SkullKrieg - Sane Thermonuclear Warfare: Side A
Ils sont deux, ils sont chiliens, et ils font un boucan de tous les diables. De Santiago nous vient encore un écho sombre à réveiller les morts, produit par un duo de têtes brûlées qui ne conçoivent le Thrash et le Death que sous leurs aspects les plus sourds. Andrés « Noisick » Quiroz (guitare/batterie/basse) et Álvaro « Krom » de la Fuente (guitare/chant) pataugent dans l’underground le moins compromis, et se lâchent tout au long des quatre titres de ce modeste EP, très judicieusement baptisé Sane Thermonuclear Warfare: Side A.
Sans savoir si cette face A sera suivie d’une face B, nous pouvons juger d’un potentiel certain quant aux intentions néfastes développées, qui s’articulent autour d’une version sud-américaine des canons de SODOM, ceux-là même qui bombardaient l’Europe entre 1984 et 1986.
Du brut de chez brut, avec une production si roots qu’on peine à discerner les instruments, des graves qui tournent en boucle comme des charognards sourds, et une voix inondée par le mix qui ne supporte ni la précision, ni la clarté. Mais étrangement, un certain charme opère, celui approximatif de la prime jeunesse du Thrash/Death bestial lusophone de la première moitié des années 80, malgré un rythme totalement déraisonnable qui donne le vertige (« Winter of Fire »).
Trois vrais morceaux, une intro, pas de quoi faire un bilan, mais de quoi finir l’après-midi les oreilles en sang. Les deux acolytes n’ont aucune pitié pour nos tympans, et les martèlent comme des démons indécents. Blasts, grognements, de l’underground pur jus, et une poignée d’ambitions qui se cristallisent autour du long final « Insane », épilogue maboule d’un EP assez cool.
Du Nuclear Black Death pour les cramés du bulbe. Parfait pour se défouler à moindres frais.
Titres de l’album :
01. Destructor Skull Krieg
02. Enter the Winter of Fire
03. Winter of Fire
04. Insane
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Tordon - Neuroses Of War
Changeons d’air, mais pas de continent, en suivant la trace des brésiliens de TORDON. Un étrange patronyme pour un quatuor des plus classiques, qui avec Neuroses Of War propose un EP rempli de Thrashditionnel. Un néologisme stupide pour décrire une attaque des plus formalistes, emballée dans un artwork digital de toute beauté. Le but avoué de ces brésiliens est de retrouver le feu sacré de la seconde vague de Thrash US de la fin des eighties, et autant dire que la mission est accomplie.
Propre, carré, bien joué et assez convaincant, ce premier format court nous permet de faire la connaissance de Paulo Lima (basse), Glauco Almeida (batterie), Reginaldo Oliveira (guitare) et Douglas Schnekenbergue (guitare/chant), quatre musiciens qui connaissent leur boulot et qui nous en donnent pour notre argent. Entre Metal agressif et Groove très actif, Neuroses Of War développe des arguments intéressants, situés quelque part dans les discours de METALLICA, SLAYER et FORBIDDEN, soit largement de quoi se trémousser.
D’ailleurs, « Peace » se montre très persuasif avec son emphase en syncopes, et un batteur sobre, mais toujours pertinent et plein de mordant. Les individualités sont donc respectables, et le produit de leurs efforts assez remarquable. On pointera du doigt un chant un peu poussif à la James Hetfield des jours aphones, qui gâche un peu le plaisir parfois, mais avec deux guitaristes pas avares de saccades sèches et autoritaires, le bonheur est presque total, et la confiance accordée.
On a connu des exports largement plus bestiaux venant du Brésil, mais cette légère patine à la TESTAMENT de Practice What You Preach a du répondant. Entre Kerry King et Alex Skolnick, TORDON se fait une petite place, et nous offre même sur un plateau le terminal et éponyme « Neuroses of War », rageur et qui accélère enfin le tempo. De la variété donc, et un premier album qu’on attend de pied ferme.
