Nouvelle sortie chez les décidément infatigables Iron Bonehead, le premier LP des slovaques de TUJAROT. A priori, rien ne distingue cette production du reste de l’écurie allemande, et pourtant, ce longue-durée est assez unique en bien des points, et il ne se contente pas de répondre aux exigences pointues de qualité underground du label. Fondé en 2012, ce trio énigmatique (M - batterie, V - chant/basse et A - chant/guitare/ambiance) a patiemment élaboré sa discographie en toute discrétion, et s’est pour l’instant contenté de EP’s, et d’une compilation les recoupant tous les deux. Ces EP’s se bornant en chaque occurrence d’un seul et unique morceau ont contribué à définir le son étrange de ce Black Metal venu de l’est, émergeant de ce petit pays coincé entre la Hongrie, la Pologne et l’Ukraine, qui refuse les codes les plus évidents du genre pour s’aventurer en terre mystique, et développer de beaux arguments ténébreux, sans pour autant verser dans les réflexes les plus habituels. Il est d’ailleurs très difficile de définir la musique des TUJAROT, puisqu’ils n’ont que peu d’équivalents sur la scène internationale. Jouant la discrétion virtuelle autant qu’ils le peuvent, les trois musiciens préfèrent patiemment élaborer leur œuvre, en mettant l’emphase sur la lourdeur, les ambiances, pour offrir un point de jonction entre les sonorités les plus classiques et les exactions contemporaines osant enfin jouer le jeu de l’ambivalence et de l’hybridation. Et sans aller jusqu’à plonger dans les abysses les plus impénétrables de leur créativité, le format même de cette sortie a de quoi étonner. Existencialista a d’abord bénéficié d’une publication sous la forme d’un set dépliant de trois mini-CD, édité à trente-neuf exemplaires et entièrement créé à la main, avant de tomber sous celles du label allemand, bien décidé à le proposer sous un packaging plus classique, ne dissimulant en rien son étrangéité.
De fait, et dans le fond et la forme cette fois ci, ce premier album se constitue donc comme le veut leur tradition de trois morceaux dépassant allègrement les dix minutes, mais qui ne tombent jamais dans le piège facile de la redite ou de l’expérimentation erratique. Si les impulsions semblent guidées par des humeurs, de violence ou de nihilisme, la musique fait preuve d’une créativité palpable, en unissant les époques et influant le temps, pour qu’il forme une boucle assez intéressante nouant le passé au présent. On y retrouve donc la violence inhérente aux débuts du BM dit de l’est, mais aussi les dissonances plus contemporaines des VIRUS, de SHINING, et ce sens de l’épidermisme, si vous excusez ce néologisme osé, qui constelle les productions des ukrainiens, des russes et des hongrois depuis le début des années 2000. Placé sous l’égide de références multiples, mais résolument personnel, Existencialista ne lasse jamais, mais agit plutôt comme un catalyseur stimulant votre curiosité, et propose une vision individuelle et collective de ténèbres qui ont toujours représenté le décorum idéal pour une musique misanthropique, réfutant tout principe de musicalité trop prononcée, mais ne renonçant pas pour autant à des harmonies qui permettent d’amplifier la puissance de rythmiques et de riffs taillés dans le jais. Aussi évolutif qu’il ne peut être statique, ce BM sourd, diffus et pourtant terriblement précis échappe à toute catégorisation, pour laisser parfois l’improvisation logique prendre le pas sur l’élaboration précautionneuse. Et c’est justement cette dualité qui étonne, d’autant plus que le son dont dispose cette réalisation permet d’en apprécier chaque détail, aussi infime soit-il.
Trois titres donc, conséquents, qui déroulent leur imaginaire macabre au long de breaks largement étendus, sans opter pour une structuration formellement agencée. Si pour beaucoup, les trois segments partageront tant de points communs qu’il en deviendra difficile de les distinguer, les initiés sauront reconnaître quelques variations, dans le tempo principalement, mais aussi dans l’approche, plus opaque par moments et plus lumineuse à d’autres. Le chant, mixé en sévère arrière-plan, agit presque comme une troisième ligne rythmique, d’autant plus que les riffs dispensés par la guitare n’en sont pas vraiment, mais s’apparentent plutôt à des couches sonores qu’on empile aux côtés d’une rythmique relativement polyvalente, qui donne toute l’étendue de ses possibilités sur le final « Dryáda ». Cet épilogue ose d’ailleurs jouer le jeu de motifs plus facilement mémorisables, et presque Rock dans les intentions sous-jacentes, sans perdre de vue cette crudité de ton qui rend chaque attaque précise, et chaque portion de chanson prolongement logique de la précédente. Evitant d’ailleurs les imbrications un peu téléphonées, les slovaques restent d’une fluidité déconcertante à ce niveau de timing, et se rapprochent dans leurs instants les plus posés des premiers effluves du BM nordique, singeant la grandiloquence des EMPEROR de façon minimaliste, et déformant le rigorisme des DARTHRONE et autre BURZUM en enveloppant leur corps décharné dans un linceul d’une noirceur immaculée. Certes, et j’en conviens, ces mots peinent à décrire le contenu d’un triple EP qui agit comme une évolution naturelle vers le chaos le plus ultime (dont la seule échéance reste le silence), mais il serait malhonnête de chercher à dépeindre avec acuité une musique qui fonctionne à un niveau de ressenti épidermique, et de raisonnement viscéral presque primitif.
D’aucuns, après la demi-heure d’écoute impartie auront du mal à comprendre le faux enthousiasme dont je fais preuve, mais il y a quelque chose de tellement tapi sous la réalité dans la musique des TUJAROT, de foncièrement logique, mais d’intangible et de désincarné, que je ne peux m’empêcher s’y voir les futurs prémices d’une musique aussi abrasive que séduisante. Presque aussi Ambient qu’il n’est Black évolutif, Existencialista est bien plus que la somme de trois faux EP’s disparates, et mérite toute votre attention, au-delà de l’objet de collection qu’il aspirait à incarner avant d’être récupéré par un label aux moyens plus étendus. Car même en dépit d’une forme de production en LP plus classique, son contenu a gardé cet aspect mystérieux. Un mystère qu’on se plaira à tenter de décoder, pour finalement se rendre compte qu’on n’en sait pas plus qu’au départ.
Titres de l'album:
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
27/03/2025, 16:49
Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47
J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33
La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24
Z'ont qu'à également organiser une tournée en Ukraine et y'aura un-partout-balle-au-centre...CQFD.
26/03/2025, 08:33