La Suède de nouveau à l’honneur par le biais d’un de ses plus nobles représentants, et il n’est guère étonnant de constater que le groupe du jour est soutenu par une structure allemande, tant sa musique se rapproche terriblement des plus grands années germaines d’un Power Metal de première classe métallique. Les MEAN STREAK continuent donc leur parcours au long cours, et reviennent trois ans après Blind Faith hanter nos nuits de leurs histoires fantastiques sur fond de Metal fantasque et magnifique. En moins de quinze ans d’existence, le groupe a donc eu le temps de publier pas moins de cinq longue-durée, tous aussi impressionnants les uns que les autres, et ce dernier né n’entachera pas la réputation du quatuor de Skövde, tant il s’ingénie à poursuivre la voie de la majesté dégagée dès Metal Slave, au titre qui en disait long sur la dévotion de ces chevaliers. En confiant le mixage d’Eye Of The Storm au vétéran Max Norman (OZZY OSBOURNE, MEGADETH, LYNCH MOB, Y&T), les suédois ont fait le bon choix pour accentuer encore plus la patine old-school de leur cinquième effort, et on sent dès « Last Nail in the Coffin » que l’envie d’en découdre était proportionnelle aux trois années d’absence entre les deux derniers LPs. Toujours aussi en adéquation avec leur philosophie old-school, les quatre musiciens (Andy La Guerin - guitare/chant, Julian Eriksson - guitare, Peter Andersson - basse et Fredrik Skold - batterie) louvoient entre les différentes inspirations des années 80, passant sans vergogne mais avec logique d’un Heavy Metal à l’allemande très crédible à un Hard Rock plus nuancé et typique du nord de l’Europe, pesant toujours le pour et le contre entre la solidité rythmique et la fluidité mélodique, ce qui leur permet des grands écarts assez impressionnants. Mais ce qui l’est encore plus, c’est cette qualité de composition qui permet aux musiciens de jouer avec les poncifs pour les transformer en moments de gloire, et avec Eye Of The Storm, les suédois franchissent encore un cap susceptible de faire d’eux les nouveaux monstres de la tradition scandinave.
Pas grand-chose n’a changé pourtant depuis les débuts, si ce n’est ce souci du détail qui obsède les MEAN STREAK jusqu’au plus infime des arrangements. Tout est ici peaufiné à l’extrême, sans que la sauvagerie n’en soit atténuée, et le défilé des titres pendant cinquante minutes nous permet d’assister à un défilé d’inspirations mises à profit d’une créativité classique incroyable. En deux morceaux parfois successifs, les suédois peuvent faire émerger des images totalement différentes, et si « Sacred Ground » rappelle de son énergie diabolique et de ses mélodies hystériques l’OVERKILL de « Wrecking Crew », « Dying Day» se rapproche d’une version ANGRA du LED ZEP de « Kashmir », sans que l’écart entre les deux compositions ne pose le moindre problème. Vu d’ici, on pourrait faussement penser que les suédois ne sont que d’habiles recycleurs de formules éprouvées par le temps et les artistes plus fondateurs qu’eux, et pourtant, il émerge de leur musique quelque chose de terriblement personnel qui les rend plus attachants que la plupart des traiteurs old-school qui inondent le marché de sous-produits faisandés. Est-ce cette façon de sauter du coq Heavy à l’âne Power Metal ? Est-ce cette propension à proposer un Hard-Rock vraiment catchy sous des atours plus durs que d’ordinaire ? Est-ce aussi cette incroyable compétence dans le classicisme qui leur permet d’imposer des refrains accrocheurs sans vendre leur âme au business du Heavy Pop habituellement proposé en Suède ? Peut-être un peu tout cela, et surtout, des compétences individuelles plus que notables, avec en exergue une bordée de nouveaux hits qui vont faire un malheur lors d’une prochaine tournée. Pour exemple, le terriblement lourd « From the Cradle to Grave » sonne comme l’intro parfaite d’une prestation scénique haute en couleurs, avec son tempo martelé comme un leitmotiv ACCEPT et sa mélodie scandée comme un slogan GAMMA RAY/HELLOWEEN.
Les riffs sont évidemment très formels, mais les soli qui en découlent déclenchent un feu de forêt qu’un canadair rempli à ras-bords ne saurait éteindre, et le talent de Julian Eriksson en lead est toujours aussi incontestable, à mi-chemin entre Andy LaRocque et Glenn Tipton. Et si l’influence de JUDAS PRIEST peut parfois se faire sentir au détour d’un « Heavy Metal Rampage » aussi clouté qu’une casquette de Rob Halford, le compromis trouvé entre Heavy factuel et Hard éternel est le bon, et parfois, le groupe ose même jouer le modernisme plus prononcé, sans faire la moindre concession aux modes. « 1000 Years » sonne donc plus actuel que le reste du répertoire, avec son riff noir symptomatique des nineties, et le chant incroyablement lyrique d’Andy La Guerin autorise le combo à se frotter aux aspects les plus oniriques d’un Metal symphonique, sans tomber dans les travers grandiloquents et larmoyants du genre. Ici, le décorum n’est pas en carton-pâte, mais bien en véritable acier, en marbre, et tous les épisodes de cette nouvelle saga nous entraînent aux confins d’un monde mystique et merveilleux à la fois, que les chevaliers dégainent leur épée avec force et honneur (« Stand my Ground »), ou qu’ils chargent sur leur monture pour venir à bout d’un ennemi condamné à être terrassé (« Eye of the Storm », mix entre PRETTY MAIDS et IRON SAVIOR). Aucune limite admise par les musiciens donc, si ce n’est celle d’une qualité toujours constante, et il est sidérant de constater qu’avec déjà quatre albums sous le coude, le quatuor est encore capable d’avancer sans puiser dans ses réserves.
Certes, quelques moments évoquent des facilités de pilotage automatique purement 80’s (« Break the Limit »), mais globalement, ce cinquième tome des aventures de MEAN STREAK fait partie des plus grands achèvements d’un Heavy Metal qui n’a de cesse de prouver qu’il est toujours bien vivant. Des suédois qui jouent comme des allemands qui se prennent pour des suédois, voilà qui n’est pas banal, mais qui ose le meilleur des deux mondes en évitant les clichés les plus prononcés des deux peuples.
Titres de l’album:
01. Last Nail in the Coffin
02. From the Cradle to Grave
03. Heavy Metal Rampage
04. Sacred Ground
05. Dying Day
06. Judas Falling
07. 1000 Years
08. Stand my Ground
09. Eye of the Storm
10. Break the Limit
11. Pandemonium
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