La boulimie est une maladie. Evidemment, d’instinct tout le monde l’associe à un dérèglement psychologique et un amour inconsidéré pour la nourriture, mais cette pathologie peut prendre d’autres formes, moins dangereuses pour la santé, mais tout aussi concrètes. Ainsi, les musiciens en sont parfois atteints, se dispersant dans un, deux ou trois groupes, chacun publiant une quantité non négligeable d’œuvres parfois intéressantes, souvent dispensables. Les exemples sont fréquents, de Jack White à Dave Grohl, en passant par les maniaques du Grind qui accumulent les performances olympiques. Mais les amoureux de la lourdeur ne sont pas des exceptions, bien au contraire, et les rois du Doom américains de BEASTMAKER en sont une preuve flagrante. Outre leur discographie assez riche malgré leur formation récente, ces allumés ont accompli la performance unique de lâcher sur un marché médusé pas moins de dix EP en une seule année, ne prenant même pas la peine de les baptiser autrement qu’avec un numéro. Joli tour de force qui venait compléter la lignée de deux longue-durée, et d’une bordée de compilations, mais en dehors de cette productivité interne, un autre élément à prendre en compte vient alourdir le dossier à charge. Car deux des trois membres de BEASTMAKER ont aussi formé en 2016 l’entité HAUNT, dont vous avez déjà lu les exploits musicaux dans ces colonnes, se divisant donc en deux sans freiner leur fringale de Heavy’n’Doom. Mais le projet HAUNT prenant de plus en plus de temps à John Tucker (basse) et Trevor William Church (guitare/chant), c’est donc sous la forme d’un au-revoir que le groupe se montre à notre bon souvenir cette fois-ci, avec un ultime EP pour tirer sa noble révérence.
Toujours accompagnés d’Andres Alejandro Saldate (batterie), John et Trevor s’en retournent donc travailler leur partition pesante, avec une petite livrée de quatre morceaux bien tassés, qui ne surprendront pas leurs fans les plus acharnés. C’est évidemment sur l’estimé label Shadow Kingdom (qui héberge aussi HAUNT tant qu’à faire) que les retrouvailles se fêtent, avec cet Eye of the Storm qui renoue avec les débuts de la vague vintage Doom US dont les BEASTMAKER ont toujours fait partie. Quatre morceaux de facture classique, et d’obédience nostalgique, qui nous ramènent dans le giron de Lusus Naturae (2016) et Inside The Skull (2017), et surtout, au creux d’un Metal joué comme à la grande époque des sabbats et autres candélabres noirs, imitant à la perfection les tics de BLACK SABBATH, TROUBLE, mais aussi de la NWOBHM la plus oppressante et lancinante. Pas grand-chose à dire qui n’a déjà été dit à propos de nos amis, puisqu’ils continuent d’explorer le versant le plus hypnotique de notre musique préférée, trouvant toujours cet équilibre parfait entre appui et envolée, enveloppant leurs montées de fièvres dans des serviettes mélodiques humides, pour nous éviter d’avoir à trop souffrir de la chaleur rythmique. Du pas vraiment neuf avec du sévèrement vieux, et des accointances avec la vague US des années 90, celle de la NOLA évidemment, en version plus authentique et moins éthylique. Une musique que les mots peinent à décrire tant elle est connue, reconnue, appréciée, et toujours aussi striée de tierces, de lignes de basse serpentines, et de montées vocales un peu étouffées. On se retrouve en terrain connu, perdu dans la lande tôt dans la matinée, à la recherche d’une princesse en robe noire errant dans la forêt, mais le tout est tellement bien fait, très bien produit, et parfaitement joué qu’on accepte une fois encore de jouer le jeu, au risque de balbutier les règles.
Le but était donc de boucler la boucle, et d’offrir à BEASTMAKER les funérailles que la vie de HAUNT paraissait mériter. Pour mieux transformer leur side-project en groupe officiel, Trevor et John ont donc décidé de refermer le chapitre BEASTMAKER avec quatre petites histoires de qualité égale, même si les fans purs et durs sauront reconnaître la séduction immense du final « Celestial Glow ». Pas d’amertume pour autant, mais la joie de jouer, la cohésion, et quelques regrets, celui de ne pas pouvoir mener deux carrières de front, les deux groupes étant pourtant différents et immédiatement identifiables. Pas de déclaration tapageuse, pas de révélation sur le chemin de Damas, juste un dernier salut de la main puriste mais ouvert, doublement tourné vers le passé, mais regardant logiquement vers l’avenir. Difficile de se sentir triste de par ce décès annoncé, puisqu’on sait très bien que les deux têtes pensantes du groupe vont continuer leur chemin, vers d’autres horizons, mais avec la même foi. Et si jamais la nostalgie vous étreint à l’écoute de cet Eye of the Storm, vous pouvez toujours vous replonger dans l’œuvre pléthorique du trio, qui a laissé derrière lui de multiples traces et autres éléments artistiques concrets. Si ça ne suffit toujours pas à calmer votre peine, repassez-vous les seize minutes de ce testament, qui prouvent pour la dernière fois à quel point BEASTMAKER était l’un des héros les plus authentiques de l’underground. Pas de quoi être morose du tout, mais plutôt satisfait de voir que parfois, les appétits les plus féroces savent se recentrer sur leur nourriture la plus essentielle.
Titres de l’album :
1.Eye of the Storm
2.Shadows
3.My Only Wish
4.Celestial Glow
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
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Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47
J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33
La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24
Z'ont qu'à également organiser une tournée en Ukraine et y'aura un-partout-balle-au-centre...CQFD.
26/03/2025, 08:33