A peine sorti, et le Net s’acharne déjà sur le dernier PESTILENCE. Une constante pour les bataves qui doivent essuyer des critiques régulières depuis leur reformation des années 2000. Et pour cause, puisque leur œuvre des années 80/90 est régulièrement citée comme exemple à suivre, le reste de l’héritage ne tenant donc pas la comparaison. Ceci étant dit, il serait stupide en 2021 de comparer le METALLICA de Death Magnetic à celui de Master of Puppets : pourtant, quelques imbéciles s’y autorisent et s’en gaussent, de même que ce pauvre PESTILENCE doit excuser en permanence son incapacité à donner un énième petit frère à Testimony of the Ancients pour les uns, ou un petit bâtard à Consuming Impulse pour les autres. Je ne me fais pas avocat du diable, le groupe n’en a pas besoin, ou plutôt, Patrick n’en a pas besoin. Après tout, depuis très longtemps, PESTILENCE se résume à sa guitare, son chant et son esprit old-school, et ce nouveau line-up estampillé 2019/2020 le prouve s’il en était encore besoin.
Atour du terrifiant leader, nous retrouvons sur cet Exitivm au latin poussé mais un poil risible Joost van der Graaf à la basse (CYPHER, ex-CREEPMIME, ex-DEW-SCENTED, ex-I CHAOS, ex-SINISTER), Rutger van Noordenburg à la guitare (BLEEDING GODS, SHINIGAMI, ex-BAATEZU, ex-BLOODPHEMY, ex-CAVITATION) et Michiel van der Plicht à la batterie (ARAN ANGMAR, CARACH ANGREN (live), ex-APOPHYS, ex-DETONATION, ex-GOD DETHRONED, ex-PROSTITUTE DISFIGUREMENT, ex-TOXOCARA, ex-BLEEDING GODS (live), ex-DICTATED (live), ex-MAYAN (live), ex-NARGAROTH (live), ex-KATAFALK, ex-TRAVELERS IN TIME, ex-AS IT BURNS (live), ex-DEW-SCENTED (live)), soit de solides vétérans de la scène au jeu éprouvé, et les plus à même de permettre à Patrick de se plonger dans le passé de son extrême des nineties. Car une fois encore, ce nouvel album se propose de vous trimbaler loin en arrière, lorsque PESTILENCE étaient encore avant-gardiste, et digne représentant du Death européen le plus virulent et précieux à la fois.
Trois ans après Hadeon qui avait essuyé un entartage de plumes et de goudron sur la place publique pour son manque de culot et son formalisme inexcusable, dix ans pile après Doctrine qui le premier avait dû encaisser les coups de fouet attaché au pilori du mépris, Exitivm semble resserrer les boulons et retrouver un peu de la superbe passée. Non que les deux albums cités plus haut aient vraiment mérité leur condamnation (Doctrine contenait son lot d’idées pertinentes), mais il est certain qu’ils ne tenaient pas la comparaison. Pour beaucoup, le groupe n’aurait jamais du renaitre autrement que dans la tête de Mameli, puisque le chanteur/guitariste est incapable de renouveler son stock de riffs depuis 1993. Pourtant, malgré son approche traditionaliste et sa prudence de ton, ce nouvel album des hollandais ne manque pas de piquant, et retrouve même en certaines occasions fulgurantes la violence des premières années, en laissant quelque peu de côté les aspects les plus sophistiqués.
En tant qu’œuvre Death progressive et évolutive, Exitivm ne fonctionne évidemment pas, puisque tel n’est pas son propos. Certes, les soli de Patrick, les mélodies sous-jacentes et le suremploi de synthés et samplers pour créer une ambiance pourraient laisser croire que le compositeur s’est laissé aller à retrouver son impulsion des jeunes années de morgue, mais il n’en est rien. Les compositions sont féroces, le ton est résolument lourd et suffocant, et si quelques clins d’œil sont adressés à l’aîné Testimony, le reste de la gestuelle fait plutôt référence à Consuming Impulse et Spheres, mélangeant les deux pour obtenir un résultat aussi puissant que prévisible.
