Falha Crítica

Surra

05/07/2024

Autoproduction

Voilà exactement ce qu’il me fallait. Un bon coup de pied au cul. A force de se regarder le nombril en se plaignant de futilités sans aucune importance, on a tendance à verser dans l’auto commisération, et à chouiner pour pas grand-chose. Dans ce cas-là, on se recentre, on fait appel à un coup de boost extérieur, et on continue d’avancer, malgré l’adversité. Et ce boost là est brésilien en l’occurrence, et en format trio.

SURRA est un trio de Santos qui a déjà un sacré background. Deux albums, une myriade de formats courts et de prises en concert, largement de quoi vous faire les dents sur une discographie aussi riche qu’enthousiaste. En à peine plus d’une décennie, les trois lascars se sont établis comme la référence absolue du Crossover sud-américain, celui qui racle aussi bien que le nord-américain, et qui est aussi fun que violent musicalement. Parfois à la limite d’un Thrashcore tenace, Falha Crítica est un défouloir magnifique pour âmes tourmentées et autres esprits chagrinés.

Mais ne vous laissez pas abuser par cette superbe pochette aux tons très années 80. Si les joyeux (Guilherme Elias - basse/chant, Victor Miranda - batterie et Leeo Mesquita - guitare/chant) donnent le sentiment d’être des dilettantes passant leur temps à jouer aux bornes d’arcade, ils n’en ont pas moins travaillé leur musique pour qu’elle soit compétitive sur le marché ? Lequel ? Celui de la brutalité euphorique et totalement géniale, entre S.O.D., RATOS DE PORAO et ENFORCED, soit la quintessence de la vitalité instrumentale sublimée par un duo de voix très habiles et très MADBALL.

On reconnaît bien là la patte brésilienne. La révolte, le professionnalisme, et l’attachement à des valeurs séculaires, le tout emballé comme un gros paquet de Noël. Redoutablement bien produit, composé avec la tête mais joué avec les tripes, ce troisième album est un modèle du genre, de ceux qu’on écoute dix fois d’affilée pour ne pas avoir à ingurgiter un ou deux anxiolytiques.

Thérapie artistique imparable, Falha Crítica passe en revue tous les critères inhérents au Thrash joué Punk et Hardcore. Les riffs assassins, la rythmique de diablotins, les accélérations infernales et les envolées fatales, en hommage à ce mouvement né à la fin des années 70 et transcendé de Metal au milieu des années 80. Rarement l’équilibre entre les ingrédients aura été si juste. Si le son en appelle au Metal le plus incorruptible, l’attitude résulte d’une anarchie organisée que le Brésil a bien connue il y a quatre décades.

Musiciens habiles, compositeurs faciles, les SURRA gagnent à être (re)connus. Machine de guerre live, le groupe a réussi à retranscrire sa folie douce en studio, en agençant ses efforts et en variant son propos. Ainsi, la lourdeur de « Liberdade Eliminando o Mundo » contraste avec la vélocité de « Calma, Caralho », exercice de style pur Hardcore emballé par la batterie affolée de Victor Miranda. Il y en a donc pour tous les goûts, pour tous les caractères, et les quelques blasts qui enflamment le tout tiennent plus de la colère Hardcore que de la folie Grind, même si les trois pingouins feraient de très honorables furieux.

Avec quelques titres passant la barre des trois minutes, et tous les autres restant sagement en dessous, Falha Crítica (défaillance critique pour les français) est une virée dans les méandres d’une existence difficile, soumise à l’hypocrisie des politiques, à l’avidité des patrons, et à la subjectivité des journalistes, comme le souligne avec beaucoup de puissance « Nunca Foi Tão Justo », concentré de rage à faire passer AGNOSTIC FRONT pour un groupe de Shoegaze contemplatif.

Hystérique mais cohérent, diabolique mais prenant, concerné mais enthousiasmé, ce troisième né est sans conteste le haut fait d’une jeune carrière, et une véritable réussite qui honore le statut critique du troisième album. On ne peut pas résister à ces assauts en règle, à ces couplets abrasifs qui nous coupent les tifs (« Um de Life »), à ces interludes aussi ludiques que catchy (« 200gr de PMA », plus sexy que ce riff, c’est Mike Muir avec un bandana comme cache-sexe), et à cette démence qui se concrétise en une poignée de secondes terrifiantes (« Imperativo » du NAPALM DEATH lusophone qui rend aphone).

M.O.D, CRYPTIC SLAUGHTER bien coiffé, DEATHBOUND moins grognon, et la scène Crust suédoise réchauffée, SURRA est un petit miracle dans ce paysage musical si prévisible et tristounet. Les trois brésiliens ne ratent pas le coche et passent à un niveau supérieur. Celui réservé à ceux qui maitrisent totalement les vocables Thrash, Punk et Hardcore, et qui ne crachent pas sur un brin de Death et de D-Beat à l’occasion.  

Voilà exactement ce qu’il me fallait. Un bon coup de pied au cul. Maintenant, laissez les SURRA vous botter le vôtre. Et réveillez-vous avant qu’il ne soit trop tard.    


Titres de l’album :

01. Operação Morre e Cala a Boca   

02. Murro em Ponta de Faca

03. Plano Infalível

04. Amanhã eu Faço 

05. Calma, Caralho    

06. Liberdade Eliminando o Mundo

07. Nunca Foi Tão Justo

08. Um de Life

09. 200gr de PMA    

10. Imperativo           

11. É Proibido Ser Pobre

12. Viral

13. Estado Terminal

14. Serviu de Aprendizado


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 08/09/2024 à 17:23
85 %    144

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Galette-saucisse is krieg
@90.59.132.11
11/09/2024, 20:54:46

Je confirme : un putain d'album pour un putain de groupe !!

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