Titres de l’album :
01. Cursed War
02. Empty
03. Peace
04. Neuroses of War
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Nocturnal Ember - Blinded By Faith
Remontons vers le nord pour un autre EP qui a presque l’envergure d’un premier long. Originaire de Los Angeles, la ville perpétuellement ensoleillée, NOCTURNAL EMBER est un groupe qui vit manifestement la nuit, et qui ne tergiverse pas au moment de passer à la caisse. Après trois singles lâchés en un an, le concept passe donc à la vitesse supérieure, via Blinded By Faith qui sans ambages, impose sa vision d’un Death old-school, rapide, méchant et efficace.
NOCTURNAL EMBER est donc un nouvel arrivant sur la scène, et un one-man-band créé de toutes pièces par le mystérieux Isaiah, dont personne ne semble connaître la véritable identité. Toujours est-il que le bonhomme se dispense très bien de partenaires de jeu, en jouant une musique sacrément efficace, vraiment méchante, et subtilement macabre. Jouant sur le décalage entre un instrumental très musical, entre la première vague froide de Death suédoise et la seconde plus mélodique, et un chant râpeux et caverneux, Isaiah parvient à nous fasciner de ses nombreux breaks et autres aménagements harmoniques, qui transforment cet EP en vraie réussite.
Efficace, morbide à souhait et très bien composé, Blinded By Faith est déjà très professionnel, et ne donne jamais l’impression d’un bricolage maison de la part d’un misanthrope qui refuse d’aller faire les commissions. Si on sent quelques influences notables, entre AUTOPSY et AT THE GATES, le rendu est suffisamment personnel pour être crédible. Profitant de la hype old-school de façon très intelligente, le californien tisse une énorme toile dans laquelle viendront s’engluer les accros à un Death Metal de première bourre.
« Pierced » et son break impeccable, « Painted Canvas » et son parfum nauséabond à la CARCASS des grands jours reprenant à son compte les recettes suédoises de la période 1996/1998, mais surtout « First Judgement » et ses huit longues minutes de traumatisme harmonique font de ce format moyen un album tout à fait compétitif dans le style, et même beaucoup plus pertinent que certaines grosses productions américaines ou européennes. A tel point qu’il est tout à fait concevable de l’envisager comme un premier longue-durée. Mais il est toujours possible de faire une exception lorsque l’excellence est de saison.
Titres de l’album :
01. Stranded
02. Arms Of A Burden
03. Pierced
04. Painted Canvas
05. Mundare
06. First Judgement
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Abreaktion - Bornhatred
Repartons vers le Chili pour des présentations officielles entre vous-même et ABREAKTION, nouveau combo de Santiago pratiquant un Thrash très chaud. Formé en 2023, cet ancien power-trio devenu quatuor après la sortie de cet EP joue la carte d’un Thrash brutal, bestial, très en phase avec les limites du Thrashcore des années 80, ou d’un Thrash/Death tel que le pratiquaient INCUBUS ou DARK ANGEL sur ses titres les plus violents.
Roran Fatehatred (guitare/chant), Javier Salgado (guitare/batterie) et Sebastián Logan (basse) font donc exploser leur rage tout au long des quatre originaux de ce Bornhatred qui intrigue au premier plan de sa pochette très provocante, et au second de son Metal incisif. Cet embryon tenant fermement une grenade en dit long sur les opinions chiliennes, qui s’articulent autour de quelques mélodies fatales imbriquées à des embardées rythmiques létales.
ABREAKTION n’est donc pas là pour faire des crêpes, mais bien un maximum de dégâts. C’est ce qu’indique le terrifiant « Pyromaniac », déjà culte et lâché en single de ses BPM affolés et de ses riffs d’acier. Evidemment aussi old-school qu’un t-shirt non-officiel de DEMOLITION HAMMER, Bornhatred est une sacrée rouste, mais une rouste millimétrée. Et surtout, qui sait tempérer ses ardeurs pour proposer des évolutions selon les humeurs. Ainsi, « Amnesia Chronicle » choisit de ralentir un peu la cadence pour ne pas risquer l’overdose, en se consacrant à un Thrash certes violent mais plus classique.
Avec une production sobre mais sèche, le trio roule sur du barbelé, et nous gicle un phénoménal « Mental Torture », avant le dessert, qui laisse le visage maculé mais la mine enjouée. Et avant le café, cette reprise très honnête du slow « Welcome to the Slaughterhouse » des romantiques DARK ANGEL nous permet de retrouver notre jeunesse sans avoir trop mal aux fesses.