Prévisible, le mot est lâché, et à dessein, puisque tous les plans servis par Patrick peuvent être anticipés à la seconde près. De même, la rythmique efficace Michiel van der Plicht/Joost van der Graaf, paire gagnante au Scrabble, montre vite ses limites en restant sur terrain balisé, sans chercher à agrémenter des morceaux déjà bien convenus de leurs riffs. De plus en plus proche du timbre de Martin, Patrick fait ce qu’il peut et se démène comme un beau diable pour nous convaincre de la pertinence de son groupe en 2021, ce qui est tout à fait honorable, puisque le PESTILENCE cuvée/vomi 2021 est très crédible, pour peu que l’on accepte sa démarche de violence brute à peine rehaussée de quelques interventions plus complexes que la moyenne.
Mais les titres cour d’école de droit en latin, la pochette reproduisant les visuels d’antan, la brutalité ouverte ne nous leurrent plus depuis longtemps : PESTILENCE, loin d’un mauvais groupe (ce qu’il ne pourra jamais être même en torchant « La Marseillaise » hors de la gamme) est aujourd’hui l’un des VRP de luxe du Death européen des années 90, reproduisant une formule qui n’est plus magique depuis longtemps. Alors évidemment, tous les morceaux de cet Exitivm ne sont pas convaincants, le groupe s’embourbe parfois dans des plans aussi poétiques qu’une tulipe glissée dans les sabots de Dave (« Inficiat », qui a tout du leftover casé au dernier moment), mais l’avantage de cet album réside dans sa lucidité, sa brièveté et sa concision. C’est un très bon album de Death classique, à peine plus séduisant qu’un premier jet de groupe admirateur, mais qui tient debout, pourvu qu’on oublie le passé glorieux d’un groupe qui a symbolisé en son temps le rival le plus crédible de DEATH.
Titres de l’album:
01. In Omnibvs (Intro)
02. Morbvs Propagationem
03. Deificvs
04. Sempiternvs
05. Internicionem
06. Mortifervm
07. Dominatvi Svbmissa
08. Pericvlvm Externvm
09. Inficiat
10. Exitivm
11. Immortvos
12. Personatvs Mortem (Outro)
Jamais été un grand fan du groupe mais j'avais été emballé par les premiers morceaux sortis. Je le suis beaucoup moins à l'écoute de l'album. De très moments, mais l'album s'essouffle vite, avec l'impression d'entendre toujours le même morceau.
Je te trouve un peu dur.
Il y a de très bons riffs, c'est pas du "bourrin bas du front" tout le long de l'album comme sur certaines de leurs offrandes post 2000. Perso il m'a ramené aux meilleures heures du groupe, sans bien sûr en atteindre la classe, je ne m'enflamme pas non plus. Mais déjà le groupe revient à quelque chose d'écoutable, un peu old school, des titres assez courts, etc. Je retrouve un Pestilence "abordable".
Plutôt d'accord avec le chroniqueur.
Pestilence n'étonne plus et finalement, est-ce réellement un problème ?
Testament étonne-t-il encore ? OverKill ? Exodus ? Les derniers albums de Slayer avant leur retraite ? Maiden ?
Hadeon m'avait bien botté à sa sortie mais je l'avais vite abandonné, ayant fait le tour d'un album trop marqué Testimony/Spheres très rapidement.
Pourtant, Exitivm partait mal avec son premier riff ouvrant Morbvs Propagationem. On dirait un riff copié/collé de tant d'autres depuis Testimony of the Ancient. Le genre de truc entendu trop de fois chez Pestilence.
Mais passé ce premier morceau, rien que le titre Deificvs vaut de poser une oreille sur l'album, et pas que ce titre d'ailleurs.
Mais on pourra croire ce que l'on veut, tirer ce que l'on veut de ce nouvel album : Consuming Impulse, Testimony of the Ancient et Spheres restent indétrônables.
Et je préfère ce Pestilence là à celui du "retour" qui m'avait profondément gavé.
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