7WEEKS, c’est le groupe avec lequel je n’ai manqué aucun rendez-vous. De sa première démo en 2006 jusqu’à What’s Next, j’ai suivi toutes les étapes de son évolution, avec passion, sincérité, et un amour pour cette versatilité qui ne renie aucunement les bases. A l’époque, aux alentours de 2004/2006, on parlait de Stoner, de Heavy Rock poussiéreux et barbu, et puis, vers 2011, 7WEEKS nous a joué un bien joli tour en offrant au classique Dead of Night de Bob Clark une BO digne de ce nom, préférant les ambiances, les humeurs et la tension, plutôt que l’ascétisme et le Rock basique de bar-band.
Depuis, chaque disque s’est voulu différent. Chaque étape a été négociée avec la même franchise, accueillie avec la même ferveur, et le groupe est devenu une machine de guerre live, négociant les festivals comme les représentations intimes dans de petites salles, pour conforter cette impression de proximité que la fanbase entretient avec le trio. En 2023, 7WEEKS n’a rien changé à sa formule, puisqu’elle n’est pas si compliquée que ça. Jouer la musique que l’on ressent, sans se préoccuper des modes et des courants, et satisfaire son public par des mélodies amères et des coups de sang Heavy.
Et Fade Into Blurred Lines vient enrichir une discographie déjà fouillée et impeccable, en lâchant neuf morceaux de durées variées, mais de passion incontestable.
La splendide sculpture imaginée par Gilles Estines, vieux compagnon de route, que l’on retrouve dans le clip de « Gorgo », rendue mécaniquement vivante par Loïc Delage, en dit plus long qu’il n’y parait sur son contenu. Cette sculpture qui rappelle évidemment le Don Quichotte de Miguel de Cervantes trône au milieu d’un désert, uniquement dérangée par le nom du groupe, qui survole la ligne d’horizon. Est-ce à dire que les 7WEEKS comptent défier les moulins à vent dans une attitude désespérée pour donner un sens à l’absurdité de la vie ? Non, voyez-les plus volontiers comme des chevaliers métalliques acquis à la cause d’un Rock solide, puissant et sensible, qui partent en croisade contre la musique préfabriquée, battant des ailes comme une pauvre tourterelle en cage.
Enregistré totalement live et produit par Pascal Mondaz, Fade Into Blurred Lines est selon la courte bio promotionnelle fournie l’album le plus personnel du groupe. Je me porte en faux quant à cette théorie, puisque tous les albums du groupe sont des albums personnels. Jamais le trio composé de Julien Bernard (Chant, Basse),
Jeremy Cantin-Gaucher (Batterie) et Gérald Gimenez (Guitares) n’a tenté de se faire passer pour ce qu’il n’était pas, et Fade Into Blurred Lines ne fait aucunement exception à la règle. Même si son approche abrasive et son rendu naturel en font une œuvre brute, touchante, narrant le quotidien de personnages perdus, au regard absent, abimés par une vie d’épreuves incessantes.
Mais les 7WEEKS sont aussi des voyageurs à la peau burinée par le soleil. En ayant traversé des déserts, des forêts, des cimetières, le groupe a acquis en maturité ce qu’il a perdu en naïveté, et si ce nouveau disque n’est donc pas le plus personnel de sa discographie, il fait partie des plus variés, puisque Julien et les siens passent par de nombreuses émotions. Post-Grunge, Blues progressif, Boogie endiablé, Heavy Rock digne d’un Lemmy bouddhiste, tout y passe, et ce qui marque le plus, est la qualité de ces chansons, qui résonnent comme autant de hits possibles d’un marché plus capricieux qu’il ne le devrait. Les refrains taillés pour le live, les effets, la distorsion grasse, le chant de plus en plus maîtrisé de Julien, l’osmose basse/batterie, les fantaisies de Gérald, tout s’imbrique avec une logique que seul le live en studio peut offrir, et le voyage est une fois de plus passionnant, vibrant, et osons-le dire, humain.
Humain, c’est le terme qui s’applique dans le cas de nos 7WEEKS chéris. Capables de passer d’un ternaire ébouriffé et chauffé à blanc (« Wax Doll »), à une ballade amère et nostalgique qui sent bon le feu de bois et les souvenirs jaunis (« Mute »), le trio se laisse aller à ses émotions, et joue avec le cœur.
Le son, brut, ne manque toutefois pas de précision. Cette précision s’avère très utile au moment de restituer les compositions les plus ambitieuses, dont « Windmills » fait incontestablement partie. Autre clin d’œil à ce cher Don Quichotte et son fidèle Sancho Panza, ce morceau épique et plus long de l’album, à des airs de quête impossible, de but inconnu à atteindre, comme si le temps passait trop vite et qu’il convenait de se trouver les bons objectifs avant qu’il ne soit trop tard.
Mais bizarrement, c’est la chanson la plus atypique qui résume le mieux ce projet. « Travellers », délicate et acoustique ressemble à ces retrouvailles après un long trip dans les montagnes, à la recherche de réponses intérieures. On savoure la douceur de ces doigts qui heurtent les cordes classiques, on déguste ce chant tamisé et ces arrangements distillés, et on se mélange aux convives pour partager un moment de communion, sans aucune prétention.
Alors, certes, « Gorgo » explose tout en intro. « Up The Pressure » fait monter la pression et affole les tensiomètres. « Blackhole Your Heart » rend hommage à la culture Sub-Pop, mais ne vous amusez pas à décomposer un disque qui est sorti d’un trait. Le voyage n’est pas balisé, si ce n’est par ces mélodies travaillées et de plus en plus convaincantes, et vous seul pouvez savoir à quel moment vous arrêter pour ne pas perdre votre identité.
7WEEKS assume la sienne depuis ses débuts. Et d’ailleurs, vous noterez que leur passeport est flanqué du tampon « citoyens du monde ».
Titres de l’album:
01. Gorgo
02. Up The Pressure
03. Shimmering Blue
04. Blackhole Your Heart
05. Castaway
06. Wax Doll
07. Mute
08. Windmills
09. Travellers
J'imagine que ça va fonctionner. Tournée dans les grands festivals assurée.
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