Deathspell - Upheaval of Ancient Tyrants
On pourrait trouver occupation plus adaptée à un dimanche de fête de mères. Mais ayant déjà été me recueillir sur la tombe de la mienne, j’ai trouvé opportun de reprendre mon clavier pour vous parler de quatre sorties moyen-format, dans un registre évidemment braillard. Les premiers sur la liste sont donc les américains de DEATHSPELL qui nous jettent un deuxième sort avec le concentré Upheaval of Ancient Tyrants. Trois ans après un mythique éponyme, les hordes de Riverside en Californie reviennent avec quatre nouveaux morceaux, sales et bruyants, pour brosser dans le sens du poil les velus amateurs de décibels débridés.
Dans un registre de Black/Thrash joué avec l’énergie du Punk, les quatre escrocs cagoulés et grimés (Edgar Pena, Daniel Avila, Aodhan McBride et Andrew Castillo, on ne sait pas vraiment qui fait quoi mais on s’en tape) nous en donnent une bonne dose pour affronter la terrible réalité. Très ancré dans l’underground US, DEATHSPELL est une forme très primaire de magie noire qui a beaucoup appris de VENOM et du MAYHEM des jeunes années, mais aussi un exutoire fabuleux à la dépression ambiante. En effet, en écoutant ces hymnes à la débauche, on ne peut s’empêcher de sourire et d’avoir envie de charcler tout ce qui approche à moins de deux mètres.
Bien produit, avec un gros son bien rond mais râpeux, Upheaval of Ancient Tyrants est plus qu’honnête. « Bewitchment of the Light / Eyes Bleeding Death », morceau d’ouverture ne se gêne pas pour citer le Heavy Metal le plus noir de la perfide Albion, tout en maintenant une cadence soutenue. La quintessence de l’approche est résumée par le fulgurant « Whiskey and Bloodlust » qui va rappeler bien des souvenirs damnés aux fans de BLACK ANVIL et DESTROYER 666, et si les pseudos rigolos de rigueur nous manquent un peu, le ragout servi bouillant rassasiera les estomacs les plus solides. Et comme les gus nous gratifient de soli purement Rock n’Black de très bonne tenue, le menu est parfait, et juste assez nourrissant.
Quelques blasts pour bien s’affilier au mouvement Black le plus indécent, un vrai panache pour tricoter des riffs décents et même un hymne pur-sang (« Upheaval of Ancient Tyrants), DEATHSPELL incarne le vice le plus vertueux pour qui aime son extrême un tout petit peu dangereux. Vivement l’album, alors magnez-vous.
Titres de l’album :
01. Bewitchment of the Light / Eyes Bleeding Death
02. Whiskey and Bloodlust
03. Upheaval of Ancient Tyrants
04. Guerra Eterna Bajo la Llama Negra
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Nòtt - Ruinous Divinity
Passons maintenant à des clients plus sérieux. Plus sérieux parce que plus méchants, et parce que déjà auteurs d’un premier longue-durée qui a fait son petit effet. Le duo NOTT n’a rien à voir avec la célèbre devise de Scott Ian, et s’épanouit dans un registre de Black typiquement américain, et donc ultraviolent. Duo mystérieux (Roman Pinter - basse/batterie/saxo et James Benson - guitare/chant/basse), NOTT est l’archétype même du groupe qui mérite franchement une reconnaissance de la scène, de par son approche de biais et son instrumentation créative et personnelle.
Loin d’une simple charge qui rameute les troupes, Ruinous Divinity empeste le mysticisme, les ténèbres de jour comme de nuit, et l’amertume d’une existence entièrement voué à des futilités comme le travail, les impôts et la famille. Adeptes du principe de la mélodie acide qui fait fondre le cœur (au sens propre), le duo travaille ses ambiances, et laisse augurer d’un deuxième long qui risque d’être une vraie révélation. C’est ce qu’on devine en découvrant le court instrumental « Hades Hymnal », très bien placé au centre des débats, et qui confère à cet EP une aura étrange et nimbée d’un brouillard opaque.
Avec seulement deux morceaux chantés, Ruinous Divinity n’est pas aussi conséquent qu’on aurait pu le souhaiter. Mais la qualité de ces trois compositions est telle que la durée trop brève ne dérange pas outre mesure. Les deux américains auront suffisamment d’imagination la prochaine fois pour tenir quarante minutes, si j’en juge par la pertinence de « Ship in the Night », qui écorche les oreilles de ses grésillements médiums, avant de nous aplatir d’un tempo sentencieux soutenu par un chant graveleux.
Un choix optimal au niveau des arrangements et des bruitages sonores, de la solidité dans les riffs, et une attitude fière, largement de quoi susciter l’intérêt des fans de BM les plus à cheval sur la créativité. Excellente surprise donc, entre le Black âpre et son pendant plus Ambient.
Titres de l’album :
01. My Lord Ov Lvcifer
02. Hades Hymnal
03. Ship in the Night
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Senntus - Herzlfresser
SENNTUS est le groupe le plus primé de ce petit article. Avec pas moins de quatre albums dans la besace, ces autrichiens ont déjà largement popularisé leur style, qui lui aussi se situe en convergence de divers sous-genres. Si la racine est évidemment Black, le rendu est quant à lui moins hermétique, et emprunte au langage du Metal gothique, de l’Industriel light, et du Dark Metal ambiancé pour soirées déguisées. Et comme la langue natale gutturale a été privilégiée, l’efficacité en est renforcé et « Herzlfresser » d’exploser au visage comme du vitriol concentré.
