Il ne fait désormais plus aucun doute que le nord de l'Europe fait, entre autres, office de berceau de la musique extrême depuis maintenant plusieurs décennies, ainsi qu'ont pu l'être en leur temps la Floride pour le Death Metal ou le Royaume-Uni s'agissant du Heavy Metal traditionnel– lequel a pu sembler extrême, à sa manière et pour l'époque. Le brassage de cultures de ces différentes contrées nordiques s'emparant du sujet extrême proprement dit a donné naissance à quelques rejetons pas piqués des hannetons, en témoigne celui qui nous intéresse le temps de cette chronique, ANTI RITUAL. Fondé à Copenhague dans la première moitié des années 2010, ce groupe de teigneux a délibérément choisi de nous mettre seuls face notre honte collective, notre intimité graveleuse et nos insurmontables regrets, nous plongeant dans le plus grand désarroi. Une vraie réflexion sur nous-mêmes et ce qui nous entoure. Après un mini-album éponyme paru en 2014 sur lequel le groupe danois avait fait forte impression, proposant une vision bien sombre de nos travers, de nos écosystèmes voués à un échec global par nos déviances collectives, au moyen d'une musique imprégnée d'un nihilisme artistique extrêmement brutale et sans concession, ANTI RITUAL revient en ce mois d'octobre 2021 avec Expel The Leeches à paraître le 29 courant. Reprenant peu ou prou la recette de son EP, le groupe danois enfonce toutefois le clou de manière bien plus douloureuse avec ce disque longue durée. Car loin de calmer son offre, ANTI RITUAL brutalise une nouvelle fois son propos autant que ses auditeurs au son d'un Hardcore crasseux, « blackisant », saupoudré d'une légère couche de Death Metal made in Sweden des plus réussies. Si le tempo moyen des titres fleure (très) bon l'excès de vitesse du Hardcore le plus intransigeant, voire celle du Grindcore le plus épileptique, tout n'est pas à proprement parler joué de manière systématiquement chaotique et supersonique d'un bout à l'autre de l'oeuvre. ANTI RITUAL sait assagir ses titres, en nuancer la cadence tout en prenant son temps pour imposer le rythme de ses ambiances funestes et insalubres, au sein desquelles l'obscurité et la lourdeur colérique d'un groupe au bord de la crise de haine s'acoquinent avec délectation à de très nombreuses phases douloureusement telluriques, d'un degré de cruauté rarement atteint, d'où se dégage la sensation envahissante d'une forme de profond malaise auditif général, parfaitement maîtrisé par le groupe pour un rendu ineffable. Une musique dérangeante et malsaine invoquant nos inavouables désirs de vengeance gratuite, nos tourments d'une noirceur suppliciée et de fin imminente d'un monde duquel plus rien n'est à attendre, si ce n'est sa lente et inéluctable consumation. Tel est le programme de cette offrande. Le chaos sonore global régnant le temps de cet album n'est pas sans rappeler ce que peut proposer un CULT LEADER des grands jours. C'est dire la qualité intrinsèque des compositions qu'offre ANTI RITUAL. D'une brutalité inouïe, accouchée sans péridurale, et d'une sauvagerie inimitable et si intense que même l'aspect parfois glacialement « mélodique » (notez les guillemets) de certaines parties de guitare frisant le Black Metal norvégien ne parvient qu'à peine à faire office de maigres bouffées d'oxygène éminemment salutaires, nous sommes immergés au milieu de cet amas de ferraille calcinée bâtissant cette apocalypse sonore programmée pour détruire. Rarement un groupe n'aura aussi bien porté son nom, incarnant à lui seul la fin de toute forme de civilisation raisonnée, de ses traditions balisées par des croyances aussi stériles que rétrogrades, esquissant les contours dogmatiques de la doxa persistante. Le seul bémol susceptible d'être apporté à cette entreprise de destruction massive reste sa durée, bien trop courte. En même temps, il n'est nullement nécessaire de rester une journée complète chez le dentiste pour se faire extraire 11 dents sans anesthésie, laquelle vous serait, quoi qu'il arrive, parfaitement inutile si les Danois eux-mêmes s'emparaient de la roulette, camouflés derrière une blouse blanche et un masque chirurgical. ANTI RITUAL ou le nihilisme musical et la misanthropie érigés au rang d'oeuvre d'art et du savoir-mourir sans dignité ni regret. Effroyablement jouissif.
Liste des titres
01– In
02– Expel The Leeches
03– Futile Semantics
04– Marginalize Yourself
05– Monetary Man
06– Necrocapitalism
07– The Oppresive Weight
08– No Human is Illegal
09– Guillotine
10– What Will We Tell Our Children
11– Franchise Coffee Bars And Internment Camps
12- Out
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30