Encore un groupe qui ne va pas dire grand-chose à grand monde, ni à moi d’ailleurs. Une nouvelle découverte exhumée des tréfonds d’un net de plus en plus gourmand en nouveautés, et qui chaque semaine, charrie son lot d’explosions inconnues, qui méritent quand même qu’on en témoigne, histoire que tout ce barouf bénéficie d’échos hors de son pays d’origine. Celui-ci est d’ailleurs multiple, puisque les têtes pensantes de MILOPKL ne viennent pas de Russie comme ce nom semble l’indiquer, mais bien du Japon et d’Australie (si j’en crois les sources dénichées), et se connaissent depuis longtemps pour pratiquer l’art de la déconstruction rythmique au sein du même combo.
Ce combo mystère répond donc au nom de PUKELIZATION, implanté au Japon, et déjà auteur d’une myriade de sorties, dont six long play et une compilation, ce qui en fait de fait un ensemble plutôt productif. On retrouve au casting de ce concept presque solo deux hommes, amis et complices, qui prolongent donc leurs exactions au sein de MILOPKL. A gauche, MikoPKL, la tête pensante, qui chante, guitarise et basse, et à droite, YassyPKL, qui lui drumise, pour un voyage à la frontière d’un Speed Thrash assez atypique dans le rendu, mais efficace dans le vécu. Déjà responsables d’un initial Hypersatan666 en 2015, les deux compères ont donc récidivé cette année avec cet Extreme League à la sublime pochette emprunte d’heroïc-fantasy, qui cache dans ses sillons numériques de quoi faire headbanguer plus que de raison. Pas d’esbroufe, juste de l’efficacité, de la violence mâtinée de bonne humeur détrempée, pour un effort qui se place dans un créneau hybride et un peu bancal, hésitant entre la rudesse du Hardcore et l’attaque Thrash épaisse.
Difficile de dire si les deux amis gravitent dans la sphère Metal ou Core, ce qui n’empêche nullement d’apprécier leurs efforts, qui s’articulent autour d’un axe de J-Thrash assez influencé par les références les plus occidentales et accidentés. Entre des riffs qui tournoient sans relâche, des rythmiques qui blastent, qui aplatissent et rebondissent, et des soli qui hérissent, le ballet est étourdissant, et éminemment rapide et violent. On pense même parfois à une sorte de Powerviolence passéiste et sevré de Thrashcore militant (« Violent Desire », un truc hyper dense et concentré qui arrache les tympans), aiguillés sur cette piste par le timbre de voix très rauque et particulier de Miko, qui éructe plus qu’il ne grogne, et qui confère aux pistes un délicieux parfum rétro.
Les morceaux se veulent concis par la durée, mais riches par le nombre d’idées. Il n’est pas rare qu’ils soient constitués d’une kyrielle de plans ultraviolents s’entrechoquant en une frénétique gigue, qui ne nous laisse que peu de répit. En témoigne l’hystérique « Destroy The State », qu’on a franchement du mal à suivre, même avec une partition, et qui frappe sans relâche pour nous faire chavirer de déraison. Mais la folie que dégage ce second longue durée est vraiment contagieuse et s’apparente à un blitzkrieg total qui nous prend de face, de dos et de revers, et qui a la franchise de ses opinions dès son intro carton (« Extreme League », ou comment unir MACABRE, CRYPTIC SLAUGHTER et WARBRINGER dans le même élan frondeur).
Good friendly violent fun ? La devise de nos EXODUS chéris semble s’être vue appropriée par ce duo auquel on ne saurait résister, et qui fait parfois montre d’une indéniable ambition dans la construction (« Cyborg Justice », qui aplanit quelque peu les aspérités, et propose un voyage Heavy-Thrash bien emballé), sans pour autant se gêner de caler ses BPM sur un tempo que les MOTORHEAD imposaient sur un « Overkill » enflammé (« Balls Of Steel », hymne Proto-Speed qui aménage même un refrain qu’on pourrait brailler le matin).
On pense aussi aux BULLDOZER italiens, avec cette retenue toute asiatique qui empêche le bourrin de s’installer et de tout prendre en main, mais à vrai dire, seul l’enthousiasme guide les pas de Miko et Yassy, qui ont très bien appris comment un riff purement Thrash devait nous séduire (« Triumph In The Tempest »). Constamment à cheval entre la vélocité drue et la brutalité crue, le tandem ne se pose pas de questions inutiles, et vise l’euphorie d’une agression infinie (« Siege Of Snakes », et sa guitare redondante qui plaque le même motif jusqu’à l’outrance). La cohésion entre deux musiciens qui se connaissent jusqu’à la braguette du pantalon éclate tout au long de pistes qui ont tendance à privilégier le pas de côté à la défonce rectiligne bornée (« Plane Of Tears and Pain », et son pattern un peu bancal), et finit par remporter l’adhésion de fans de Thrash de guingois mais vraiment bon (« Inhuman Transformation », hallucinant de frappe en précipitation et de staccato sans hésitation).
Le tout s’achève comme il a commencé, sans tergiverser, et « Black Sunshine » de refermer les débats avec la même assurance bluffante. Multiplication des motifs, cassage en règle de la linéarité de construction, pour un Speed-Thrash qui flirte même avec un Techno pas encore fleuri, mais dont les boutures laissent ahuri. On se replonge dans les années les plus brutales d’un genre qui n’en finit plus de se renouveler, sous l’impulsion de musiciens décomplexés qui se contentent de jouer crânement leur carte sans frimer.
Mais en tant que side-project affirmé, MILOPKL prouve avec Extreme League sa validité, et donne même le sentiment d’avoir affaire à une bande de super-méchants bien organisés plutôt qu’à un simple duo esseulé. Ça tourbillonne, ça bastonne, mais ça jamais ça ne tâtonne, pour une symphonie outrancière qui n’a pas oublié la dextérité dans la glacière. Un LP qui se déguste torride, et qui nous ramène des années en arrière, peu importe le pays charnière. Japon, Australie, on s’en fout tant que dure l’orgie. Et celle dépeinte ici est vraiment décadente et nous laisse à sa merci.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
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