Un bel effort, pour un groupe qui mérite déjà de s’exprimer en longue-durée.
Titres de l’album :
01. Empty Promises
02. Pyromaniac
03. Amnesia Chronicle
04. Mental Torture
05. Welcome to the Slaughterhouse (DARK ANGEL cover)
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Warhound - 1857: The Rebellion
Changeons radicalement de décor pour celui de Dhaka au Bengladesh, histoire d’y écouter le second EP des locaux de WARHOUND. Cas un peu plus complexe mais totalement dans le cadre de cette rubrique, 1857: The Rebellion est un format moyen très solide qui s’intéresse de très près à un conflit historique, la révolte des cipayes. Soulèvement populaire qui a lieu en Inde en 1857 contre la Compagnie britannique des Indes orientales, il est également appelé première guerre d'indépendance indienne ou rébellion indienne de 1857 et sert donc de toile de fond à ces quatre titres dont la violence dépeint avec précision l’ambiance de cette époque.
Dans un registre de Death joué Thrash et de Thrash chanté Death, 1857: The Rebellion vient s’ajouter à la longue liste des ouvrages rétrogrades qui respectent les règles et ne comptent pas s’en affranchir. Il est toutefois facile de s’attacher à un produit compétitif, dont les bases sont fluctuantes entre deux styles qui se complètement à merveille.
Une belle collection de riffs, des ambiances travaillées pour décrire un combat qui prend vie via ces quatre titres nerveux, secs, agressifs et passablement énervés. Entre Thrash qui groove et Death qui move, WARHOUND joue crânement sa carte, et lâche de petites bombes comme le terrible « Unbent Until Death » qui tergiverse entre brutalité compacte et violence souple.
De nombreux énervements, des soli qui nous rappellent le meilleur du Thrash boom de 1987/1988, quelques harmonies bien placées pour aérer un peu l’ensemble, une moyenne de trois minutes et quelques, pour un bel effort, qui suit de plus de dix ans le premier jet Ominous Death Carnage, publié en 2013.
Du bon, du classique, du solide. « Lest We Forget » mie en jambes efficace, « Last Stand of the Old Order » qui tournoie comme une lame dans un ciel chargé, on en vient à regretter que le groupe ne se soit pas trituré les méninges pour nous servir un concept album digne de ce nom. De l’inspiration, un sens de l’à-propos notable et un 1857: The Rebellion qui se digère très rapidement, voilà qui permet de conclure cette rubrique avec le sentiment du travail bien fait.
Titres de l’album :
01. Lest We Forget
02. Bone Chilling Gust
03. Unbent Until Death
04. Last Stand of the Old Order
Tourista, bien vu :-) Moi je dirais que c'est une décision avisée cela dit, d'autant plus que musicalement, et ça me coûte de le dire, étant un ENORME fan de Venom, mais du Vrai Venom ( Cronos, Mantas, Abaddon), Venom Inc ne propose pas grand chose d&ap(...)
03/12/2024, 13:55
Bravo pour remettre en lumière un groupe à part et spécialement la partie la plus ancienne de l'histoire de Stille Volk, largement méconnue (j'ai appris des choses). C'est en partie à cause du faible nombre d'interviews qu'ils ont pu fai(...)
02/12/2024, 20:13
"Le metalleux ne se fait pas au sans-gêne si fréquent partout ailleurs des papotages interminables aux premiers rangs"Tu m'étonnes John !!!C'est non seulement insupportable pour le public attentif, mais c'est surtout un manque de respect (...)
02/12/2024, 09:14
Ouch ! Fini de tout lire...Je connaissais déjà quasi tout ce qui est cité ici, mais c'est toujours un plaisir de se remettre dedans boudiou !Perso, j'adore les trois biopics cités précédemment. Certes, ils ont chacun leurs lot de f(...)
30/11/2024, 08:58
Et y'a même un "à suivre" The pick of destiny et Spinal Tap seront sûrement de la(...)
27/11/2024, 09:15
8 lettres: KHOLOSPVÇa veut dire "coloscopie" en langage mec bourré en fin de soirée.
26/11/2024, 18:14
Je ne suis pas au courant.. il s'est passé quelque chose récemment avec le groupe Al Namrood?
26/11/2024, 14:44