Comme le soulignait un confrère d’Angry Metal Guy, « quel nom étrange pour un groupe qui n’attire pas vraiment le chaland » (phrase adaptée à mon sens de l’emphase). Certes, mais pas pire que HALF GENTLEMEN, THE NUMBER TWELVE LOOKS LIKE YOU, ou IWRESTLEDABEARONCE. Car comme le dit l’adage plein de sens commun, « qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ». Et en termes d’ivresse musicale, l’irlandais Graham Keane s’y connaît comme personne, lui qui s’enivre de ses propres gammes depuis des années. Mais attention, Graham n’est pas le genre de pochtron à boire/jouer plus que de raison, et à saouler ses convives avec ses sextolets moussus toute la soirée. Non, ce guitariste aux doigts de fée parle beaucoup c’est un fait, mais jamais pour ne rien dire. Nous aurions pu croire le contraire en découvrant le premier album de sa bête THE VICIOUS HEAD SOCIETY, qui tournait à une heure et quart de jeu et qui contenait des pistes interminables, mais l’homme a quelque peu resserré le propos pour descendre au niveau de la barre de l’heure de pratique, et concentrant ses idées, et donc ses morceaux, dont deux seulement occupent dix minutes de beuverie démonstrative.
Abject Tomorrow, paru il y a déjà quatre ans laissait présager d’un présent complexe et d’un avenir ambitieux. Avec son épilogue de dix-huit minutes dans la plus grande tradition du progressif élitiste, ce premier album posait de sérieux jalons, et allait jusqu’au bout d’une formule. Il était de ces premières œuvres qui laissent pantois quant à la créativité d’un musicien seul et décidé, et prouvait que le style était désormais compatible avec la solitude. De l’époque des grands, GENESIS, YES, KING CRIMSON, nul n’aurait pu prévoir qu’un jour, un musicien, dans son coin, pourrait accoucher d’une œuvre aussi conséquente et respectueuse des codes. Aujourd’hui, la prouesse est passée au statut d’anecdote, ce qui est aussi regrettable qu’injuste. Alors, pour enfoncer le clou, Graham a décidé de donner une suite à ses aventures avec un album tout aussi gigantesque dans sa technique, mais aussi dans son sens de l’à-propos. Et dire que l’irlandais ne fait pas grand-chose pour attirer dans ses filets la plèbe est d’un euphémisme lénifiant.
D’une, en entamant son second LP par un énorme instrumental de plus de dix minutes, qui réconcilie les seventies de Canterburry et les nineties de DREAM THEATER et l’école Magna Carta. Dix minutes pour ce titre éponyme dénué de toute ligne de chant, et constellé de prouesses individuelles notables, et de cassures de rythme de conservatoire. Drôle d’idée de se montrer aussi hermétique dès le début d’un second album, ce qui pourrait aliéner à l’auteur bien des votes. Néanmoins, soyez certains que Graham sait exactement ce qu’il fait, et qu’il le fait de mieux en mieux. Se situant en convergence du Metal Progressif le plus classique et d’un Djent light et pas totalement accepté, ce second album de THE VICIOUS HEAD SOCIETY rappelle étrangement un accord passé entre le DT d’Awake et PERIPHERY, sans que l’une ou l’autre des parties ne se sente lésée. J’en veux pour preuve l’agression des sens « Solipsism » sauvé de ses claviers d’une dérive Power Metal à quelques secondes près, mais d’une énergie incroyable et d’un désir de confronter l’évolutif à la puissance immédiate.
Soutenu dans son entreprise par le chant clair de Nathan Maxx, parfois hésitant et fluctuant dans les aigus, Graham Keane s’offre un nouveau festival de riffs durs et fluides, de soli incroyables et harmonieux, et de flair de composition assez évident. On notera de même pour la bonne bouche l’aération de la production qui rend le tout plus digeste et léger, à la différence d’Abject Tomorrow qui sonnait encore un peu trop hermétique et clinique, mais le talent du guitariste a encore progressé en quatre petites années pour atteindre aujourd’hui une sorte de plénitude mélodique.
Des efforts ont été faits pour proposer au public des morceaux plus abordables, quoi que construits sur des arythmies assez remarquables, et « The Signal » pourrait presque faire office de single exploitable en radio, pour peu que l’on occulte ses incroyables finesses. Mais ce sont évidemment les titres les plus amples qui feront la réputation de cet album, et placé en quatrième de couverture, « Judgement » permet à la première partie de cet album de constituer le plus gros du travail. Même si les plans sonnent déjà entendus, même si les allusions techniques sont parfois convenues, on se laisse convaincre par le travail phénoménal abattu par le guitariste/compositeur, qui seul, peut taper le duel avec les références les plus collectives du cru, ce qui n’est pas le moindre des exploits. Ajoutez à cette conclusion de mi-parcours des growls bien placés, qui permettent de rattacher le tout à une vision plus sombre de Devin Townsend, et vous obtenez une moitié d’album presque sans faute, si ce ne sont ces sorties de route de Nathan Maxx, peu confiant lorsqu’il s’agit de pousser la note au plus haut.
La seconde partie d’Extinction Level Event, plus concise, est aussi la plus variée et ventilée. « Throes of Despair » sonne presque Post-Rock dans l’esprit, et propose des harmonies plus ou moins évanescentes, alors que « YP138 » joue l’énergie la plus débridée en superposant un riff simple mais puissant à des arrangements synthétiques prépondérants.
Encore pas mal de conventions sont respectées sur cet album, mais l’on sent que l’auteur a envie de s’affranchir parfois des figures les plus imposées pour construire son univers. Le diptyque final « Absolution » / « Hymn of Creation » encore un peu tendre et formel tend à prouver que l’avenir peut nous réserver des surprises conséquentes, mais même en mode classique, THE VICIOUS HEAD SOCIETY en fricotant parfois avec une forme de Death larvée, se démarque de bon nombre de ses contemporains, trop coincés dans leur partition. Un travail remarquable, une musique précieuse et intelligente, une vision du Progressif encore un peu timorée, mais des capacités, et un voyage qui finalement, sans nous emmener ailleurs, nous fait parfois oublier ici.
Titres de l’album:
01. Extinction Level Event
02. Solipsism
03. The Signal
04. Judgement
05. Throes of Despair
06. YP138
07. On a Silver Thread
08. Absolution
09. Hymn of Creation
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