime beaucoup leurs albums jusqu'à Skull & Bones justement. Disons que &c(...)
10/12/2024, 18:54
Je crois que peu de gens ici (en tout cas ceux qui commentent habituellement) sont de toute façon clients de ce Fest et donc concernés par ce qu'il est devenu. Consternés, à la limite. :-D. Car ça fait un moment que la frange extrême du public v(...)
10/12/2024, 18:46
Non mais même si tu veux faire dans le hip-hop dark (et noisy de préférence), tu as des tas de types qui ont plus leur place. Mais dans le cas présent oui ils sont à la maison, il faudrait arrêter de relayer les annonces de ce festival sur tout site sp&eacu(...)
10/12/2024, 17:13
Cypress Hill ils ont fait des feat avec des groupes de Metal et aussi un projet avec Morello de RATM...Mais sinon c'est du Hip Hop
10/12/2024, 16:50
Par contre Cypress Hill je veux bien une explication, car encore Muse on peut trouver une filiation lointaine, mais n'étant pas du tout fan de ce style, là je sèche...
10/12/2024, 16:33