SENNTUS a des choses à se faire pardonner, et ça s’entend. Silence radio depuis son quatrième méfait en 2021, même si le quintet (Jürgen Mayr - chant, Mäx Welldone - guitare, Thomas Troppacher - batterie, Lukas Marak - basse et Yosh Rapp - guitare) a pris l’habitude de faire patienter ses fans entre deux livraisons. Cinq morceaux seulement, mais un cinquième longue-durée que l’on sent déjà pointer, et qui va se montrer solide si on se base sur ces cinq hymnes à la brutalité esthétique.
En piochant un peu partout, les autrichiens parviennent à doser une musique ouverte à toute suggestion, pourvu qu’elle soit solide et brutale. « Im Frühling » est d’ailleurs déjà un hymne, lourd, compact, mais très intelligemment agencé, avec ces cocottes de guitare claire en guise de pont. Surpuissant, musclé mais sobre dans l’exhibition de la stature, Herzlfresser est une sacrée fessée, mais pas que. Les intentions du quintet sont claires, et multiples. Varier les atmosphères, ne pas hésiter à se monter tendre quand l’humeur l’exige, et éviter la monotonie d’une grosse bourrinade à l’allemande. Mais les instincts germains à la OOMPH ! ou RAMMSTEIN ne sont pas totalement absents de l’œuvre, ce que souligne « Anna stirbt im Federloch » que Till et sa bande auraient pu entonner durant leurs jeunes années.
Un peu de Tanz, beaucoup de Black, un soupçon de Sympho et une grosse pincée de Metal, les proportions sont bonnes, et le produit parfait. Toujours aussi à l’aise dans son registre, SENNTUS profite d’un son monumental pour tester son nouveau répertoire, et fait mouche systématiquement. Les cinq titres proposés sont autant de singles virtuels, susceptibles de contenter un public de tout âge et de toute orientation musicale. Lorsque le feu sacré brûle, il carbonise les chairs à la mode « Kriegsknecht », embrasement nordique, et lorsque le Folklore frétille, « Die Frau im Schatten » referme les débats avec une belle fermeté.
SENNTUS est donc tout à fait pardonné. Et si l’écume pointe aux lèvres en pensant à l’étape suivante, Herzlfresser est important pour ce qu’il est, un sacré entre-deux qui se déguste comme le caprice des Dieux.
Titres de l’album :
01. Herzlfresser
02. Im Frühling
03. Anna stirbt im Federloch
04. Kriegsknecht
05. Die Frau im Schatten
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Unholy Swarm - Exterminator
Il fallait bien un chien dans un jeu de quilles. C’est le rôle endossé par le quatuor américain du jour, qui laisse planer quelques doutes sur ses orientations. Une pochette qui sent bon le Doom ou le Stoner, un nom qui évoque le Death le plus putride, pour un Crossover final qui ne ressemble pas vraiment aux standards du genre. Mais UNHOLY SWARM ne suit justement aucune mode ni tendance. Sa musique est ce qu’elle est, et justement, le label en a profité pour pondre une formule très ajustée : un groupe de Metal pour fans de Hardcore.
Autre débat qui mérite qu’on s’y attarde un peu : album ou EP ? Si j’en juge par la durée, les deux options sont possibles, encore plus lorsqu’on aborde le cas du Hardcore métallisé. Mais puisque cette rubrique se concentre sur les formats moyens, adoptons l’EP. Après tout, pas d’importance tant que l’ivresse est au rendez-vous. Mais cette ivresse-là est plus proche du binge drinking que du doux état d’hébétude dans lequel on plonge après dégustation d’un vin fin.
UNHOLY SWARM est donc partagé. Cinquante pour cent Hardcore, cinquante pour cent Metal, le plus sûr raccourci entre les CRO-MAGS, LEEWAY, ENFORCED et AGNOSTIC FRONT. La rage en étendard, le quatuor (Tucker - chant, Chris - basse, Joey - guitare et Ryan - batterie) rue dans les brancards comme une meute de chiens égarés. Basé sur un principe de riffs très épais et d’énergie totalement new-yorkaise, Exterminator est sans conteste la grosse surprise de ce mini-dossier, avec ses huit morceaux aussi méchants que pugnaces. On se fait méchamment calotter par cette basse gironde qui gronde, et on se reprend une trempe par derrière via un chant éminemment colérique.
Et tandis que la batterie se met au diapason de l’humeur, la guitare profite de nos malheurs pour en rajouter une couche, se souvenant de la scène NYHC, mais aussi des plus vilains métisseurs de Venice. Des titres courts et percutants, des accroches véhémentes, des ralentissements à filer la diarrhée à BIOHAZARD, pour un deuxième EP très mur pour son âge. On notera une aisance particulière dans le mid et down tempo, qui soudainement s’emballent comme piqués par des mouches tsé-tsé (« Sentinels », énorme), et une jolie cohérence dans la démence.
Il est presque dommage de se restreindre à une feuille pour un travail pareil. Car l’intensité ne faiblit jamais, et on sent la hargne transpirer de chaque mesure. Révélation qui mérite toute votre attention, UNHOLY SWARM a tout d’un futur grand de la scène Metallic Hardcore, et nous prévient d’ores et déjà de la virulence de son discours.
Titres de l’album :
01. Axe And Block
02. Exterminator
03. Canniballistics
04. Machine
05. Below The Ice
06. Sentinels
07. Give Me Blood
08. Ultimate Sin
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