Avant d’aller plus en avant dans cette chronique, posons les bases d’un concept historique :
L'expédition Erebus et Terror, ou expédition Ross (en anglais : Ross expedition), est la plus importante expédition britannique en Antarctique du xixe siècle et le dernier grand voyage d'exploration fait entièrement à la voile. Menée entre 1839 et 1843 par James Clark Ross — le neveu de l'explorateur John Ross —, la mission a pour but l'exploration et la recherche scientifique, notamment sur le magnétisme, vers une région inexplorée qui deviendra la mer de Ross et la dépendance de Ross. Lors de l'expédition, Ross découvre notamment la chaîne Transantarctique, l'île de Ross et ses volcans : les monts Erebus et Terror.
L'expédition infère la position du pôle Sud magnétique, et fait des observations substantielles en zoologie et en botanique dans la région, résultant en une monographie sur la zoologie, et une série de quatre monographies détaillées par le jeune botaniste Joseph Dalton Hooker sur la botanique, collectivement appelées Flora Antarctica et publiées en plusieurs parties de 1843 à 1859. Parmi les découvertes biologiques de l'expédition se trouve le phoque de Ross, une espèce endémique de l'Antarctique.
Merci Wikipedia pour ces informations qui permettront de mieux comprendre les objectifs d’un groupe se reposant sur un concept pour livrer l’un des meilleurs albums de Black Metal de ces dix dernières années. Mais les allemands d’ANTRISCH n’en sont pas à leur coup d’essai. Expedition I : Dissonanzgrat, en format moyen nous avait déjà exposé les objectifs de musiciens attachés à un contexte enjolivant leur musique, et il n’est donc guère étonnant de constater qu’aujourd’hui, la perfection vient les caresser de son voile subtil et léger.
Pourtant le quatuor (Отто Шмидт - basse, Игорь Дятлов - batterie, Robert Falcon Scott - guitare et Maurice Wilson - chant) ne propose aucune piste réellement novatrice pour s’imposer dans le paysage du Black atmosphérique de cette année 2023. Leur approche est formelle, leur attitude classique, mais c’est leur don pour créer des ambiances froides et même congelées qui contribue à cette admiration qu’ils méritent amplement. Car une fois plongé dans cet album, vous ne pourrez que ressentir le froid hivernal, admirer les paysages glacés, et écouter la mer dans son silence sublime, ce qui offre un voyage d’un dépaysement indéniable. Une sorte de croisière dans le passé qui rejoint l’histoire comme l’horizon la mer d’huile, un soir de décembre.
Superbement produit, enrobé mais pas trop, imposant, Expedition II : Die Passage est un morceau de mythe ramené à la vie, mais aussi un bel hommage rendu à ces missionnaires de la couronne qui n’ont eu de cesse d’agrandir un empire déjà conséquent. Des hommes de la mer prêts à sacrifier leur vie pour un détroit, un couloir, ou un simple passage pour compléter une carte et en ramener les détails au port d’attache. Et pour dépeindre une telle histoire, quoi de plus adapté qu’un Black rigide, aux riffs en congères, et aux multiples cassures, soutenu par une narration précise et sombre, à la manière d’un carnet de bord revenant à la vie pour d’ultimes révélations, deux bons siècles ou presque après l’aventure ?
De ce côté-là des choses, ANTRISCH est toujours aussi précis et impitoyable. Les plans se succèdent, à des vitesses différentes, et la cadence globale de l’album, partagée entre vent en poupe et calme plat contribue à rendre palpables ces histoires racontées d’une voix criarde.
« I Festgefroren - Packeisfalle » est à ce titre la meilleure entame que le groupe de Würzburg en Bavière pouvait utiliser. En sept minutes, ce morceau place tous les éléments sur la carte, froisse les manteaux, embrume les regards, et refroidit considérablement l’atmosphère pour nous faire ressentir le gel sur nos visages, un gel qui teint les barbes de blanc et qui raidit les mains qui tiennent les barres. En moins de quarante minutes, Expedition II : Die Passage se pose en contrepoint musical d’un fait historique gravé dans la glace, nous entraînant au bord de la folie immaculée pour mieux nous faire garder l’essentiel en vue : accomplir, réussir, et revenir avec une cartographie précise et définitive. Et pour ce faire, l’album devait lui-même repousser les limites de la simple personnification pour nous entraîner aux confins d’un monde encore sauvage.
Je ne perdrai pas de temps en influences et références, car ANTRISCH se passe très bien de tutelle. Le groupe est rodé, sûr de ses moyens et de ses objectifs, et déroule le tapis rouge d’un premier longue-durée quasiment parfait qui laisse augurer d’une carrière impeccable et de futures grosses surprises.
Aussi passionnant par sa thématique que par son contenu artistique, Expedition II : Die Passage retrouve l’impulsion hivernale des premiers défricheurs nordiques, ces suédois et norvégiens qui dans les années 90 furent les premiers à glorifier la solitude, le froid et la misanthropie. Et en durcissant cette base d’une inflexion purement allemande, le quatuor propose un entre-deux magnifique, ultime voyage de marins mariés à l’océan et aux grandes étendues en solitaire.
Un long voyage qui offre plus de questions que de certitudes. Mais un beau voyage quand même.
Titres de l’album:
01. I Festgefroren - Packeisfalle
02. II Wahnrationen - Saturnusparusie
03. III In Perpetuum - Ewiger Schlaf im ewigen Eis
04. IIII Vltima Ratio - Antropophager Frühling
05. IIIII Exodus | Tundrataumel - Croziers Bürde
06. IIIIII 68° 15′ N 98° 45′ W - 68° 54′ N 98° 56′ W
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