Un groupe de Caserta qui rend hommage au maître national de l’horreur macabre, ça ne se rate pas, sous aucun prétexte. D’autant que le groupe en question à l’honnêteté de se baptiser comme sa source d’inspiration, et que sa musique fait preuve d’un flair certain pour se mettre à la hauteur des ambiances mortifères des films qu’il admire. Ainsi donc est FULCI, trio né 2013 et déjà auteur de deux longue-durée en 2015 (Opening the Hell Gates) et 2019 (Tropical Sun). Deux albums flanqués d’un artwork superbe rappelant les jaquettes fascinantes de notre jeunesse, et focalisés comme il se doit sur deux films du productif réalisateur : L’Au-Delà et Zombi. Ne vous attendez donc pas à une gentille balade dans les coins les plus bucoliques d’Italie, mais bien à un trip horrifique dans les méandres de l’imagination d’un habile faiseur, qui durant toute sa carrière n’aura cherché qu’une seule chose : combiner le succès commercial et l’approche d’auteur. Bien sûr, tout le monde connaît le bon vieux Lucio pour sa période horreur sèche et cadavérique, et tout le monde honore ses pellicules les plus connues, celles centrées sur les morts-vivants de la fin des années 70/début 80. Mais Lucio a continué son travail par la suite, et si le thème du mort-vivant à souvent occupé une place centrale dans ses travaux postérieurs, il n’en a pas moins cherché à s’en éloigner. D’où l’intérêt de FULCI, le groupe, pour un de ses films les plus obscurs, Voix Profondes.
Voix Profondes est loin d’être le meilleur film de Lucio, mais il n’est pas le pire non plus, cette palme revenant de droit à l’abominable Les Fantomes de Sodome. Mais il tentait tardivement de renouer avec cette horreur viscérale et maladive qu’il imposait à toutes ses réalisations les plus cultes, et se rapprochait parfois de la qualité d’un La Maison Près du Cimetière.
FULCI (Klem - basse, Dome - guitare/synthés et Fiore - chant) s’adapte donc depuis des années à l’optique choisie, et nous propose des albums qui tiennent méchamment debout, et qui comme tout bon zombi qui se respecte, cherchent à bouffer des cervelles au passage pour tenter de ne pas devenir trop décrépis. Si la plupart des sites référencent les trois musiciens sous l’étiquette Brutal Death, ne vous laissez pas avoir : chaque album à son ambiance, trois salles, trois atmosphères, et ce nouvel effort ne fait aucunement exception à la règle. Les dix morceaux d’Exhumed Information collent à la peau de cette histoire d’homme empoisonné, dont l’esprit revient sur terre pour aider sa fille à trouver ses meurtriers. Film anecdotique ne voulant pas dire hommage semblable, autant avouer que ce troisième effort des italiens tient méchamment la route, et aurait pu servir de bande-son directe au maestro pour illustrer ses séquences les plus morbides ou les plus oniriques. C’est ainsi que les trois musiciens nous servent un superbe interlude Synth-Pop avec « Glass », et plus généralement, utilisent avec beaucoup d‘efficience un synthé qui n’a pas pour unique rôle de jouer les seconds.
Mais rassurez-vous, FULCI n’est pas CARPENTER BRUT, et la majorité des pistes se concentrent sur un Death lourd, compact et violent, tel que l’underground européen pouvait nous servir dans les années 90. De la brutalité maîtrisée donc, un penchant pour le rétro, mais un panache indéniable dans la mise en place font de cet album une véritable réussite, en tant que disque per se, mais aussi en tant que BO imaginaire d’un film depuis longtemps oublié par la conscience collective…mais pas par les fans.
Et les FULCI sont de véritables fans du bonhomme, au point de lui consacrer une discographie riche et complète. Et après un court sample de Voix Profondes, c’est un Death épais, sombre, aux riffs énormes qui vous attend au tournant, comme une mort programmée d’avance et exécutée avec célérité. Assumant totalement des influences brutales et classiques qu’on sent au détour de chaque arrangement (IMMOLATION, INCANTATION, CANNIBAL CORPSE, MORTICIAN, NECROPHAGIA), mais aussi celles plus musicales de compositeurs comme Fabio Frizzi, John Carpenter ou Franco Micalizzi, FULCI mixe donc le monde des vivants avec celui des morts pour produire une musique efficace, très intelligemment construite, qui réserve parfois de belles surprises comme le riff ultra-efficace de « Nightmare », catchy en diable et qui nous replonge en pleine fascination des nineties pour l’univers le plus macabre du cinéma et de la musique.
Loin de fonctionner comme un exutoire pour adolescents attardés, Exhumed Information est une véritable œuvre élaborée avec passion et amour, à l’image des films les moins bricolés du maître. Un morceau aussi progressif et envoutant que « Child » pourrait servir de BO à n’importe quel effort old-school actuel, bien mieux que certains scores officiels, de même que « Fantasma » et son Synth-Doom à la TYPE O NEGATIVE revenu du monde des morts. Clairement scindé en deux parties, Exhumed Information est un petit bijou évolutif qu’on se prend à réécouter par pur plaisir, même pas coupable, avant de se replonger dans la filmographie d’un réalisateur qui toute sa vie, aura couru après la reconnaissance publique sans lui sacrifier son sens artistique.
Un bien bel hommage.
Titres de l’album:
01. Autopsy
02. Voices
03. Nightmare
04. Evil
05. Funeral
06. Tomb
07. Glass
08. Child
09. Fantasma
10. Cemetery
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15